Peut-on faire le tour des mondes ?

Nous nous croyions encore, il n’y a pas si longtemps, dans les romans de Jules Verne, à cette époque où « la science », comme on disait, alliée à une bourgeoisie conquérante, se proposait de « faire le tour du monde », voire de le conquérir.

Depuis, sans doute, les mondes se sont-ils multipliés. Parfois même à l’intérieur les uns des autres. Notre notion de mondialisation n’est peut-être qu’un espoir assez vain de ramener tous ces mondes à un seul, à l’âge où la prolifération indéfinie des mondes défie tout univers commun.

Kant, déjà, avait entrevu, comme l’on fait un rêve, cette superbe définition du monde comme « dedans sans dehors ». Hélas, dès que chaque monde est ignorance du reste, il y a de la place pour un nombre indéfini de mondes qui se négligent mutuellement.

Sans doute est-il vain, déjà, de recenser les mondes. Mais peut-être pourrait-on esquisser des types, des genres de mondes.

Je vous serais reconnaissant de m’aider en me donnant des exemples de monde. Grands comme petits, évidents comme méconnus.

C’est une tâche que je peux entamer, mais sûrement pas mener à bien tout seul. J’aurai trop peur d’oublier des genres de monde. Car ils sont si divers : sans doute le train est-il un monde. Mais peut-être Ikea en est-il un. Il n’est pas certain que les sous-officiers et soldats français durant la guerre d’Algérie aient vécu dans le même monde que leurs officiers : la séparation des cantines, par exemple, plaide pour l’existence de deux mondes. Y a-t-il un monde pour les enfants, voire les parents d’une même classe ? Dans quelle situation les passagers d’un même car ou les lecteurs d’un même journal peuvent-ils devenir un monde ?

Un quartier, une rue, est-ce un monde ? Chaque café, chaque couple, chaque esprit est-il un monde ? La gare en général est-elle un monde, ou chaque gare est-elle son propre monde ? chaque train, chaque wagon? à la limite, y a-t-il un monde autour de chacun ?

Et puis, bien sûr, il faudrait savoir que faire des mondes. Faut-il les connaître, comme par un voyage ? Convient-il d’en choisir, mais alors combien, et lesquels ? Ou bien certains mondes nous sont-ils attribués ? Peut-on alors changer de monde ?

Si vous voulez que nous réfléchissions ensemble à ces questions, faites-moi part de vos exemples, de vos remarques ou de vos suggestions. Le prochain article tiendra compte de tout cela. Merci à tous.

16 thoughts on “Peut-on faire le tour des mondes ?

  1. Je pense que n’importe quoi peut constituer un “monde” dès qu’un esprit humain cherche à l’observer, à le décrire, voire à l’organiser…
    Un poème c’est un monde (le texte et sa démarche poétique) qui en contient d’autres, imaginés (l’objet du poème, ce qui est décrit).
    Enfin, c’est ce que j’en pense !

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  2. Bon jour

    A lecture, je pense mondes et corporations. Il faut être initié pour en faire parti. D’autres se font par un ticket de métro, un diplôme ou pas, à ouvrir une porte, à dire un mot de passe ou l’écrire, avoir une particularité, etc. Il y autant de mondes que d’être humains, vivants ou morts et autant de réalités que d’imaginaires. Bref, heureusement que nombre de monde sont en interconnexions, sans quoi nous serions vraiment seul. 🙂

    Max-Louis

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    1. Vous avez raison
      de souligner la question de l’accès.
      Si le monde n’a pas de dehors, il est clos, et d’accès difficile.
      Mais à mon avis, la sortie risque d’être encore plus difficile que l’accès.
      Car beaucoup de mondes comprendront qu’on souhaite y rentrer, mais bien peu, qu’on les quitte…

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      1. Bonsoir Jean Paul.
        Le seul avantage des pas décidés est,que l’on donne
        l’impression de savoir où l’on va…On n’ose pas vous déranger
        tellement vous avez l’air important…
        Mais,c’est juste une façade…
        Il n’y a que les simples d’esprit qui croient savoir où ils vont..
        Heureux ,ceux qui ont les jambes flageolantes et ignorent où ils vont.
        Car ,alors ils entre aperçoivent à quel point le monde est vaste
        ET? alors seulement ils peuvent choisir une direction.
        Vous,ne soyez pas triste! vous avez été touché par la lumière et,
        bientôt VOUS VERREZ COMBIEN LE MONDE EST VASTE ET BEAU.
        ( extrait :le fil) Marguerite

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  3. Oh, là, là, je ne voudrais pas être à votre place. Finalement le mot “monde” révèle justement l’infinité du langage. Ca me fait penser au mot “neige” pour les Inouit, qui se révèle si multiple contrairement au nôtre. Là, je coule et sans bouée.

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  4. Ce qui me paraît essentiel c’est de décloisonner. Ce qui est terrifiant ce sont les mondes clos sur eux-mêmes, une image de la mort. Les mondes n’existent que pour être déconstruits, pour s’ouvrir sur les richesses des autres, l’infini en chacun, l’infini est à la fois unicité et multiplicité vivante

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  5. Que la mythologie est belle! Elle n’offre pas un monde mais des quantités de mondes. De Homère à Pintare,de Platon à la Stoa d’Ovide des latins aux grecques si les dieux changent de noms ils restent la pensée de mondes multiples que l’homme orgueilleux réfute.

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