Le seuil est le plus rassurant des bords, car il distingue un dedans et un dehors. C’est une ligne qu’on imagine à l’embrasure, à cet endroit où la paroi, la limite réelle fait défaut, pour ménager le passage. Comme toutes les trajectoires passent par le seuil, il me laisse tous les choix. Je puis entrer, sortir, changer d’avis. Tout est possible, sensé et réversible. Le seuil me tend le bonheur de la marmotte : à moitié dans sa maison, et le reste au dehors. Un être sympathique et craintif, aussi social que casanier. Mais hélas peu imitable par l’homme.
Extrait de « le bord de la solitude », conférence de 2009, en ligne le site des « Conserveries Mémorielles »