Où est le corps du masque?

Le masque a deux faces:

D’un coté, il prend la forme creuse du visage qui lui manque,

et de l’autre, celle pleine d’un visage impavide.

Le masque est le masque du rien,

le visage de l’absence de visage.

Et

pourquoi

n’a-t-il point de corps ?

Est-ce pour ne pas masquer le reste du corps,

ou pour ne pas masquer l’absence de tout corps?

Et si,

en fait,

le masque était entier?

S’il était notre meilleur portrait?

Si le masque tout entier nous fascinait

comme l’altière contenance de notre vacuité?

33 thoughts on “Où est le corps du masque?

              1. Vous me posez une colle, là, même en creusant.Peut-être avec une autre idée, fixe celle-là, ça lui donnera peut-être du contenu, qui sait ? Et si on la laisse vide et bien ce creux existera ensuite à sa façon, inatteignable, du moins pour mon esprit qui est bien plus creux que ce creux-là.

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  1. Le masque est jaloux du visage qui le porte, capable d’une seule expression, il envie celui qui les détient toutes. Il est froid et impavide, colle à la chaleur vivante qui lui manque. Il rêve du jour où lui poussera un regard, pour découvrir enfin la vie qui vibre devant lui et sentir ses joues rosir de Plaisir.
    (Hors sujet… mais belle idée pour une nouvelle !)

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    1. Votre description est si superbe
      que je ne sais pourquoi
      je m’identifie plus à ce que vous dites du masque
      qu’ a cette vie que vous prêtez au visage.
      Nous sentons-nous vivre,
      ou rêvons-nous
      de nous sentir vivants?

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  2. La vie est-elle un rêve, dans un monde que nous inventerions à mesure comme un peintre qui se laisse porter par les Couleurs ?
    Dans ce cas-là, je refuse de me réveiller. Fermons les yeux pour n’en inventer que le meilleur, je vais chercher mes pinceaux

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  3. Je me souviens d’un roman de Roger Vailland qui s’appelle “Beau Masque”…

    Souvent, le masque est de carton ou adhère à la peau : le masque ne peut remplacer l’étincelle réelle du visage. On le détecte (ou le déteste) rapidement.

    Il est un symbole théâtral – du faux ? – (mais il est beau à Venise !) et joue son rôle ambigu jusqu’à ce qu’on le siffle.
    Le masque est bien “le théâtre et son double” dans le style Artaud : on n’est pas pas prêts de le voir disparaître, surtout dans les périodes politiques.

    Le masque érotique, lui, s’épanouit dans un autre domaine : il attire et ne prétend pas modifier ce qui peut se cacher réellement de l’autre côté de sa complexion.

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  4. Malheureusement, notre société se couvre d’une multitude de masques, (ils ne sont pas ceux d’un carnaval) et il est bien difficile sans confiance et confidence, de savoir ce qui se cache derrière le vernis. Même certains deus portent des masques!

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      1. Il y a toujours quelque chose de présent, sous les masques, les caractères, des êtres… Les problèmes viennent des interprétations que l’on peut ou tente de découvrir, d’élaborer… Le corps est une pellicule de chair qui protège les organes, le cerveau… Il pourrait être comparé à un énorme masque… Peut-on vraiment voir ce qui est en chacun?

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  5. Merci ! Very nice… unfortunately I lose some of the natural poetry of French in my limited high-school level education of that language, now largely faded in memory… My French is not so good, excuse moi… I had to rely on Google Translate. Fascinating, regardless… emptiness of self and emptiness of world are profound, pour moi. There is something in the psychology of Zen which captures this and where the mask (as here) becomes the mysterious boundary of nothing much at all… the mask of course is the self or that reflexive, inverted self of culture, nation or world… and once having crossed the river, having gotten to the other side and realised the insubstantiality, this empty façade at the heart of self and culture… are we brave enough to then discard this mask ? Your words are beautiful and profound, in any language – the semantic power transcends the native linguistic context. 🙂

    Related thoughts:

    “A systems-theoretical self is the empty set, taken as an object and then reflexively, recursively, iteratively and indefinitely reflected back into (and through) itself. Like the basis for counting: a base set of emptiness, itself impermeable and mysterious, becomes refracted through some elemental logic or ontological necessity into a duplicity defined of itself and that which it is not. That which something which is nothing is not is itself something and through this the impossible almost wishes itself into existence as it becomes its own negation. The negation of negation thus then becomes something but the internal mirroring does not cease at this point. Like some primordial fracture in existence, the rupture continues to grow and divide. A fractal mitosis echoing into a vast cavernous entity that its own onward march of exponential internal recursion and self-negation has invoked.”

    From:
    https://daedeluskite.com/2017/01/09/a-systems-theoretical-self/

    🙂

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  6. Il est un masque qui peut avoir raison de tous ces masques. Et celui-là a un corps. Il a un corps qu’il ne masque pas. C’est celui que l’on utilise dans le travail théâtral pour révéler le corps dans son mouvement, dans sa présence : c’est le masque neutre.

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  7. Pour moi, le masque se construit de siècles en siècles au gré des civilisations, et se transmet d’êtres en êtres… il se moque de la mort, de qui le porte, s’il est vide ou plein, il y aura toujours quelqu’un pour le porter et lui prêter existence suivant l’ère du temps… 🙂

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