Les choses, sagement, demeurent où on les pose.
Elles n’ont pas la rage voyageuse.
Convenons même que le plus souvent,
Elles ne font rien du tout.
Leur immobilité, leur impassibilité
Est-elle le signe de leur sagesse ?
Les grecs pensaient
Que celui qui court partout
Est malheureux où qu’il aille
Car s’il trouvait un endroit agréable,
Il y resterait, immobile et comblé.
Ne pensez-vous pas que cela plaide
en faveur du bonheur des choses ?
Les choses… pereclitent.
Leur silence apparent, leur immobilité feinte dissimulent une attente de tous les instants : le livre demande à être lu, la tasse à être remplie, le verre à devenir rouge, la fleur à être cueillie, le nuage à être filmé, le vent à être capturé avec un filet à papillons (puisqu’on n’en voit quasiment plus).
La patience des choses est à encenser : finalement, il ne faudrait pas les bousculer. Elles ont le droit de se reposer (la “clause du grand-père leur a déjà été accordée), comme les tombes recouvertes de quelques feuilles mortes. 🙂
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Vous avez raison:
Les choses semblent bien avoir
leurs désirs,
et leur paix…
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D’ailleurs,
que photographier
sinon la paix des choses?
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Bon jour,
Rien n’est moins sûr …les choses, les gens, ce tout lié … et cela me rappelle le mot : objet ou le mot avec …
Max-Louis
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Rien n’est moins sûr…
Sans doute…
Mais une simple possibilité
ne pourrait-elle nous suffire, ici?
par exemple à ménager
une tout autre perspective
que la notre, toujours?
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Vous avez raison, je me suis embourbé … suis moi-même lié … formatage et désillusion …Trouver une autre voie (et voix) … merci de ces questionnements …
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Cela pourrait effectivement confirmer que les choses sont heureuses car comme elles ne bougent pas, c’est qu’elles doivent se trouver bien où on les pose. Mais quand on les déplace…est ce qu’on les rend malheureuses du coup? Où sont elles finalement heureuses partout ?
Je découvre votre blog avec plaisir. Merci pour ce moment de réflexion. Si une chose pouvait parler…ce serait intéressant d’entendre son point de vue.
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Remarquez qu’elles restent au nouvel endroit…
Quant à leur silence…
n’est-il pas éloquent?
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Objets inanimés, avez-vous donc une âme, pour goûter votre bonheur ? Peut-être pas, mais cependant vous avez un destin, qui va de votre fabrication à votre destruction. Heureux l’objet qui a eu une vie riche, bercé dans la répétition de gestes familiers et passé entre les mains de plusieurs générations. La théière du thé d’hier et du thé de demain, une main pour tenir l’anse et l’autre pour le couvercle.
Avec un peu de chance, choses qu’on prend, qu’on pose et qu’on repose, mais qui un jour se cassent, vous ne finirez peut-être pas immobiles dans une décharge, mais dans un circuit de recyclage, et vous connaîtrez une seconde vie (une troisième ? Une quatrième…). De votre décomposition naîtront de nouvelles compositions. Les choses de la nature agissent de même, dans un tourbillon de cycles de vie interconnectés.
Dans le même temps, des glaciers s’effondrent, l’eau ruisselle dans les rues basses de la ville transformées en rivières, les carcasses métalliques des véhicules incendiés pour fêter dignement Halloween se tordent de douleur.
Il y a un juste milieu entre rester immobile et courir partout, qui s’appelle voyager, découvrir le monde et aller à la rencontre de l’autre pour se découvrir soi-même, ce qui est la vraie sagesse.
Celui qui reste immobile n’est pas comblé, il est tout simplement mort. Ce qu’on appelle le repos éternel.
La vie, elle, n’est pas éternelle. Alors profitez de cette chance qui vous a été donné de vous mouvoir – même s’il ne s’agit que d’un mouvement de réflexion – avant que tout cela meurt et que vous rejoigniez votre dernière demeure q:
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Merci pour cette hypothèse de solution, vraiment.
Mais je me demande si le but du voyage
n’est pas de revenir chez soi,
plein d’usage et raison,
afin de demeurer mieux
sagement immobile
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Est ce un silence qui confirme l’hypothèse ou ne sont elles juste pas douées de parole ?
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Celui qui garde le silence,
nul ne sait s’il peut parler.
D’où l’intérêt d’une autre question:
Vaut-il mieux, pour nous,
les imaginer pensantes
ou les croire ineptes?
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Je préfère les imaginer pensantes et heureuses. Je les imagine aussi facétieuses car quand nous les cherchons à une place et qu’elles n’y sont pas, on pourrait croire qu’elles ont bougé pour le plaisir de nous voir chercher.
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Vous le dites fort bien vous-même:
je crois que nous gagnons beaucoup à leur prêter la pensée
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Les choses sont offrandes, dans leur silence elles peuvent donner la paix.
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Leur présent serait notre présent…
Mais sont-elles faites pour nous?
Nous sont-elles destinées?
Sont-elles à nous?
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Ce que veulent vraiment les choses ? sont-elles vraiment inertes et immobiles ? c’est un thème qui m’intrigue, même sans que je puisse apporter de réponse vraiment étayées ; je sais qu’il est discourtois de se citer, mais je suis trop paresseux pour me recopier
https://carnetsparesseux.wordpress.com/2018/08/03/lordre-des-choses/
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J’aime beaucoup votre texte,
effectivement très en résonance avec le mien.
Aurions-nous vu les mêmes choses?
Ou de même entendu leurs sourires?
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merci
il y là un écho déformé des “leçons de choses” de l’école, entendues comme “quelles leçons les choses ont-elles à nous apprendre” de là, on passe vite à “quelles sont leurs “vraies” intentions 🙂
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Les choses sagement se posent
Au bord de notre mémoire en pause
Elles gardent un parfum ancien de rose
De tendres baisers ou d’ecchymoses
Mais toujours elles nous racontent en prose
Des jours passés, les histoires closes
Qui laissent des sourires sur nos lèvres roses.
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tu l’oses
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Lu dans “Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien”, tome 1 La Manière et l’occasion (éditions du Seuil, 1980), page 28 :
L’être change parce qu’il n’a pas sa densité ontologique maximale et l’ÊTRE PARFAIT est en acte tout ce qu’il peut être et n’a donc AUCUNE RAISON D’ÉVOLUER.
Est-ce à dire que les choses sont parfaites ?
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C’est très proche d’Aristote…
merci pour cette référence
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A reblogué ceci sur philosophie et existence!.
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On peut dire d’elles qu’elles sont une excuse pour ne pas aller au bout. Elles le méritent à un certain égard. Rester tout chose est agréable mais cela ne peut pas être une habitude. Qui s’occupe de moi ? Qui me maintient dans cet état ? Suis-je réduite à cette chose ? L’agréable passé il faut bien faire taire ce type d’excuses et foncer dans le tas les réduire à néant. Il n’y a pas d’immunité.
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les réduire à néant?
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Oui.
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maintenant la question se pose
car en effet toutes ces choses
deviennent alors intelligentes
et un jour seront conscientes
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Ce qu’il y a d’admirable dans les choses, c’est qu’elles nous ignorent tout à fait, ne s’inquiètent pas de nous, ne nous reprochent rien, auprès d’elles, et seulement auprès d’elles, nous sommes libre.
C’est ce sentiment que nous appelons (probablement à tort) la Solitude.
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