Qu’est ce qu’une pause?

Quel est ce temps entre les temps qui se glisse et s’intercale comme une vue sur le temps même?

La pause est-elle un temps d’attente ou de latence? Est-elle moment, ou interstice? Faut-il dire qu’elle vient, ou qu’elle intervient ? Est-elle changement ou effacement du rythme? Est-elle attention ou a-tension?

Cet espace de temps où rien n’est obligé pourrait-elle devenir un pays? Est-ce un temps mort ou la vivacité-même du temps? Comment peut-on “faire une pause” si elle consiste précisément en ne rien faire?

Mais d’où vient ce besoin si pressant de faire le rien? Consiste-t-elle à se laisser lentement dissoudre dans le rien universel? Est-elle la plénitude d’une liberté sans emploi, ou bien le plaisir que nous prenons à une suspension de notre présence?

Serait-elle la joie d’être, ou la joie de ne pas être? Les deux, peut-être, si elle est joie d’exister sans avoir être, joie de se sentir rien.

38 thoughts on “Qu’est ce qu’une pause?

  1. La pause serait peut-être de ne plus s’interroger : mais il est difficile de s’arrêter de penser. Même la nuit, le cerveau ne se repose pas, le film des rêves ne peut se figer sur une image, que le projecteur ferait alors brûler.

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  2. ..pour moi, elle est l’étirement de l’instant…juste à la limite de l’ennui…c’est une notion que j’ai toujours tenté d’amener dans mes vidéos….c’est un étirement où je me sens bien…sourire

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  3. “Faire une pause” ne consiste pas à ne rien faire, puisqu’il s’agit d’accomplir ce qui est essentiel à notre existence : apprendre à se connaître et à apprécier notre propre vie. Il nous est nécessaire de se poser entre deux instants, de rester suspendu entre deux actions, pour se retrouver nous-mêmes enfin, sans artifice.
    Prendre le temps de l’inaction physique pour laisser le champ libre à la pensée. La laisser se nourrir en toute liberté, oublier les tensions. Ne garder que le meilleur.
    Prendre le temps de rêver.
    Puis laisser pénétrer doucement le tumulte extérieur comme on ouvrirait les volets, lentement pour ne pas se noyer dans le flot de lumière.

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      1. La vraie est faite de tous les instants, mais certains nous permettent de comprendre et “digérer” les autres, ou encore de s’en délecter en se les repassant en boucle avant se s’endormir…
        La vraie vie est à la fois action et méditation. N’est-ce pas ?

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  4. Je crois – en effet – que c’est un interstice; c’est poser un instant son attention sur l’espace d’absence et de vide que l’on trouve entre l’inspiration et l’expiration, là où l’on cesse la danse de la respiration, juste le temps de regarder l’invisible et ne pas s’y laisser mourir. Bonne journée. ar

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      1. Moi je crois que ce qui caractérise la vie, c’est le mouvement de changement, la constante métamorphose à l’environnement intérieur et extérieur, il n’y a rien de triste ou de joyeux, juste des interprétations et c’est là, quand on se tient juste une instant dans ce vide qu’on expérimente cette neutralité. Enfin, moi c’est comme ça que je le ressens. Je sais même pas si c’est compréhensible avec les mots, mais j’ai fait de mon mieux 😉

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  5. Si analizo mi comportamiento y concluyo que no he logrado nada sustancial, mi pausa deberá ser crear algo importante. Entonces mi tregua —por corta que sea— será más valiosa que toda la pérdida de tiempo de mi actividad anterior.

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  6. Rien n’est simple. L’être humain s’il rentre dans ” l’espace temps” de l’être, sans doute trouvera-t-il le moment, où l’individu réussi à se sortir de lui-même… S’il est capable de flotter en lui, autour de lui, pour lui; tout en réfléchissant à l’importance de l’existence, de sa réalité, en toute liberté intellectuelle; sans qu’il y ait “pause”, l’être peut se retrouver nourri comme une terre fertile, une âme épanouie, tout cela en un “rien de temps”, que nous humains nous avons beaucoup de mal à définir. Il s’agit de “la plénitude du bien être, de l’être.” C’est sans doute approchant du “temps entre les temps…”

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  7. pour vous jean Paul.
    MÉDITATIONS POÉTIQUES : Le lac de Lamartine expliqué (1820)
    Le lac
    Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
    Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
    Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
    Jeter l’ancre un seul jour ?

    Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
    Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
    Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
    Où tu la vis s’asseoir !

    Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
    Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
    Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
    Sur ses pieds adorés.

    Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
    On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
    Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
    Tes flots harmonieux.

    Tout à coup des accents inconnus à la terre
    Du rivage charmé frappèrent les échos,
    Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
    Laissa tomber ces mots :

    « Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
    Suspendez votre cours !
    Laissez-nous savourer les rapides délices
    Des plus beaux de nos jours !

    « Assez de malheureux ici-bas vous implorent ;
    Coulez, coulez pour eux ;
    Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
    Oubliez les heureux.

    « Mais je demande en vain quelques moments encore,
    Le temps m’échappe et fuit ;
    Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l’aurore
    Va dissiper la nuit.

    « Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
    Hâtons-nous, jouissons !
    L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
    Il coule, et nous passons ! »

    Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
    Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
    S’envolent loin de nous de la même vitesse
    Que les jours de malheur ?

    Hé quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
    Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?
    Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface
    Ne nous les rendra plus ?

    Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
    Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
    Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes
    Que vous nous ravissez ?

    Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
    Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
    Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
    Au moins le souvenir !

    Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
    Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
    Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
    Qui pendent sur tes eaux !

    Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
    Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
    Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
    De ses molles clartés !

    Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
    Que les parfums légers de ton air embaumé,
    Que tout ce qu’on entend, l’on voit et l’on respire,
    Tout dise : « Ils ont aimé ! »

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