Prenez une côte turque déchiquetée à souhait, les petits cubes blanchis d’une colonie grecque, comme ces îles que l’on pressent au loin dans la brume et la mer alanguie ; Comment dire en un mot tout cela ? unité souterraine, souveraine de toutes ces choses écrasées de lumière ?
Il faudrait déceler comme un fluide qui relierait toutes les choses, qui aurait avec chacune comme un bord commun, une chose immense et si plastique qu’elle ferait tout doucement le tour de chaque chose. Cette chose existe et partout on la voit sans la voir : c’est l’air, la découverte d’Anaximène.
La plasticité a-t-elle été entrevue six siècles avant notre ère ? Anaximène a-t-il aperçu dans l’air le plus immense, le plus souple, le plus mobile et polymorphe des objets plastiques ? A-t-il pensé l’air comme la plasticité du monde ?
C’est peut-être abuser de la métaphore ou de la correspondance, mais cette plasticité de l’air, qui en effet se laisse si vivement deviner dans l’Egée entre les bords, la mer et le ciel, m’évoque cette “épaisseur du social” dont les sciences humaines traquent la fuyante teneur. Quelque chose qu’on ne voit pas…
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Cela me semble très juste: nous baignons dans l’un comme dans l’autre, sans songer à le mesurer
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on voit rarement ce qui est juste sous notre nez… à moins d’accepter de faire trois pas en arrière…
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