Qu’avez-vous fait de l’inconnu ?

Newton disait que connaître est comme la mer, dont nous voyons la surface, mais dont nous ignorons toute la profondeur. Les villes, de même, sont des surfaces qui s’ignorent, toujours juchées sur des milliers de kilomètres de terre, de roche, de magma et pour finir de métal dont elles n’ont pas la moindre idée.

Avons-nous lu un millième des livres ?

Connaissons-nous un millionième des êtres humains ?

Avons-nous vu le milliardième des lieux ?

Cela ne nous empêche en rien de professer des opinions littéraires, de juger l’homme en général, et de penser connaître des pays entiers.

Sommes-nous capables de reconnaître, de proférer, de professer l étendue de notre ignorance ? Pouvons-nous admettre l’inconnu comme tel ?

La première chose serait de cesser de craindre d’en avoir peur. Si l’inconnu faisait peur, nous devrions depuis longtemps être tous morts de terreur. L’inconnu est ce que l’on oublie le mieux tant qu’on s’en tient à la peau des êtres et des choses. La deuxième chose est de se souvenir de l’inconnu, qui fait le fond de chaque chose. La vraie culture consiste à se souvenir de ce que l’on ne sait pas. Et c’est cela philosophie : le courage de penser tout ce qu’on ne sait pas.

 

20 thoughts on “Qu’avez-vous fait de l’inconnu ?

      1. Comment fait-on pour penser ce qu’on ne sait pas ? Peut-être venir, oui, avec une martingale (qu’est-ce d’autre ?), héritière de toute l’histoire de la philosophie et de ses nouvelles questions, jusqu’à nous pour le dire ? Bataille, que je lisais ce matin et qui ne s’est jamais dit philosophe, écrivait dans l’un de ses fragments (“fragment sur la connaissance, la mise en action et la mise en question”) : “Seule la philosophie revêt une étrange dignité du fait qu’elle assume la mise en question infinie.” ; d’où, poursuit Bataille, le fait, aussi, que la philosophie soit souvent oiseuse.

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  1. La peur suscitée par l’inconnu est parfaitement naturelle. C’est ce qu’on ne comprend pas qui nous effraie.
    La peur est un système d’auto défense qui nous a plutôt bien réussi depuis l’époque des grands singes.

    Certains chercheurs, pionniers ou visionnaires réussissent à transcender leurs peurs, mais pas à en faire abstraction.
    Christophe Colon ,Charles Lindbergh, Youri Gagarine ou Chuck Yeager ne devaient pas être détendus au moment crucial.

    Est-ce que le courage n’est pas d’oser imaginer qu’il y aurait autre chose ?

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