Le monde a-t-il éclaté en plans de réalité?

Se pourrait-il tout simplement qu’il n’y ait aucune relation ?

Des choses éparses.

D’ailleurs, la chose même est elle encore une ? Ou bien est-elle devenue plurale ? la fourmilière, c’est toutes les brindilles, toutes les galeries, et toutes les fourmis. En ce sens, toute chose est une ville. Il y a simplement longtemps qu’une ville n’est pas plus ici qu’ailleurs, mais au centre d’un espace propre, qu’elle occupe tout entier, et qui n’a guère de rapport avec quoi que ce soit d’autre. Combien, dans une même ville déjà, de plans de réalités qui s’ignorent absolument ?

C’est cela, la grande relation, omniprésente partout où il n’y a aucune relation : l’ignorance. Volontaire, mutuelle, réciproque, absolue, l’ignorance est devenue la seule loi des mondes sans loi. Longtemps le réel, en son injustice, a été recouvert du voile, pudique mais vécu, du monde. Cette gangue apaisante d’imaginaire se répandait comme un onguent entre le réel et nos fragilités. Mais est-il encore lieu d’imaginer un monde ? Pourquoi ménagerait-on celui dont on n’attend plus la moindre révolte ?

Il est plus simple, plus direct et moins couteux de lui laisser accéder à la réalité tel quel. Car c’est lui-même dans sa fuite ou son désespoir qui édifiera sa prison, et construira les murs de son immobilité. Lorsque la réalité est suffisamment creuse, il n’est plus besoin de la déguiser : tous ceux qui la voient vont d’eux-mêmes s’enfermer.

Le monde a éclaté en plans de réalité qui s’ignorent.

13 thoughts on “Le monde a-t-il éclaté en plans de réalité?

  1. Bonjour Jean-Paul Galibert
    C´est justement là la réalité de l´Irréalisme dont je vous ai parlé plusieurs fois.
    Un concept que j´ai analysé et essayé de concretiser de façon artistique depuis maintenant plusieurs années.
    Voyant le monde existant de l´imaginaire en relation à un certain niveau du quotidien, la ville et la pensée, la rêverie, la création et finalement l´intervention.
    Lorque j´étais plus jeune je me donnais aux interventions graphistes sur les murs et espaces publiques dans l´intention d´éveiller les esprits mais aussi pour manifester un arte-fact basé sur le support souvant grisonnâtre du béton et de la standardisation. Une contradiction alliant le rêve à la réalité, une politique philosophique, un concept artistique.
    Aujourd´hui je lutte toujours à faire comprendre et accepter, entre autres, aux concepteurs d´espaces publiques que l´esprit aussi est chose concrête et importante á prendre en compte dans le développement d´espaces communautaires. Quelles en sont leurs effets et qu´apportent ils, des sentiments d´agréssions, de rebeillions ou des sentiments de bien-être, d´épanouissement et de connaissances?
    L´aire de l´irréalisme vient de commencer et ceci grâce à internet où l´esprit volatile ce concrétise à travers des idées et expréssions et aussi grâce à vous qui a éveillé ces questions et ces prises de consciences nécéssaires et intéréssantes.
    Un monde aux divers couches de compréhension.
    J´aimerai volontier collaborer avec vous pour finaliser le manifeste sur l´Irréalisme car mon expréssion est surtout picturale et vous êtes certainement une des seule personne à comprendre mon intention.
    Cordialement
    Frédéric Iriarte, artiste plasticien

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  2. L’éclatement est peut-être le récultat d’un problème transmission entre la réalité et nos superstitions. Cela crée une angoisse ambiante dans nos vies si brèves… si mortelles… tout cela pour servir un futur proche empli de machines au détriment d’une utopie salutaire.
    Rien d’étonnant à ce que de multiples “plans” se créent en guerre les uns contre les autres maintenant que le vivre ensemble se résume en un “chacun pour soi et Dieu pour tous”.
    Au diable les doctrines, les idéologies, les religions… puisque nous les avons toutes essayées en vain et qu’elles sont des oeuvres de mort.
    J’aime à croire qu’il existe le tout et son contraire, le compromis comme point d’équilibre qu’il convient de transcender par un processus créatif. C’est pas gagné mais avec un peu de volonté! Pourquoi pas?

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  3. Vos questions sont les bonnes ! En tout cas elles résonnent avec mes réflexions actuelles sur les mondes virtuels. Les réseaux “sociaux” qui détournent le nombrilisme et la solitude dans un but de marketing. L’internet est différent pour chacun. Il se présente en effet comme un miroir et reflète ce que nous souhaitons y trouver.

    Il n’est en cela assez semblable au monde dit réel, qui lui aussi change au gré des subjectivités qui le contemplent. On peut devant les mêmes arbres reconnaître une forêt majestueuse, une espèce invasive ou des stères de bois de chauffage.

    On se traîne partout cette espèce de bulle qui limite ou altère ce que nous sommes capables de percevoir. Il ne tient qu’à soi d’en repousser les limites, par des efforts d’imagination, des efforts de rigueur (résister au sens commun, réévaluer ce qui semble acquis).

    Quelque rares fois, il n’est pas interdit, même si c’est difficile, d’inviter une autre conscience dans sa bulle. Cela pourrait même être la meilleure façon d’en faire évoluer le champ ?

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