Pourquoi le réel est-il si drôle?

Chacun sait qu’au delà d’un certain degré, tout rajout de complexité fait rire. Parce qu’il y a, dans l’évidence de plus en plus grande qu’une chose déborde de la pensée, en outrepasse les limites, quelque chose comme une réjouissance, comme une fête. Plaisir qu’on ne saurait réduire à la paresse. Ce serait plutôt comme une joie de la pensée qui découvre enfin quelque chose de réel. Ce n’est pas si fréquent. Ce n’est pas si courant. Lorsqu’une chose ou une situation est indubitablement trop complexe pour être imaginaire, il se produit un immense plaisir : celui qui cherche à exister touche enfin au réel. Chaque fois que la pensée rencontre du réel, elle peut déplorer, elle peut subir, elle peut être entamée, Mais en même temps, il s’agit d’une fête, d’une conformité enfin établie à une nature qui demeurait jusque là un simple projet. Un peu d’existence se libère et nous délivre du fatras qu’on imagine être le monde.

14 thoughts on “Pourquoi le réel est-il si drôle?

  1. Je ne sais pas si le moment où l’on saisit un instant d’harmonie dans le réel, dans la nature est réellement drôle mais , il est pour moi source de plaisir. Je souris l’instant fugace de ce bonheur. Etre présent réellement requiert l’aptitude d’un dépouillement de la pensée, une forme de non-agir qui n’est pas de la paresse loin s’en faut, le refus de torturer, compliquer. La présence réelle est joie.

    Like

  2. Reblogged this on @phorismes and commented:
    Quelque chose dans la vomissure où ce présent patauge me rend sourd à la malicieuse ironie de ce billet de Jean-Paul Galibert. Encore que l’opposition entre réel et imaginaire incite aussi à le lire “au premier degré”.
    Et voilà que je suis en train de lire ce passage :
    “L’univers des Snopes est celui de la combine, savamment menée, avec un instinct et une précision d’adaptation dont la patience est l’atout principal. La mainmise de ces médiocres pervers sur le comté signifie-t-elle, du point de vue de Faulkner, la fin de celui-ci ? Le monde faulknérien est-il, jusqu’au bout, pessimiste ? La question n’aurait pas de sens (le pessimisme, ni son contraire, ne sont décisifs en littérature) si elle n’engageait une réflexion sur l’écriture elle-même. Car l’écriture, ou du moins l’enseignement qu’elle procure, est ce qui reste, après que le réel s’est délité dans la malédiction, puis dans l’échec de l’épique et du tragique, et enfin dans la soumission à la vulgarité triomphante. Les Snopes ont vaincu le comté mais ils ne peuvent soustraire à ce que l’écriture y a mis. Ils seront traités par une écriture à plat, leur seule condition possible. Ils ne connaîtrons jamais le tourment tragique, le vol cassé de l’épique.” Édouard Glissant, Faulkner Mississipi

    Like

  3. J’aime bien le commentaire d’Encolie et votre article, bien sûr.
    Mais cela me fait penser que tout rajout de non-complexité fait rire aussi,.
    Je pense à certains films où les gags, tout bêtes et prévisibles nous font invariablement éclater de rire, presque malgré nous.

    Like

  4. Pourquoi le réel est-il si drôle?

    Parce qu’il décoiffe celui qui ne l’ai pas , c’est a dire conforme à la dite réalité de penser , de se comporter … Et la vrai réalité c’est d’accepter la différence sous toutes ces formes et non d’imposer des modèles …
    Ne dit-on pas que tous les exemples sont dans la nature, il suffit pour cela d’en saisir le sens …

    Like

  5. ce qu’il y a c’est que le prochain vient de découvrir pour la première fois une chose qu’on pense impossible que l’on traite sa pensée de drôle alors que celà n’a rien de drôle si on va au de la pensée de ce dernier.

    Like

  6. Si le personnage hilare de Dubuffet pouvait parler…

    Au passage, trois nouvelles suggestions ludophilosophiques (ouh, le barbarisme…) :

    – La vie est. Pourquoi la gagner ?

    – « Bonne année », tonitruons-nous au moment propice. Pourquoi donc et en vertu de quoi ?

    – Sur notre page respective en ligne, tous ces commentaires, ces remarques et ces pensées. Mais nous ne sommes, dites-vous…(à reformuler)

    … et un « Kitalu » pour la route : « mauvaise conseillère est l’obscurité des doigts dans le pot de confiture… », ‘Kitalu’ étant en l’occurrence le sujet de la phrase.

    PLUS ON VEUT PLUS ! PLUS ON VEUT !…

    😉

    Like

votre réponse: