Le virtuel peut-il sauver l’existence? __ (Plans d’existence 3)

Dans nos vies, au fond, il y a aussi peu d’intimité que de partage, aussi peu de présence que d’immortalité. L’ensemble fait que dans nos vies, au fond, il y a bien peu d’existence.

Si l’on ajoute que jour après jour l’hypercapitalisme tend à vider nos vies comme nos choses de toute réalité, pour la remplacer toujours plus par l’imagination rentable, on se prend à rêver d’un nouveau salut.

Par exemple : lorsque cet objet et moi même aurons disparu, que restera-t-il du sentiment intime qu’il représentait pour moi ? et qui le saura ? Dès lors quelle force pourrait-t-elle bien éviter que tout, au fond, soit condamné au néant ?

Mais existe-t-il seulement une chose assez puissante pour sauver à la fois l’intimité et le partage, la présence et l’immortalité ? Ne rêve-t-on pas là, pour sauver l’existence, d’une sorte de nouveau Dieu, aussi puissant qu’illusoire?

Si nous le voulons, si nous le faisons, le virtuel a cette puissance, le virtuel est cette puissance. Car il est l’imaginaire réel. Cet acte même d’imaginer que l’hypercapitalisme exploite pour vider l’existence, le virtuel le transforme en réalité. Le virtuel est la révolution existentielle de l’imagination.

Car on peut créer sur internet. On peut y partager l’intime. On peut y avoir une présence éternelle. En un mot, on peut y exister.

Un exemple parmi des milliers, qui a le mérite d’avancer dans ces quatre directions à la fois : l’e-musée de l’objet, initié par Ella Balaert. Chacun peut y déposer une image et un petit texte sur ce qu’un objet représente pour lui. Rien de plus simple que ce petit acte de résistance. Et pourtant, ensuite, l’objet comme moi-même pouvons toujours disparaître sans que cela change rien : ce qu’il avait pour moi d’intime est partagé, et pour toujours.

En l’absence de Dieu, c’est à nous d’assurer notre propre existence : d’être présents, de partager ce que nous sommes au point de nous rendre immortels. Le virtuel, lorsque l’on se l’approprie collectivement comme un peuple de blogs et de sites personnels, comme un champ de créations croisées et complices, comme un continent de visites sans fin, a la puissance de réaliser tout ce qui manque à notre existence pour être entière, et pleinement humaine. Le virtuel est le salut de l’existence.

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====>      Cliquez ici pour visiter l’e-musée de l’objet, ou pour y déposer un texte

23 thoughts on “Le virtuel peut-il sauver l’existence? __ (Plans d’existence 3)

  1. Cela reste plus fort que nous, si tentant d’isncrire cette trace et pourtant, la beauté de ce qui ne reste pas, de ce qui pourrait ne jamais avoir existé est frappante également… mais vous avez raison; Le virtuel a recréé d’une certaine façon la capacité à rêver, à s’emparer du réel et à le transformer, ce n’est y pas si creux qu’on veut bien le dire,, des choses s’y transmettent librement, et l’on n’y ment pas plus qu’ailleurs et pas moins 🙂

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  2. Mon sentiment face à cela est mitigé. Non pas hostile, parce que je n’y serais pas, non, mais de plus en plus circonspect. Il me semble que tout cela manque de chair, d’os, de sueurs, de sèves, de sensualités que la plongée dans la nature nous donne, épines comprises. Le virtuel peut être épineux lui aussi, ou à la limite empreint d’éros, mais il me semble plus maladif du fait de la distance, et paradoxalement, on est dans une sorte de promiscuité étrange, une possible obscénité. C’est un outil dangereux. Comme tout ce qui fait écran.

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    1. Mais le danger exclut-il le mérite, et l’ouverture des possibles?
      A moins qu’il s’agisse
      de deux manières opposées
      de dire la même chose?
      Comme toute puissance
      Le virtuel n’est pas bon en soi…
      Mais quelle libération de possibles!

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        1. esclave d’une libération, c’est tout le paradoxe…
          Vous avez raison
          Mais si l’on renonce aux combats douteux,
          on risque de ne jamais s’opposer à rien,
          ou de s’enfermer dans un refus de principe
          qui ne fait évoluer ni soi ni les autres.

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          1. Pour évoluer, il convient donc de passer. On modifie ses expériences. Non pas changer pour changer, mais parce que cela nous change. D’ailleurs, il se peut qu’on tisse d’autres liens, que ceux-là se rénovent eux-aussi . En fait comme on relit un vieux bouquin avec des yeux neufs. on enlève la poussière du temps …les champignons, le moisi 🙂

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  3. Personnellement je sais que le virtuel a changé ma vie ,m’a libéré….Je dois avouer que je suis ” classé” invalide car épileptique …Quel rapport me direz vous ? Il tient en un mot :Liberté ( si tant est que la liberté existe ) …Cette maladie m’a ôté la liberté de me déplacer en auto seul , je suis donc ” condamné” à rester dans un cercle limité au petit village où je vis sauf si je m’efforce de quémander l’aide de mon fils ….Bref , j’ai découvert cette ouverture sur le monde qu’est internet …Le virtuel est un moyen de communiquer ,de rencontrer d’apprendre ,de partager aussi ….Du virtuel , une rencontre peut devenir réelle …..Cette réalité est , bien sur , parfois différente de ce que m’avait montré le ” virtuel ” , mais pour une déception des dizaines de satisfactions viennent en opposition….
    J’affirme que le virtuel a sauver mon existence …..

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    1. Grand merci pour ce témoignage!
      Je crois que vous êtes loin d’être isolé;
      Je me demande si la différence entre internet et la vie,
      ce n’est pas qu’internet offre une deuxième chance,
      y compris pour tous ceux qui n’ont pas eu,
      ou n’ont plus la première…

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  4. Slt° 🙂 si nous avions beaucoup d’imagination, comme le virtuel nous y invite, nous pourrions alors y voir disons “un sens particulièrement spirituel”, pourquoi ? car si nous avons donc de l’Esprit, oubliant nos corps, nous nous verrions comme des petites âmes qui se baladent hors de la sphère austère, pour s’en créer une autre plus prometteuse.. porteuse de notre bannière de Lumière…
    aussi, notre Existence est donc plus radieuse, n’ayant plus la fâcheuse idée d’être des Êtres “incompris”, mais en attente, d’une validation, d’un secours, plus anonymes, certes, mais tellement plus “Essentiel”… intimement efficace, que l’autre qu’on a en face de Soi….
    et donc nous Révéler…;)
    ainsi, si on part avec une jolie intention de nous éveiller, après un sommeil de plomb sur tous les essais de survie à tout et en tout, il serait probable avec encore avec bcp d’imagination, que Dieu n’est pas si inexistant à ce joli Destin..:)
    car l’entraide sur des clichés de maux, ou plume en vertige de mots, donnent toute cette sensation un peu amère parfois, de n’être ni vu ni entendu,
    ici bas…
    et au nombre de nos combats, ou de nos victoires…. s’inscrit un nombre de Jm ou commentaires, sur nos pages qui offrent de belles occasions de se réunir sur un parterre , en Chef d’Œuvre, en chaine humaine en jolies couleurs, et reflets… de toute beauté par notre Universel 🙂

    ainsi encore et encore sans vouloir Tagguer, votre Page, le Sauvetage ici ou ailleurs, est encore plus essentiel car souvent effectivement c’est une deuxième chance d’Exister dans sa Vérité, face à soi en priorité, et à la vue de Tous… à se parfaire, s’améliore, apprendre, et s’entendre, et voir ce que nous n’aurions pas pu voir ailleurs, sans œillères… 🙂
    le Meilleur se met en place, et là on s’Arme de la plus belle manière qui soit…. En Lumière….
    et comme Dieu aime que la Lumière, n’ayant pas la prétention de rappeler son “Verbe”… je Crois qu’il Sait ce qu’il fait mm ici avec Nous….;)
    un Royaume d’âmes qui excellent de leur Force et Volonté, oubliant les cicatrices, voire les blessures, et Accèdent à une guérison de toutes les façons, et manières, à offrir une fois bien aguerrit un Renouveau de grande Priorité dans ce Monde….
    .voyez-vous ? ainsi Dieu fait le nécessaire si on regardait bien derrière le voile qui est la Toile…..non ?
    vous remercie par avance, d’accepter ma com. de philo spirituelle ….. 🙂

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  5. Le virtuel est la révolution existentielle de l’imagination ? Hmmm … Oui. L’idée, contenue en 9 mots, reste à investir. Je constate le fait que le virtuel externe à soi se dévoile en des matériels de consommation courante, accessibles, manipulables par un grand nombre d’entre nous. Sur la face avant de ces objets technologiques, des images et des sons sont inscrits, émis, codifiés, transmis, préparés, travaillés. Ces signaux, s’ils sont manipulés, cérébralisés sans conscience bienveillante, sont des outils de mise en oeuvre de l’hypercapitalisme. Ils font pression sur soi, sur chacun, jusqu’à atteindre les buts souhaités par les émetteurs. Ils influencent de façon efficace le comportement de l’autre, de soi-même, nos comportements, nos pensées, nos actions, nos réflexes.

    Je me place maintenant à la frontière entre le virtuel externe et le virtuel interne. D’un côté, une pression extérieure me sollicite, m’incite à choisir, dansant langoureusement devant mes désirs, m’obligeant fermement à investir. De l’autre, une pression interne me pousse à agir, elle-même injonction, me somme de m’investir. L’intensité des forces en présence permet une rupture spatiale de la structure, l’extérieur se confronte à l’intérieur et l’intérieur rivalise avec l’extérieur. Alors le virtuel interne est tremblant, charnel, le virtuel externe est constant, programmé.

    Le virtuel externe est bien la révolution existentielle de l’imagination, son prolongement même. En tout cas il en est l’image, le reflet objectif. Le virtuel interne, quant à lui, s’il évoluait, nous permettrait de réaliser une nouvelle révolution existentielle de l’imagination.

    Nous avons besoin de chacun pour cela.

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  6. If coin is the salvation of existence it must be a two dimensional one. The revolution of imagination must have been lost in a globular vacuum where existence is not. Is this world of virtual walls then the final home world of hypercapitalism and to be our prison and or perhaps grave?

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  7. Bouillonnement, exaltation, jubilation … je suis maintenant capable de me positionner entre la frontière interne et la frontière externe du virtuel. Cela permet d’occuper l’espace des transitions, l’espace transitionnel, transactionnel. La position est privilégiée pour une observation furtive ou constante. L’aventure est là, dans l’existence. Empli de confiance, je me lance à la poursuite de ceux qui dissocient virtuel et réel. La philosophie des axes et une philosophie de combat. La bonne nouvelle est que si les philosophies désaxent les philosophies des axes, elles se recomposent, seules et ensemble(s).

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  8. Le virtuel avait commencé par une unique lois : la netiquette. C’était la totale liberté. C’était avant que la pub existe sur Internet, avant que l’on puisse y acheter quelques chose …

    Depuis, il est le terrain des ‘observateurs’ qui étudient ‘notre’ comportement qui nous suggère ce que nous devons penser …

    Les enfants sont toujours plus jeunes, accro à Internet, aux jeux et à la pornographie principalement.

    Quelles incidences sur les générations futures ?

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    1. J’ai expliqué cela,
      en liaison avec la théologie négative,
      dans un petit article auquel je me permets de vous renvoyer,
      autour de l’idée que “Dieu n’existe pas” pourrait rassembler tous les hommes,
      à commencer par les croyants sincères, informés et réfléchis.
      Voici le lien:
      https://jeanpaulgalibert.wordpress.com/2012/04/18/tous-les-humains-pourraient-sentendre-sur-une-phrase-dieu-nexiste-pas/
      Au plaisir de vous lire…

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      1. Bonjour Jean Paul ! 🙂

        J’ai parcouru l’article : Dieu n’existe pas.

        Je vous rejoins en plusieurs choses comme résumer Dieu avec nos capacités limitées par ‘notre conception’ pour en faire ‘le dieu que nous souhaiterions avoir.

        Par contre, je mettrais un très grand bémol quant aux guerres de ‘religions’. Ceux qui les fomentent et les instaures sont mus la plupart du temps par des questions de pouvoir et d’argent, de territoire et de ressources. S’ils attisent la haine des uns contre les autres par des subterfuge comme ‘la religion’, les plus ‘religieux’ (dans le bon sens du terme) de tous les camps sont rarement dupes.

        Dans tous les camps ceux qui font passer les ‘règles et rituels’ avant ‘Dieu en personne’ et avant leur prochain par contre, sont facilement manipulables par les cupides et autres despotes …

        Pour revenir à Internet, sans vouloir être indiscrète,après combien d’heure par jour, estimez-vous qu’un enfant pourrait être ‘en danger’ en utilisant ‘les nouvelles technologies’ ? Si éventuellement vous y voyez un danger quelconque …

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        1. Je crois qu’il pourrait y avoir danger
          à y consacrer plus de la moitié de son temps,
          et donc plus de temps qu’à tout le reste réuni.
          Mais ce serait vrai de exactement de la même manière
          s’il s’agissait de n’importe quoi d’autre qu’Internet…

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          1. Oui. Vous êtes très précis sur le temps imparti ! 🙂
            Je ne pensais pas la philosophie ‘catégorique’ sur certains sujets ! 🙂

            En dehors d’Internet, les activités sont diversifiées, l’enfant entre généralement en interaction avec plusieurs ‘environnements’ (plusieurs personnes, différents lieux, différents jouets, etc) Même seul, il changera plus facilement d’activité. Si Internet, tout comme la télévision coupe de l’extérieur plus facilement qu’un train en bois ou qu’une balançoire … Internet est infini en proposition d’activités…

            De plus, une balançoire n’apporte pas à l’enfant la possibilité d’accéder à ‘tous les domaines des adultes’ …

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