La religion comme solution symbolique des conflits

La religion part d’un constat : l’injustice crée invariablement des conflits, qui sont toujours susceptibles d’éclater en véritables guerres, qui sont catastrophiques pour tous . Dès lors l’idéal serait de résorber l’injustice, et en attendant, Il faut tout faire pour éviter que ces conflits éclatent.

A partie de là, l’idée proprement religieuse, c’est que quelque soit le conflit humain, on peut à la fois entrevoir l’idéal et différer l’éclatement du conflit en trouvant un objet et un discours. Autrement dit : tout conflit est soluble par un symbole. Il suffit de montrer un objet et de tenir sur lui un discours tel que chacun le prendra dans des sens différents mais compatibles pour que le conflit, au lieu d’exploser, devienne traitable par un commun accord.

Bien sûr, cette solution reste imaginaire : le conflit n’est pas résolu et l’injustice demeure. Mais ce statut imaginaire de la solution religieuse, qui limite son effet social réel, multiplie les chances qu’elle soit effectivement acceptée par tous. D’abord, parce qu’une solution imaginaire est aussi efficiente qu’une solution réelle si tout le monde y croit, ensuite parce l’acceptation de la réalité de l’imaginaire permet de placer dans la balance de la justice des compensations imaginaires, qui y pèsent réellement, sans pourtant exister. D’une manière générale, la mort permet d’imaginer que le sort de chacun après la mort rétablira la justice qui manque sur terre. Le propre de la religion est donc d’unir, par l’imagination de la justice.

11 thoughts on “La religion comme solution symbolique des conflits

  1. Ma première réaction face à cette réflexion sur le sens ou l’origine de la religion est l’étonnement auquel succède rapidement la perplexité… D’où peut bien provenir en effet cette pensée, “croyance ?” selon laquelle l’expérience de l’injustice donnerait naissance à une forme imaginaire de “résolution” empruntant la démarche religieuse? je n’ai personnellement jamais encore rencontré quelqu’un qui m’en parle ainsi!

    J’ai de plus quelque difficulté à voir dans l’actualité mondiale présente de quoi soutenir une telle thèse!

    Ensuite je pense utile de prendre acte de la polysémie du terme religion. Freud et ses nombreux adeptes ont situé, en partie, l’émergence de la religion dans un besoin et un désir profond de sécurité et de bonheur sans ombre tout en la définissant comme solution imaginaire, “illusoire”!

    Je pencherais plutôt pour un arrimage de la religion, en première analyse, à la quête de sens devant l’insondable mystère de la Vie et de la Mort, pour faire bref.

    Quant à la religion chrétienne, et plus précisément la foi religieuse, celle-ci transcende le plus souvent cette vision ou lecture pour la situer dans le champ d’une relation personnelle avec la Source Personnelle du Sens, comme disait Jean Ladrière.

    En partage.

    Bien à vous.

    EB

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    1. Merci
      pour la patience de votre réponse.
      Je me demandais si l’on pouvait trouver et dire
      quelque chose de vrai sur la religion,
      qui ne soit pas rejeté a priori
      par les croyants, les athées,
      ou par les deux.

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  2. Comme le disait si bien Freud, les gens ont besoin d’une croyance pour avoir un but à leur existence, pour se sentir bien et pour avoir une certaine sécurité. Cela me semble normal. Malheureusement, les religions ne sont pas toutes les mêmes et sont ainsi la source de conflits dans le monde. Il suffit de lire l’actualité ou de relire l’histoire pour s’en rendre compte. L’homme est ainsi fait. Donc, la religion ou la non-religion ne peuvent pas être une solution symbolique des conflits. Je suppose que le mal , comme le bien sont intégrés dans l’espèce animale humaine et quelle que soit la chose à laquelle nous croyons, nous serons toujours des guerriers dangereux.

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    1. Où voyez-vous des conflits d’origine religieuse?
      sans doute y en a-t-il à l’intérieur des communautés ,
      et de chaque institution religieuse, y compris localement.
      Quant aux conflits plus globaux, viennent-ils des religions
      ou de pouvoirs économiques, militaires, politiques
      utilisant telle ou telle rhétorique religieuse?

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  3. Par rapport à la quête du divin ou du Soi, les Indiens parlent de “Maya”, l’illusion. Créée par l’égo, elle se manifeste dans la perception de la réalité extérieure et nous empêcherait de rejoindre (yug) la réalité intérieure… Comment se place la religion entre l’égo et le Soi ? Entre Soi et “Dieu” ? La croyance en des symboles suffirait-elle à apaiser le doute de ce qui est “désuni”.

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    1. Soi, maya, ego, Dieu, etc.sont des symboles.
      Croire en eux permet de les utiliser dans un discours commun,
      qui peut résoudre certains conflits, ou du moins en différer l’explosion.
      C’est un peu comme les mots, tout simplement: si mon adversaire et moi croyons au langage,
      il devient possible de parler ensemble de nos problèmes.
      La solution n’est pas certaine pour autant,
      mais elle devient possible.

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  4. Depuis la nuit des temps, toute religion a été source de conflits. Chaque croyance n’a jamais parlé le même langage, puisqu’elle cherche toujours à défendre sa propre idéologie religieuse. Et à un moment donné, chaque interlocuteur se trouvera confronter à une divergence d’opinion, qu’il maintiendra soit par orgueil ou soit par un prosélytisme consciencieux. Je ne suis pas un expert en matière philosophique, mais croire en un discours pour régler les problèmes entre croyants, ou non-croyants, est pour moi purement utopique.

    Ni Dieu ni maitre!

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