Écrire ou décrire ?

Sautez-vous les descriptions ?

Ou bien avez-vous déjà songé qu’elles sont peut-être le premier mode de validation de l’écriture ? Qu’est-ce au fond que la caverne, le morceau de cire ou le garçon de café ? D’excellentes descriptions.

Peut-être que la philosophie décrit, bien plus qu’elle ne définit ou démontre. Peut-être a-t-elle en commun avec la littérature ce mode de création de monde.

Faut-il penser que la littérature crée des mondes là où la philosophie prétend créer notre monde ? Ou bien reconnaître que la littérature en la matière conserve une bonne longueur d’avance ?

Peut-être qu’écrire est d’abord décrire.

9 thoughts on “Écrire ou décrire ?

  1. Bonsoir.

    Il m’a toujours semblé que la philosophie et la littérature font appel à deux parties distinctes de l’imaginaire. Et surtout, à deux façons différentes de faire fonctionner et vivre l’imaginaire.
    Donc, ma façon de créer des (nouveaux) mondes j’imagine.
    Là où la “description philosophique” me demande d’être active et le cerveau alerte pour être assimilée puis “régurgitée” (ce n’est pas péjoratif), la “description littéraire” nécessite plus de passivité pour bien exister.
    Sauf, peut-être, lorsque les deux coexistent, comme dans ce roman: “Le monde de Sophie” (je ne me souviens plus du nom de l’auteur).
    Je ne sais pas si on peut appeler ça “la fusion” des mondes?

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  2. J’ai tendance à penser que toute description est une création, ce que voit ou croit voir l’œil passe par le truchement de l’imaginaire et de l’interprétation : pourrions-nous imaginer que deux auteurs restituent de la même façon un cadre, un physique ? Peut-être l’écriture a –t-elle le somptueux avantage de n’avoir pas à courir après l’exactitude, la précision, là où la philosophie tentera de mettre un cadre ajusté, circonscrit ? mais sur ce deuxième point, vous en savez bien plus que moi 

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  3. La philosophie n’est sans doute pas description mais expression de ce qui ne peut être décrit : la métaphysique ne saurait se laisser enfermer dans des suites de paragraphes mais dans le nuage qu’elle disperse au-dessus de notre pensée.

    La littérature vient décrire une approche concrète de l’indescriptible : la philosophie en mouvement.

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  4. L’on pourrait penser que le mot “littérature” est relatif à toute forme de pensée qui verse dans l’écrit ou de “savoir contenu dans les livres”, si on lui reconnaît son étymologie. Par là, considérant que la philosophie – quoique l’homme accouche d’une idée par l’esprit – peut verser dans l’écrit et s’accorder tout à fait au mot littérature : eu égard à la définition latine de Quintilien et Sénèque qui étend cette dernière à la grammaire et à la philologie, voire encore Tertullien, l’on pourrait penser ce débat non avenu. En revanche si l’on considère son acception moderne, en effet, il semble que l’on eût voulu vers 1800 lui accorder un sens formel (le goût, l’esthétisme, la matière émotive, sensible…), distinct du fond (la structure de la pensée, le raisonnement…). Celle-ci et la Philosophie se distinguent alors, en effet, par un schisme entre raisonnement philosophique et esthétisme littéraire. Selon moi (en toute modestie , sans que je ne veuille apporter quelque qualité péremptoire à ma proposition !), ce débat serait non avenu en ce qu’il dépend simplement de la définition biaisée, parce que circonstanciée, que l’on attache au mot littérature, considérant qu’elle évoluera toujours. Enfin, j’ajouterai au sujet d’écrire ou décrire, qu’il n’y a pas de réelle différence, si l’on considère la nature descriptive d’un certain naturalisme tel que celui de Balzac, ou bien faudrait il y voir une distinction entre description esthétique et description des objets et des idées philosophiques ? Considérant également que de nombreux romanciers s’inspirent de la réalité et donc décrivent le monde à leur manière et que la philosophie ne déroge pas à l’imagination pour soulever des hypothèses et les argumenter. Trop de distinctions serait davantage la marque d’une volonté cartésienne de créer des dualités fictives et catégorielles, nécessaires à l’esprit humain pour articuler le monde dans une approche systémique fondée sur des rapports antagoniques.

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    1. Décrire des concepts, des raisonnements, les réflexions de personnages illustres, des guides de la pensée, ceux du passé, comme ceux de nos contemporains, expliquer leurs travaux selon l’importance d’un travail d’intellectuel dans des ouvrages, où lors de cours, est une suite d’études et d’analyses techniques, composer par des spécialistes de discipline philosophique pour instruire, faire comprendre aux autres.
      Ecrire, c’est imaginer, raconter un récit, une histoire librement, de différentes manières, à différents degrés de complexité pour, distraire le lecteur, le faire voyager, partager avec elle ou lui, une aventure au long des pages lues. Les seules contraintes sont de respecter les règles élémentaires.
      Les philosophes qui instruisent sont des intellectuels universitaires. Les auteurs eux, c’est différent, ils ne sont pas tous sortis de la faculté.
      Chaque individu s’exprime selon ses sensibilités, ses réflexions intérieures, sans être instruit il peut philosopher pour lui-même ou auprès des autres. Ecrire pour les autres réclame un don en plus de bonnes connaissances… Pour ma part, écrire et décrire ce sont deux choses différentes. Seule la philosophie peut me permettre de comprendre la différence.

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