Nous parlons de métaphysique pour désigner ce qui provoque en nous le sentiment du rien : il y a des lieux métaphysiques, des instants, des expériences métaphysiques. Fumer une cigarette, parfois. Se relever la nuit. Tenter d’imaginer concrètement comment on meurt de faim. Regarder le flot des voitures depuis un pont d’autoroute. Suivre une ambulance. S’ennuyer. Revenir sur un lieu d’enfance. Regarder les autres sans les écouter, ou couper le son de la télévision. Entrer dans une salle d’accouchement, ou dans un bloc opératoire. Regarder la mer en face, ou le ciel étoilé. Sortir d’un cinéma. Manger après une longue marche. Prendre un objet au hasard et le scruter dans ses moindres détails. Aller au travail très tôt, alors que tant d’autres dorment encore.
Le sentiment du rien est le premier des sentiments, parce qu’il nous donne à sentir que nous existons face à lui, même si c’est par lui. Tout ce joue dans l’entre-deux du rien et de mon rien, comme si entre son inexistence et la mienne, le sentiment du rien traçait une ligne d’existence.
Ils sont métaphysiques ces lieux, ces instants où l’on sent que l’existence est la tangente du rien.
Le rien métaphysique met notre tout à l’abri.
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Mais dans un abri au sein même du danger.
Comme le philosophe sur sa planche,
Mais sans le Dieu de Pascal.
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Dans la métaphysique, je ne vois pas l’existence du “rien” mais celle d’autre chose, de l’ailleurs, de l’incommunicable, de l’étrange (comme dans une toile du peintre “métaphysicien” Giorgio De Chirico), de l’au-delà, de l’après…
Je sors d’un cinéma : il n’y a pas “rien” mais des images et des sons imprimés, pour certaines séquences, dans ma mémoire. Il reste à inventer le film “métaphysique” (Guy Debord s’en est approché avec ses plans tout noirs)…
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réservez-moi une place pour le film métaphysique!
Je vous y convaincrai que l’étrange et l’incommunicable
sont des faces, ou des phases du rien.
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Ou observer un bureau de tabac depuis sa fenêtre, comme le raconte Fernando Pessoa.
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C’est un peu fumer la rue, non?
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A reblogué ceci sur O LADO ESCURO DA LUA.
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Grand merci!
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Rien ne va plus.
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C’est très beau, merci,
et sans doute très profond.
Une jeune femme, rencontrée par Bourdieu
lorsqu’il écrivait “la misère du monde”, disait:
“Il y a tout qui va pas”
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La profondeur n’existe pas. Il n’y a que de la superficialité.
De rien.
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D’accord;
de toutes façons, la surface n’est jamais
qu’une ligne à deux dimensions.
C’est toujours une limite
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Les Anglo-Saxons ont tort en beaucoup de choses sauf une – au départ il n’y a que la surface.
La limite n’est qu’une construction sur les surfaces.
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Mais la surface n’est-elle pas la série des points
où la chose s’arrête, donc sa limite?
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Je ne le pense pas. La surface définie les points qu’on prends pur la circonférence des choses.
C’est bien l’inverse: la chose est la limite de la surface. Si quelque chose semble morte c’est parce que sa surface est devenue pourrie.
Mais qui sais? En tout cas je vous remercie pour votre gentillesse. Il n’y aura jamais assez de gentillesse dans cette monde, ça, oui, est sur
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Et si la chose n’est rien?
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Alors on comprends la vérité.
Il n’y a que les surfaces et les mots pour les décrire.
A la limite, c’est d’une énorme beauté.
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Dans chacune de nos cellules est inscrit tout le mystère de la vie, si semblable et en même temps si différent de celui de toutes les autres cellules de tous les êtres vivants. Que le support de ma pensée soit un amas de protéines, un assortiment de chaînes de carbone, ou encore un souffle de vent, n’a finalement que peu d’importance, puisqu’elle seule conditionne mon existence et demeure la source de tout. Et ca, ce n’est pas rien…
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Il est fascinant de voir
comment ce qui est réel
pour l’un ne l’est pas
pour l’autre.
La réalité serait-elle mythique?
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À chacun sa réalité
Il semble que nous puissions habiter un trou noir avec comme limites celles de notre univers, dont il est impossible de sortir puisqu’il nous retient prisonnier…
D’autres hypothèses inverses coexistent !
Cependant, Le décryptage progressif de nos mécanismes cellulaires nous plonge dans le concret et nous rattache à nos racines protéines. Tant pis pour les rêveurs en mon genre qui préfèrent laisser s’envoler leur poussière d’étoile chaque nuit de pleine lune…
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mais chacun sa réalité,
n’est-ce pas justement
l’absence de réalité
commune?
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Votre article me fait penser à “Ces petits riens de Gainsbourg”, “mieux vaut pleurer de rien que de rire de tout, pleurer pour un rien c’est déjà beaucoup”.
(Comme Gainsbourg) vous prouvez toujours que rien est quelque chose, et en même temps j’ai l’impression que vous essayez de dire que non, “rien” au sens (déjà paradoxal à mon avis) de néant, existe. Mais puisque vous prouvez vous-même que “rien” n’existe pas, à quoi mène votre paradoxe? Pourquoi vous tenez tant au rien, quand même ?
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Je n’y tiens pas, c’est lui qui insiste…
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