Je m’empare de ce jeu de mot pour vous poser une question, indécidable peut-être, ou alors salutaire. La lucidité passe souvent pour la saisie soudaine d’un monde plus réel et plus noir. Ce serait une passion triste.
Et si au contraire la lucidité ouvrait un espace pour le jeu ? Veut-elle que tout soit vrai, ou permet-elle de jouer avec le vrai, de multiplier les rôles, de déjouer le vrai ?
Cette question a été suscitée par deux passages de Placement libre d’Ella Balaert :
« Bien sûr tu n’as pas volé ton travail, tu as préparé tes diplômes par correspondance le soir quand ton fils dormait et tu as réussi tes examens haut la main, mais tout de même, ne pas s’apercevoir que cette notaire assistante en jupe droite et chemisier de soie n’a rien à faire ici ! Ou tu joues très bien ou les autres sont aveugles.
Tu ouvres la fenêtre du salon. Tu aères ton appartement.
Tu n’as pas lieu d’être. Mais tu joues très bien.
Alors continue. »
« Tu joues, c’est un jeu, il y a du jeu en toi, il y a du jour entre toi et la réalité qui t’entoure, il y a une petite marge, les morceaux ne s’emboitent pas exactement, il y a toujours cet infime décalage, ce petit espace où t’installer pour voir et regarder, les autres, ou toi-même, spectatrice de ton propre rôle. »
Le je augmenté d’un dièse. JeU. L’intervalle, la troisième dimension de la petite musique d’une vie sans épaisseur. “La vie rêvée des anges”
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La vie sociale est un jeu de rôles permanent. Parfois il faut jouer le jeu parfois pas, c’est selon comment on le sent.
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