Que restera-t-il de nous ?

Par exemple : lorsque cet objet et moi même auront disparu, que restera-t-il du sentiment intime qu’il représentait pour moi ? Et qui le saura ? Dès lors quelle force pourrait-elle bien éviter que tout, au fond, soit condamné au néant ?

Mais existe-t-il seulement une chose assez puissante pour sauver à la fois l’intimité et le partage, la présence et l’immortalité ? Ne rêve-t-on pas là, pour sauver l’existence, d’une sorte de nouveau Dieu, aussi puissant qu’illusoire?

Si nous le voulons, si nous le faisons, le virtuel a cette puissance, le virtuel est cette puissance. Car il est l’imaginaire réel.

Un exemple décisif existe déjà : l’e-musée d’Ella Balaert. Chacun dépose la photographie d’un objet, et un texte indiquant ce qu’il représente pour lui. Rien de plus simple, et pourtant rien de plus décisif pour exister : c’est un peu comme une fédération des mémoires, pour sauver l’intime et transmettre l’existence. Emotion assurée : c’est si rare, de pouvoir glisser un peu de soi dans le réel, le vrai, celui qui ne mourra pas. …

17 thoughts on “Que restera-t-il de nous ?

    1. Que ne ferait-on pour l’éternité?

      Jamais peut-être on ne nous l’aura proposé pour si peu…

      Si l’on songe à tous ceux qui l’ont payée si cher,

      cela frise l’injustice

      et d’aucuns pourraient y voir

      comme une incitation à la paresse…

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  1. 🙂 peut être si nous oublions un peu le J, serions-nous moins malheureux de laisser quelque de chose “de nous”,
    pourrions penser juste qu’exister est un passage à laisser nos messages… comme le font les “conférenciers” 😉
    transmettre un Savoir, une Expérience aura plus de chance de Vivre au-delà de l’Eternité,
    et donnerai une nouvelle naissance à celui qui l’aura trouvé…

    nous saurions alors vivre ensemble, sans s’exposer, juste témoigner sur la scène virtuelle qui n’est en fait que le reflet du réel, à bien y regarder,
    et si nous parlons d’injustice, elle ne serait que littéraire, et non pas au sens verbal, car nous nous serions rencontré sur un thème qui nous laissera voyager avec des conclusions ou des remises en questions, ainsi tout est parfait, et mettons pas sous globe notre petit objet personnel, mais remettons le à sa place, qui est de nous accompagner sur le chemin de nos chagrins, parfois de joie….

    ainsi le Violon de la vie fera que nous resterons malgré partis…. en laissant à autrui, notre philosophie 😉
    Bien à Vous,
    j’écoute un truc de ouf, du Violon.. Angélo Debarre histoire de m’envoler sur les hauteurs, …. merci de ce post , qui brise un peu le quotidien… avec ce Bien, qu’est l’amour du Partage.. et qui lui nous appartient… …:)

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  2. ps : de la Guitare… où ai-je la tête?. ou les ailes.. … c’est pareil… en tout cas Bon week end… sous le soleil… écoutez ça vaut le détour, avant de s’en aller… on tape du pieds, des mains, on chante on danse… la folie est dans l’air, faut en profiter… Bien à Vous, cher Mr Galibert… 🙂

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  3. ben, la Justice est l’Immortalité, dans ma conception, voyez vous, c’est bien là ma joie… 🙂
    car l’injustice ici est au nom du “nombres de cicatrices” , ..
    et sera réparée en leçon de vie, qui offre une réalité bien plus triomphante que celle apprise ici…

    avec la vision de l’autre monde…
    l’Invisible a une force sur notre existence pour le ressentir “ainsi”.. et savoir ce pourquoi “sommes nous venus” là.
    c’est bien peut être bien là la seule question fondamentale de la Vie.. 🙂

    mais, c’est toujours liée à ma Fil Ô qui n’est peut être pas partagée,
    reste qu’il faut ..que l’Esprit puisse aller au-delà, c’est là le Grand Pari de la Vie 🙂
    pardonnez si j’emmêle votre thème, pour répondre à votre question, n’ai que cette expression à l’esprit
    par un “canal qui vient de loin : venus libres ici, nous tentons de le rester, et le serons mille fois + là-bas…

    ce com, est dabord personnel, mais si vous y tenez…publiez, bien à vous, toujours dans la Lumière, la Justice brille.. …

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  4. Les funérailles sont le plus souvent l’occasion abjecte de s’approprier finalement la vie et l’esprit de celle ou celui qui s’en est allé(e), d’en finir une fois pour toutes avec l’intégrité du défunt : le culte, quel qu’il soit, enveloppe celui-ci de son voile hautain, tandis que les réputés proches, de discours en discours, ponctuent l’hypocrite ballet, où pointe parfois une larme sincère. Lors de funérailles, chacun devrait se taire. Ce serait la plus haute forme de respect. Mais s’il n’y a pas de respect pendant la vie, pourquoi y en aurait-il après la mort ? Pourquoi la machine à assimiler (le désormais défunt avec ce que l’on projette en lui) cesserait-elle subitement de tourner à plein régime ? Pourquoi, tout à coup, la danse des apparences prendrait-elle fin ?

    Voilà la relation qui liait la défunte avec l’objet x. C’était celle-là et pas une autre, aux vautours ne déplaise. Elle l’a écrit ! Etre en mesure de déjouer l’assimilation de manière posthume, voilà peut-être l’avantage d’aller poster une image sur le blog que vous renseignez.

    Pourquoi pas moi, tiens ? Mais où trouver une image carrée de la vie à insérer, entre la pipe et Rimbaud, dans cette mosaïque préformatée ?

    Je pourrais, à défaut, poster cette image-ci :

    Mais le texte explicatif que j’y associerais serait aussi révélateur de mon intimité à la plante que n’est comestible la représentation. Il serait aussi intime que ne l’est le baiser que se donnent devant l’assemblée les époux fraîchement consacrés : il serait commun, vulgaire au pire. Car si l’intime était rituel, il obéirait à des codes génériques qui lui feraient perdre sa qualification.

    Dès que le sentiment se fige, il est autre chose. Au musée, sous la poussière de bits, l’intimité ? L’intimité se vit. Elle se lit dans les regards, se perçoit dans les énergies, et s’écoute dans le quasi-silence. Peut-elle s’écrire, avec un décodeur universel qui en assure à la fois le rendu intégral et la fidélité profonde ? Je ne souhaite pas décourager les autres candidats, ni faire preuve de grossièreté à l’égard de votre amie : mon intimité est hermétique, mais ce choix n’engage que moi…

    Cela précisé, si ne perdurait et ne se transmettait que le sentiment lui-même, indépendamment de son objet et de celui ou celle qui y est lié, serait-ce si terrifiant ? Ou serait-ce déjà une victoire sur la mort ?

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    1. Je comprends vos réserves, et les respecte
      D’un autre côté, ce commentaire lui-même me semble bien contenir
      l’image d’un objet, et le texte qui l’accompagne,
      si hermétique et évasif souhaite-t-il rester.
      Pourquoi ne pas l’envoyer, quasiment tel quel,
      à Ella Balaert? En l’état, cela me semble
      aussi original que discret
      A vous de voir…
      A bientôt

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  5. Sera ce qui est. Comment ce qui n’est pas pourrait-il être ?
    Être, ce qui est présent contient tous les temps. Le notre ? pourquoi passons-nous ici si nous partons du même pour arriver au même ? Sans doute, faut-il voir ce que le lieu et l’existence comportent comme épreuves, un café filtre.

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  6. L’esprit mal tourné pourrait être tenté d’établir une comparaison hasardeuse entre cette initiative et un pouvoir malin qui enfermerait et collectionnerait les âmes (et/ou les esprits, c’est selon), tandis qu’il épinglerait sur un tableau les corps comme autant de papillons étourdis et assoupis par l’éther…

    Il n’empêche qu’elle est pertinente à la fois dans une perspective artistique et d’un point de vue philosophico-sociologique. Multiple mise en abîme, réflexion sociale et alternative mesurée à la fois, elle est bien plus qu’elle ne fait apparaître de prime abord.

    Même si les objectifs divergent, le but de l’e-musée n’étant pas de faire du profit sonnant et trébuchant, elle semble se présenter comme le reflet analogique de plate-formes telles que Facebook. Pourtant, la comparaison n’est qu’en partie pertinente : la mosaïque proposée par l’e-musée n’est, dans le cas de Facebook, accessible qu’à l’administrateur de la plate-forme. En ce sens, votre amie autorise donc une plus grande transversalité.

    Il n’en demeure pas moins que ce sont, dans les deux cas, des informations d’ordre personnel qui sont mises en commun, sur un support identique, selon un format basique qui ne l’est pas moins, sous la tutelle et la conception d’un individu ou d’un groupe d’individus, du coup transformés en quasi-démiurges.

    A cette configuration (celle de l’e-musée), votre métaphore de la relation verticale du nuage à l’algue s’applique en partie elle aussi. En partie, car, jalon rebelle de la chaîne, l’e-musée n’est pas unidirectionnel : la voie de l’algue (intermédiaire) au nuage est également accessible.

    L’e-musée serait donc, en quelque sorte, un élément perturbateur qui s’insère dans le fil de la collection/compilation taxinomique dont l’appareil de surveillance d’Etat serait la forme “humaine” la plus élaborée.

    Mais pertubateur ne signifie pas contestataire, sauf à le considérer au second degré, celui d’une critique larvée.

    Vous pourriez me rétorquer que mon blog s’inscrit nolens volens dans une logique similaire…

    Si j’avais été informaticien, j’aurais constitué mon propre support. Tel n’étant pas le cas, je n’ai pas choisi (vous non plus, sans doute) cette plate-forme-ci par hasard : outre l’absence de sollicitations putassières qu’elle garantit, la liberté graphique qu’elle m’autorise, certes embryonnaire au regard de ce qu’il sera possible de faire dans dix ou vingt ans, me semble laisser une plus grande latitude à l’expression de ma personnalité, tant quant à la forme qu’en termes de (longueur de) contenus. En outre, la logique qui inspire les animateurs de l’algue dont dépend mon blog me semble difficilement comparable, à ce stade, à celle qui nourrit Zückerberg. Cette différence pourrait se représenter comme suit : d’un côté, un instit’ sur son estrade enjoignant les élèves de rédiger une compo de 500 caractères maximum à propos de leurs dernières vacances, de l’autre un groupe de néo-hippies assis avec moi et quelques centaines de milliers d’autres autour du feu, demandant à chacun ce qui le fait tripper… tout en passant le joint (bien sûr) !

    A ceci près que, comme je l’ai indiqué dans mon commentaire précédent, tout ce qui, dans mon blog relève de l’intime (car il y en a) est codé et littéralement indéchiffrable par autrui. Cet intime vaut signature humaine, laquelle indique, en concordance avec d’autres procédés, que c’est d’une opinion qu’il s’agit, non d’un manuel. Cela ne signifie pas que je n’y exprime aucun sentiment, aucune ambition, aucune préférence, mais celles-ci répondent toujours, assorties de tentatives d’analyse qui font plus ou moins mouche, à une ambition sociale : une ambition pour la société.

    L’exprimant, je dévoile immanquablement un peu de moi-même, mais ni plus ni moins que ce qu’a pu dévoiler l’un ou l’autre pamphlétaire dans la foulée de la création de l’imprimerie. Face au spectre de la répression ou à l’instrumentaisation possible, il était sans doute tout autant dans l’intérêt de ce dernier, à l’époque, qu’il ne l’est, aujourd’hui, dans celui d’un blogueur réfractaire de ne pas s’exprimer.

    Tout choix de s’exprimer se mesure donc à l’aune de ce que, conscients de la réalité qui nous entoure, nous sommes prêts à concéder malgré nous à sa dimension la plus sombre. Ne pas s’exprimer revient paradoxalement à nous livrer intégralement à elle…

    Demeure la question principale, celle de l’architecture sociale reflétée par ce à quoi l’e-musée d’Ella Ballaert fait immanquablement, malgré ce qui l’en distingue, allusion. Ce n’est rien moins que la double question de la souveraineté et de la tutelle.

    Quelle société, de celle qui est constituée, de manière supervisée et dans un cadre unique, d’objets uniformés, ou de celle qui se constitue par un processus permanent d’interinfluences singulières, fruit de cadres distincts et innombrables, chacun de ces cadres s’accompagnant de son propre administrateur, est-elle la plus viable ? La plus juste ? La plus respectueuse de la notion d’ “autre” ? Et les deux peuvent-elles être, à tous égards, mutuellement exclusives ?

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    1. Merci pour ce commentaire, et pour toutes les reflexions qu’il contient.
      Je publie, mais je le fais suivre aussi à Ella Balaert,
      qui sera sans doute très intéréssée.
      Sur bien des points, ce serait
      plutôt à elle
      de répondre…
      A bientôt

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  7. Précision : “A cette configuration (celle de l’e-musée), votre métaphore de la relation verticale du nuage à l’algue s’applique en partie elle aussi. En partie, car, jalon rebelle de la chaîne, l’e-musée n’est pas unidirectionnel : la voie de l’algue (intermédiaire) au nuage est également accessible”… dès lors que son initiatrice se prête elle-même au jeu.

    Corrections : plates-formes, perturbateur, instrumentalisation, uniformisés

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