Dans le réel, c’est Spinoza qui a raison: toute détermination est une négation. Toute définition est comme un trait faisant le tour de la chose. Limite. Frontière. Une chose n’apparaît jamais que sur un fond dont elle s’isole, un reste qu’on nie, un infini premier dont on la détache.
Mais dans le rien, c’est l’inverse: toute négation est une détermination. Car il faut un mot pour nier, et ce mot donne sa couleur, sa saveur, en un mot un certain ton au rien. En effet, la négation est toujours l’absence de ce que l’on s’attendait à trouver. C’est pourquoi toute négation nous renseigne sur l’ordre des possibles dans l’objet qui la subit.
Mieux encore: toute négation est un récit. Car l’ordre des possibles usuels qu’elle suppose s’est vu perturbé par un événement qui demeure à expliquer, comme un rien déterminé qui se produit contre toute attente. Ainsi n’est-il point d’attente sans l’imagination de quelque arrivée. Mais alors le rien est tout plein de ce qui n’est pas encore là. Tout est couleur d’attente.
Toute négation possède son énergie, sûrement
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Que chaque énergie soit propre à telle chose voila qui serait
impensable, peut-être, mais bigrement suggestif…
Allez-donc dire tout cela…
Un beau defi,
non?
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Bon jour,
Je reste un rien dubitatif. Je préfère le vide, qui lui est en attente de quelque chose. Le rien, n’a pas d’existence « légale », une simple virgule entre le vide et le néant. Il est vrai que je ne suis pas philosophe, simple réflexion. Le seul modèle du rien que j’ai en tête est l’apologie du Rien de Devos.
Max-Louis
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Alors, tout est dans la virgule…
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Le défi est-il le sommet de la témérité ?
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ou la base de la dignité?
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c’est aussi le mot que dit le tout petit enfant dans son premier moyen d’expression.
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Je me souviens que pour Jankélévitch, la négation de la négation n’est pas la simple affirmation. Cette approche avait choqué le mathématicien de formation que je suis pour qui moins par moins égale plus, mais sa démonstration était imparable.
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Vous souvenez vous de l’endroit où il en parle?
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Pas vraiment, j’ai lu Jankélévitch au début des années 1980 !
Il me sembler que c’est dans “Le je ne sais quoi et le presque rien”, mais je vais vérifier.
Bon dimanche en philosophie et en poésie (et en musique).
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Merci, je vais chercher aussi…
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Bonjour, j’ai retrouvé, c’est dans le tome II du “Je ne sais quoi…”, chapitre II “Ambiguïté de l’apparence”, fin du sous-chapitre 9 “Renversement du renversement”.
“Mais on peut se demander si deux négations successives, la seconde niant la première et venant après elle, restaurent réellement l’affirmation initiale, c’est à dire le statu quo ante. La résultante de la double négation est plutôt une affirmation nouvelle qui se ressent … de son voyage au pays de la négation…”
Du coup, après cette relecture, j’ai au moins deux nouveaux billets à écrire sur Jankélévitch et la musique (dont un spécifiquement sur Jankélévitch et FAURÉ).
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Merci, je les lirai.
Je crois que la négation verbale
est autrement plus complexe que celle de la logique.
Je ne sais pas s’il y a des négations dans le réel,
mais elles seraient sans doute plus complexe encore…
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