Ce qui est formidable dans l’hypercapitalisme, c’est qu’il fait aimer tout le reste

Imaginez l’ouverture du premier Congrès de l’Humanité : tous les partis et toutes les religions du monde ont envoyé leurs représentants pour résoudre les problèmes de la planète, mais le chef de la sécurité exige qu’avant tout débat, les congressistes se mettent d’accord sur la procédure d’évacuation en cas d’incendie.

Chaque groupe a son idée : les partis de droite refusent les portes de gauche, tandis que les partis de gauche rejettent les portes de droite. Les révolutionnaires proposent de casser les vitres, mais les légalistes s’y opposent. Les écologistes voudraient que chacun sauve une plante verte. Les musulmans proposent la porte vers La Mecque, mais les chrétiens préfèrent l’ascenseur, qui rapproche du ciel. Comme nul ne sait plus que faire, les bouddhistes proposent le non agir, et les hindouistes approuvent, car tout est illusion. Puis c’est un grand brouhaha, car un congressiste refuse de passer par la même porte qu’un autre, dont les amis ont massacré son peuple. Aussitôt, chacun se lève pour désigner ceux avec lesquels il refuse de sortir. La plus grande confusion règne.

Mais, tout à coup, le chef de la sécurité crie dans le micro qu’une vraie bombe va exploser. En un instant, tout le monde est dehors, même les hindouistes et les bouddhistes. Avec ou sans plante verte, tous les politiques sont passés par la porte la plus proche ; certains légalistes ont cassé des vitres ; et nul ne se demande s’il a choisi la bonne issue.

Si quelque chose menace de tuer tout le monde, toutes les issues sont également bonnes, même les plus opposées, même les plus condamnables pour tel ou tel. Il n’y a aucun besoin de s’entendre pour privilégier tous la même issue. Chacun doit sortir comme il peut, et, tous étant vivants, chacun pourra bâtir, avec qui il voudra, la société qu’il voudra. Face à l’hypercapitalisme et à tous les scénarios de mort qu’il nous propose, n’attendons pas d’avoir trouvé la bonne sortie. Car rien n’oblige à choisir un seul chemin, au contraire : l’humanité survivra si elle prend tous les issues à la fois.

23 thoughts on “Ce qui est formidable dans l’hypercapitalisme, c’est qu’il fait aimer tout le reste

  1. C’est de cette énergie intellectuelle dont je pense qu’il faut s’armer pour soumettre les politiques à l’intérêt de notre planète.
    Toutes les issues possibles, oui, même la plus simple comme ramasser à la main les plastiques dès que l’on retourne d’une promenade en pleine nature. Au risque d’être ridicule ou de donner l’exemple ?
    Mais dans quelle mesure la philosophie ne cède-t-elle pas la place à la politique ? Propos à modérer ou à “consommer” sans modération ?

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  2. Il y a cinquante ans, je trouvais que le capitalisme était un rempart contre le communisme et une ouverture vers la richesse pour tous. Aujourd’hui, je jouis d’un certain confort même avec très peu de revenus et je trouve que le capitalisme a outrepassé ses droits et que trop souvent ses serviteurs zélés les banquiers et les autres commanditaires sont hors la loi. D’ailleurs malgré la crise mondiale qu’ils ont provoqué, ce sont toujours eux qui gouvernent… Rien n’est plus formidable dans l’hyper capitalisme, parce que avec tous les couleuvres que nous devons avaler chaque jour, s’il fallait revenir -ce que je ne souhaite sûrement pas- aux années 1939 à 1945; il se passerait les mêmes trahisons, les mêmes collaborations, etc… vue la complexité des êtres, notre égoïsme et notre lâcheté (et j’en fait sûrement parti, quoi que je réfléchirai…) notre immaturité chronique, quelque soient nos connaissances intellectuelles… Chacun d’entre nous ne pense qu’à lui, à sa famille et à conserver son petit bien être, tout en se réclamant d’être du bon côté”. Quel côté? Mais où se trouve le bon côté, selon les circonstances dramatiques, douloureuses, etc?…C’est cela sans doute votre question Monsieur Galibert? Nous devons rester nous mêmes quoi qu’il arrive, nous influence, nous affaiblisse…Bien sûr nous devons puiser en nous cette force..Nous devons respecter quoi qu’il se produise l’autre, les autres, quel que soit la religion, les opinions politiques ou le mode de vie…Quand tous, les citoyens d’un même pays, nous serons capable d’une telle intelligence, d’une telle tolérance, là, nous pourrons combattre ensemble, ce qui ne nous convient pas en politique, sur le déficit de nos pouvoirs d’achat, sur les objections que nous pourrons formuler aux industriels sur certains produits commerciaux, eux qui nous prennent pour des enfants, sur l’administration gouvernementale qui nous assistent parfois contre notre volonté, contre nos représentants à l’Assemblée Nationale qui votent ce que leur commande le groupe auquel ils se sont inscrit, en ignorant ce que la population leur demande après coup, contre les injustices et les inégalités trop criantes, contre la guerre de religion actuelle, conséquence des attaques de l’Occident, etc… Nous avons encore beaucoup à apprendre sur l’évolution de nos mœurs, de nos tempéraments et sur notre véritable désir d’évolution pour arriver à un tel aboutissement. Diviser pour régner n’est pas une solution, la dispersion des idées véritables et personnelles non plus, même si nous les individus sommes tous différents; apprenons a être et nous comporter en personnes vraiment responsables.Nous sommes arrivés à un carrefour inconnu de notre civilisation!

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  3. Il faut peut-être aussi se poser la question de la “porte d’entrée”.

    Quel est l’intérêt de ce genre de rassemblement ?

    Sachant que toutes les opinions opposées y seront confrontées, sans aucun espoir de “synthèse” (comme on aime à le dire chez nous dans les hautes sphères gouvernementales), la “sortie” ne pourra être que la plus confuse et la plus “à la va-comme-je-te-pousse”.

    On l’a vu concernant les réunions sur le Grexit : Varoufakis et Tsipras ont pris la porte (dans la figure).

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  4. Je trouve que votre écriture et vos propos ont souvent un côté poétique. Et c’est mon propre propos politique dont je me demandais s’il avait sa place sur votre blog.

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  5. J’ai beaucoup apprécié la métaphore.
    Il me reste quelques questions toutefois :
    – Qui sera le chef de la sécurité ?
    – Quel micro sera assez puissant pour qu’on l’entende ?
    Pas si simple de trouver les réponses…
    Merci de partager avec nous vos réflexions.

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  6. Bon jour,

    Ce qui me fait peur, c’est l’un des mots du titre : hypercapitalisme. A la lecture du texte je me demande si chacun(e) doit prendre des chemins différents, construit une cohérence. Je lis votre texte comme une branle-bas de combat, un sauve-qui-peut, mais qui est actuel. Et cette humanité n’a que les lambeaux de sa propre déchéance car elle n’a plus de piliers à quoi se tenir.

    Max-Louis

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  7. @tonydupuy, je comprends et partage votre vision, notamment lorsque vous parlez des trahisons qui ne demanderaient qu’à se reproduire, et effectivement, c’est aussi par les actes que l’on s’engage à aller au-delà de simples réflexions. C’est lorsqu’il y a une unité, que l’on est enfin véritablement soi-même. Mais quelle liberté et quel bonheur de l’exercer pleinement en s’oubliant le plus possible, avec la détermination de cette dame dont vous racontez l’histoire à https://tonydupuy.wordpress.com/2013/01/19/164/.
    Mon blog peut vous intéresser: http://une-vraie-politique-pour-notre-pays.net/

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  8. Après réflexion, il me semble paradoxal de ranger les politiciens et les bouddhistes / hindouistes dans le même sac.
    Nos politiciens ne défendent pas leur parti par conviction : c’est une option qu’ils choisissent en sortant de l’ENA, c’est seulement un choix de carrière. Contrairement aux bouddhistes, par exemple. Et je vous répondrais qu’un vrai bouddhiste ne sortirait pas de la salle en courant. Ça existe des hommes qui sont prêts à s’exposer au danger pour ce en quoi ils croient : Socrate, Épictète, Jésus, Gandhi…
    Je vous accorde que cette espèce se fait rare au XXIème siècle, et encore plus parmi nos politiciens…

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  9. Un vrai politicien ? Je ne sais pas trop ce que c’est. C’est très abstrait. Peut-être une contradiction dans les termes. Une espèce très rare en tous cas. Quelqu’un qui n’aspire pas égoïstement au pouvoir, qui n’est pas vénal, qui se soucie du bien de ses concitoyens ? Oh, pardon… je viens de rêver éveillée.

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    1. En tout cas, vous donnez aussitôt la définition de Platon:
      C’est celui qui agit pour le bien de son peuple.
      La grande force de Platon et de tous es idéaux,
      C’est que le nombre éventuellement énorme
      de faux politiciens ne change
      strictement rien à la
      définition

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