ON A TOUJOURS RAISON DE S’INDIGNER

Sartre disait qu’on a toujours raison de se révolter, et il avait raison; mais on a encore plus raison de s’indigner, car l’indignation est une révolte pacifique et unanime. Rien n’est plus légitime, plus massif et donc plus puissant que l’indignation.

Regardez le mouvement mondial des indignés, qui a tout notre soutien : voilà des gens qui se rassemblent pour s’assoir ou camper sur les places des villes, sans arme, sans parti, sans leader, avec seulement une question : « accepterons-nous encore longtemps que 99% subissent toutes les peines du monde pendant qu’1% jouit de tous les pouvoirs, de tous les profits, et au fond, de toutes les existences qu’il pressure ou qu’il détruit ? »

Les indignés posent un énorme problème à tous les dirigeants du monde, parce que tout le monde sait, même ceux qui ont un intérêt direct ou indirect à lutter contre eux, tout le monde sent bien qu’ils ont raison, de réclamer le pain, le toit, l’emploi pour tous, une démocratie sans corruption, une taxation humanitaire des flux de capitaux, ou des avancées écologiques. A-t-on vu quelque part un mouvement se dessiner en faveur du chômage, ou de la pollution ? A-t-on manifesté quelque part en faveur de l’augmentation des profits des multinationales? A-t-on vu quelque part des clients exiger que leurs vêtements proviennent du travail d’enfants hyper exploités du tiers-monde ? A-t-on  vu quiconque manifester en faveur de la fermeture lucrative d’une usine rentable ? A-t-on vu des salariés réclamer leur propre licenciement ?

Notre société est tellement malade que le simple bon sens est automatiquement classé à l’extrême gauche. Mais cela ne l’empêche pas d’être du bon sens. Et le bon sens, comme disait Descartes, est la chose du monde la mieux partagée.

On a toujours raison de s’indigner, parce que l’indignation est la voix de la raison.

44 thoughts on “ON A TOUJOURS RAISON DE S’INDIGNER

  1. Bien entendu il est sain d’être indigné et le bon sens nous y conduit. Mais qui s’indigne? Ce que j’ai vu d’un tel rassemblement sur une grande place publique, (place de la libération rebaptisée place de l’indignation) m’a fait pensé à un mini essaim d’insectes sans fleurs à butiner. Serré en son sein le rassemblement s’affichait plus qu’il ne s’exposait.
    Pas facile de rentrer dedans.
    Pourquoi afficher son indignation? Le rassemblement prenait- il un risque à se poser à l’extérieur?
    Etait-ce puissant?
    L’indignation ne se vit-elle pas dans une façon d’être à la vie? N’est-ce pas plus puissant?

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  2. je pense à Gandhi et à son mouvement de réappropriation et de moralisme de l’éco-politique, pourquoi pas à mandela et à son pragmatisme de réconciliation, à d’autres comme Wangari Maathai , bref une longue lignée de gens qui s’indignent et suffisamment fort pour rester serein et affirmer par leur attitude le chemin qu’il faut suivre,
    les allumés eux peuvent bien s’agiter eux, ou guerroyer, faire du bruit, ils ne laissent que la trace de la désolation…

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  3. Ah! voilà qui m’éclaire,effectivement ça ne s’exclue pas et même c’est bien que ça existe sous cette forme et sous d’autres aussi. Finalement c’est bien ce qui m’inspirent toutes ces différentes formes.

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  4. S’indigner ne suffira jamais, se rassembler, faire un sitting, discuter, certes c’est déjà beaucoup mais pas nécessairement encore un mouvement, une force…On a parlé, un peu? beaucoup? énormément? Il est temps de se mettre debout, de ne plus se contenter d’être un peu tolérés là où bon nombre auront été assignés. Il faut rejoindre la guerre sociale, les grévistes d’ici ou là, le mouvement des squatt’s, celui de ceux qui ne veulent plus s’aligner en petits pions dans ces dessins politiques imaginés par d’autres…Nous allons peut-être vers un joli printemps partout. Apprenons vite comment nous y prendre…

    Virons-les tous!

    Steph.

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    1. Attention: la force, c’est le nombre, le bon sens, et le caractère pacifique…dans le monde entier!
      Il faut entendre le conseil de Naomi Klein aux indignés américains: asseyez-vous et ne bougez plus!
      Ils partiront d’eux-même si nous tenons bon.

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  5. Les revendications me semblent tellement évidentes, de la simple politesse sociale presque, ca ne devrait même pas se demander…en fait j’ai du mal à croire qu’on puisse être en désaccord sur le fond! Et pourtant, “y’en a qui”.

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  6. Tout le monde sait et le débat médiatique vient nous offrir de ne pas avoir à l’admettre. Quelques économistes viennent réciter le credo économiste, quasiment en boucle. Des politiques prennent un air responsable pour en appeler à notre sens des responsabilités et nous faire nous assoir sur notre bon sens. Personne n’ose affirmer son désaccord: il n’y a pas le choix, c’est la faute du peuple qui ne travaille plus assez, qui en veut trop… Comme pour les femmes battues, c’est forcément parce qu’elles l’ont cherché qu’elles ont obligé leur agneau de conjoint à se faire violence en leur cassant la gueule.
    Ah le réalisme de façade, cet arme de la réaction. Il tient encore, pourtant nous ne sommes plus dans des cavernes. Courage. De toute façon, nous n’avons rien d’autre.

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    1. Si!
      le nombre!
      il ne faut jamais oublier de se compter:
      nous sommes bien cent fois plus nombreux que ceux qui nous posent problème.
      Posons la question brutalement: Combien de salariés, combien de grands patrons?
      Allons plus loin, jusqu’au bout du monde: combien d’hommes, combien d’agences de notation?

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  7. J’apprécie la teneur de ce billet qui met face a face deux postures: être indigné, et se révolter.

    De la passivité et de l’action, je me permets donc ce qui suis:

    les révoltes de nos jours sont comme beaucoup de services, dématérialisés. Encore plus aujourd’hui qu’avant, il s’agit de savoir ou porter ces actions, trouver ces leviers permettant d éviter l immobilisme autour du système et des acteurs, et la et la, je dois ben dire que je ne suis pas convaincu qu’être assis pour dire ” “suffisent.

    Derrière la finance, les revendications diverses, se cache le monstre pernicieux qui les a enfanté: la société de l’ultra-consommation dont nous sommes plus ou moins les coupables et les victimes.

    Je me pose en outre la principale question si tout est équilibré et juste: et notre vision de la réussite dans ce monde d’indignés?

    Enfin je dis ca, je fais partie des 5% de la population qui ont eu la “chance” de suivre des hautes études et autres amalgames, et je ne sais pas qui je représente. je pense que les élites sont aussi très utiles dans toutes les démocraties, sauf cas particulier très dommageable. a toute généralité, ses exceptions.

    Et la je reviens sur une de vos réponses: la force est dans le nombre… ca m’attriste un peu, car on est bien loin d’éviter dans ce cas un réflexe pavlovien de masse pour aller dans ces murs. remarquez, c’est peut-être ce qui est recherché. ce que je vois c’est que dans les élections actuelles, ces mauvaises campagnes marketing, on travaille plus sur le ressentiment et la défense des acquis passés que sur ce futur, dont on se plaint actuellement dans notre présent, et qu’on laissera aux futurs.

    Identification – Développement – Action(s). Je me sens cartésien tiens.

    Henri Moufettal
    http://stotb.blogspot.com

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    1. Je pensais
      tout simplement à la grêve:
      la voix de ceux qui n’en ont pas s’entend
      lorsque s’arrête tout ce qu’ils font, chaque jour, en silence.
      Le nombre compte, alors,comme un lourd poids d’impossible. Leur vie quotidienne,
      impossible, devient alors, pour un court moment celle de tous. Et il n’y a rien de moins pavlovien
      qu’une grêve, je vous assure. Un tel veut reprendre, on discute, on court. Jamais on a autant travaillé. En atttendant les représailles…

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      1. Je vous expose mon point de vue a la vue de ce billet, après c’est sur de manière un peu directe vu que cela passe par les ondes internetiennes. Oui, je reconnais bien avec vous une problématique principale: comment dans ce monde pouvons-nous avoir une voix? auquel je rajouterai, quel voix avoir?

        ce que je vois c’est qu’on cible, dans beaucoup de gréves, le mauvais acteur: l’état dont on attend tout, alors que ce dernier, je vois pas beaucoup quoi de plus il peut faire, alors que d’autres … Donc si j’ai un point a faire, dans ces gréves et indignados sit-up, on se trompe peut-être de cible.

        Et je réfléchis encore aux questions que je, “me”, pose sur la démocratie d’aujourd’hui. Les idéaux de chacun sont tellement différent que l’on s’en va de tout sens. donc quid de la réussite dans ce modèle? peut-être moins quantitative, plus qualitative et la société au complet, comment elle réussit au dela de ces individualismes?

        quid de la culture de la réussite? et ce, au delà de la simple jalousie (0) de chacun qui nous pousse chaque jour pour sortir de sa bulle et pour construire ce futur qui nous tend les bras.

        Bref, a suivre. La, le soleil est de sortie et les livres sortent de leurs cocons, je vous souhaite une bonne journée.

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        1. La démocratie est le seul système
          qui permette le débat pacifique entre partisans d’idéaux différents.
          C’est pourquoi elle peut être souhaitée, obtenue et défendue par tous,
          d’autant plus fermement qu’elle permet plus que le débat: la décision effective,
          à la majorité ou plus (on peut aussi songer à la majorité qualifiée, ou à l’unanimité)

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  8. « Il faudrait essayer d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple. » Cette citation de Jacques Prévert ne nous sauvera pas de la morosité de ce nuage d’un jour, grève, manifestation, austérité, récession, répression, note dégradée, plainte, rébellion… mais elle nous rappelle la nécessité d’apprécier les petits bonheurs de la vie. Pour beaucoup, l’existence a le goût amer du désespoir. La réalité des factures, la cherté de la vie, la survie dans un travail alimentaire… alimentent le questionnement sur l’utilité de se lever le matin. A quoi bon! si l’on ne voit pas le bout des fins de mois difficiles. Doù l’importance de parier sur le don, ne serait-ce que celui d’un sourire. Après, les mauvaises nouvelles tournant en boucle dans les médias s’abattent comme un véritable fléau de façon redoutable, voir nuisible. Affranchissez vous! Eteignez vos postes de télévisions! Aimez la poésie! Ouvrez des livres! Sortez! Vivez! Maintenant, car demain il sera trop tard. Si cela peut ouvrir le ciel étoilé de l’univers, c’est gagné! « Within the sound of silence. »

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    1. Je confesse, sans honte, une naïveté volontaire:
      le mouvement des indignés est le premier depuis longtemps à me rendre l’espoir.
      Ne réussirait-il rien d’autre, il est déjà utile,
      car l’espoir est en nous l’énergie d’inventer demain
      qui nous a trop longtemps manqué
      les trois dernières décennies.

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  9. @lucien57, La France est un pays riche, qui dispose d’atouts géopolitique indéniables, une puissance militaire, énergétique… une influence diplomatique… de grandes entreprises mondiales(Total, Axa, Crédit Agricole, Carrefour, BNP Paribas, Peugeot, Société Générale, EDF, France Telecom, Suez, Renault…). La diversification de l’économie française dans des secteurs clés tel que le pétrôle, la banque, les assurances, le commerce de détail, l’automobile, l’énergie, les télécommunications… résiste mieux et offre encore de la crédibilité pour beaucoup d’investisseurs.

    La puissance de l’Etat providence épargnent aux français beaucoup de souffrances. Les prestations sociales, les pensions, le traitement des fonctionnaires…permettent un niveau de consommation permettant à de nombreux commerçants et d’artisans de maintenir leurs activités.

    Les pays où le mouvement des indignés agite l’opinion sont des pays anglo-saxons dont le système libéral ne protège pas les populations; des pays où il n’y a pas de diversification économique ou alors une économie sous perfusion (subventions européennes).

    De plus, les médias divertissent l’opinion avec des actualités anodines (Bettencourt, DSK, Karachi, primaire socialiste…) ce qui dilue l’indignation a une politisation présentée comme marginale.

    La jeunesse universitaire française ne semble s’indignée que pour des intérêts corporatistes. Vu les manifestations estudiantines de l’année dernière, la défense des retraites mobilisent plus que l’envie de changer la société ou de dénoncer les crimes de la finance mondiale envers les peuples.

    Rajouter là dessus, une bonne dose d’indifférence, d’individualisme… une consommation astronomique de tranquilisants… un nombrilisme forcené… les grandes surfaces pleines…

    “A hangry man is a hungry man” BOB MARLEY soit un homme en colère est un homme affamé.

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  10. Bonsoir,

    Oui, pour conclure, je comprends bien votre idéalisme de la démocratie, j’y adhère dans l’idée. dans la réalité, je ne suis pas forcement heureux de celle que l’on nous expose de nos jours, débats et autres devraient plus nous former a l’école.

    Il y a débat et discussion pas forcement utile pour tous, et la frontière est mince. Le constructivisme dans les débats est un des bons apprentissages de la philosophie seconde moitie du 20 eme siècle.

    Ma phrase préférée: les utopies d’aujourd’hui seront les réalités de demain, elles ne sont pas les réalités d’aujourd’hui et je vois qu’une certaine idée de la démocratie agit comme un ABS qui en plus nous fait tourner en rond et cet immobilisme m’attriste, mais pas pour les mêmes raisons que d’autres.

    Pour cela que je vous dis que dans ces mouvements, il me parait insensé de prendre juste le gouvernement pour coupable principal. Il fait ce qu’il peut, et les autres acteurs courent a cote, loin de toutes craintes. oui, c’est un bon intermédiaire, mais avec 5 ans au compteur, forcement les actions sont limitées.

    Apres, l’égoïsme des classes dirigeantes (d’ailleurs il ne faut pas se cacher, on serait tous égoïste a un point donné) a tué cette belle idée qu’est le communisme, et la l histoire parle. L’individualisme aura, je le désespère, souvent le dernier mot.

    Voila, promis je m’arrête la , et je vous souhaite une bonne soirée.

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  11. je pense que même s’ils perdent, ceux qui s'”indignent” et disent par leur “posture” ce que le monde est , en opposition à ceux qui en font un enfer, dans lequel nous devons vivre, ceux la remettent l’existence au centre, même sans rien faire, à simplement réactiver l’énergie de la vie parce que ce qui ne va pas droit ou rond doit se remettre en accord, ils peuvent perdre, mais leur attitude aura contribué à ce que le monde existe .
    même si en face les efforts pour le détruire sont puissants et incessants
    Les sociétés traditionnelles ont toutes ce pouvoir là , remettre les choses et les forces, les humains dans le bon sens, nous, notre simple humanité lorsqu’elle se dépouille y pourvoit
    , faire des étude ne sert qu’à servir le pouvoir en place, à maintenir le système,
    au contraire reconnaitre la vie pour ce qu’elle est est la richesse du pauvre, base de beaucoup de mystiques.
    (le post suivant m’inspire ce commentaire)
    ps , je sais de quoi je parle parce que j’étais présent dans une des plus grande opposition au système, je côtoyais et aidais les humains dénués et comprendre pourquoi cette situation les acculait à la destruction ne m’aidait, n’aidait en rien ; sacrée leçon.

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  12. Notre société a laissé tant de gens à la traîne, chez nous et ailleurs. C’est un rééquilibrage violent qui nous fait face. Depuis toujours, les patrons ont négligé le fait que pour qu’il y ait des ventes, il faut des acheteurs! Les chinois sont les premiers à s’en inquiéter. Quand au nombre, hum, Gandhi, c’est une chose, les indignés…Mais je ne peux m’empêcher de voir les défilés massifs des nazi et autres. Voulant être optimiste, je me dis que nous allons trinquer, mais qu’une autre démocratie plus démocrate et plus mondiale va sortir de tout cela. J’espère seulement que l’on évitera la case, retour du nationalisme et de ses violences. Ils sont là, ils attendent, le sourire au lèvre. Je n’arrive toujours pas à comprendre ce qu’ils trouvent de beau et de bien dans leur sinistre idéologie. Il va faire une belle journée, je retourne à mes pinceaux et je vais avec eux cueillir les feuilles d’automne. Profitez de ce jour!

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