RIEN EXCLURE 3 : Chacun a-t-il raison ?

Chacun le sent confusément dans chaque discussion : il y a bien quelque chose qui donne raison à l’autre. Et pourtant, quelque chose me donne aussi raison. Ainsi chacun des deux, bien sûr, a toujours raison. Comment faire, à partir de là ?

Il suffit au fond de savoir pour quoi l’on discute. Il suffit de comprendre que la question qui se pose n’est jamais « qui a raison ? », mais toujours « comment faire pour penser que nous avons raison tous les deux ? » Du même coup, la question devient « comment pouvons-nous nous entendre ? et, très vite, « que pourrions nous faire ensemble ? »

Toute discussion est politique, au meilleur sens du terme, car elle va du pluralisme de la raison à l’unité de l’action.

15 thoughts on “RIEN EXCLURE 3 : Chacun a-t-il raison ?

  1. Il est tout aussi important de s’élever à hauteur de la pensée émise par l’interlocuteur que des objections que l’on peut lui instiguer. Discuter d’une idée, ce n’est pas s’enchevêtrer dans le débat de contradiction, mais plutôt dans celui d’une vue monolithique de la conversation.

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  2. Je vais encore semer la confusion entre savoir écouter et savoir entendre. Il est inutile d’écouter si on ne sait pas entendre et m’est d’avis qu’il y a seulement celle ou celui qui sait entendre qui lâche le morceau avec une certaine lassitude. Rien ne sert de répéter ce qu’on a écouté si on a pas entendu. Et cela est d’autant plus frappant lorsqu’on écrit…

    Pourtant, celui qui entend aura plus de facilités à démolir l’autre lors d’une dispute, mais n’utilisera pas ses munitions, car il sait le mal qu’il peut faire… à l’autre écoutant et encore plus à soi-même.

    Entendre fait appel à l’empathie. Écouter est simplement un exercice auditif.
    Gene

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  3. Une belle prose .. et après on fait quoi ?
    “Il suffit au fond de savoir pour quoi l’on discute” pour reprendre vos termes, et de savoir ce que l’on veut faire . Le fond est infini

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  4. mais la ludique… (celle de Jean-Yves Girard) essaie justement de mettre cela en oeuvre d’une manière formelle: une preuve, par exemple est toujours le résultat d’un processus où se confrontent deux tentatives, il n’y a pas de preuve sans essai de construire une contre-preuve!

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    1. Désolé pour le retard de cette réponse, mais j’ai reconsidéré le cas Girard,
      que l’on m’avait signalé après mon premier livre sur la ludique.
      Comme vous l’aurez compris, nos ludiques ont certyains points communs,
      mais demeurent profondément différentes dans leur domaine,
      comme dans leur genre d’écriture.
      L’esprit du jeu nous anime sans doute l’un comme l’autre,
      disons un certain souci d’un assouplissement de la raison.
      Mais je crois sage de dire que Girard est profondément logicien:
      il part des postulats de la logique et se demande duquel on peut se passer.
      L’objectif lui-même est interne à la logique, s’il s’agit d’en unifier les deux versants.
      Pour ma part, je prend “jeu” en un sens beaucoup plus vaste, et forcément plus flou.
      Ma ludique se demande comment faire correspondre des jeux de langage à des jeux du réel.
      Dans ce cadre, la rigueur ne consiste pas à rendre les mots univoques,
      mais jouer de leur polysémie, pour les faire coller autant que possible aux mutations réelles.
      Je tiens compte à la lois du réel et des mots, mais sans rien supposer quant à leur nature.
      Autrement dit, ma ludique est une ontologie non standard, celle de Girard me semble une logique non standard.
      Qu’en pensez-vous? merci en tout cas, pour cette occasion de préciser ces différences.

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