Quand est-il de l’art ?

J’ai voulu, je l’avoue, un titre assez étrange pour poser à la fois deux questions sur l’art :

la plus classique, qui demande « qu’en est-il de l’art ? », ou « qu’est-ce que l’art ? »,

et la plus récente, ou presque, celle de Goodman :

« quand y a-t-il de l’art ? »

Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Parce que

je me demande

si l’on ne pourrait pas faire

aux deux à la fois une réponse aussi élégante qu’évasive :

« il y a de l’art chaque fois que l’on se demande si c’est de l’art ».

N’est-il pas frappant que de Lascaux à Duchamp,

on se demande toujours, et à chaque fois,

si c’est de l’art ?

Les machines de Vinci…, les femmes de Picasso ,

Le carré blanc de Malévich, avec le bleu de Klein…

l’impressionnisme, est-ce vraiment de la peinture ?

Et l’art abstrait ? et la musique concrète ?

Comme si l’art vif était toujours ce que l’on n’a jamais

tout à fait le droit de faire en art.

Comme si l’art vif était toujours ce qui, n’ayant pas de place, doit tout déplacer.

Comme si le propre de l’art était cet en dehors assez provoquant pour le redéfinir

Comme si l’art avait toujours une essence bien sûr, mais toujours à venir.

Comme si l’art était toujours sa limite.

32 thoughts on “Quand est-il de l’art ?

  1. puis-je ajouter une question : pourquoi on semble souvent plus certain que l’art est de l’art avec le recul du temps ? (tout en presumant deja de la reponse).
    Sylvie G
    http:// poesievisuelle.wordpress.com

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  2. Dans le no man’s land
    Vers là-bas, au delà des nuages
    Je fais de la contrebande de mots et d’images

    Pour combler l’absence
    De couleur dans le coeur humain,
    Cet animal d’apparence trompeuse et malin

    Serpent sirupeux
    Souvent tenté par les sirènes,
    Piégé par son propre je pour du pain dans l’arène.

    Mais sans mandoline
    Rien ne coule de l’avatar
    Juste une sève orpheline sans aucun nectar.

    S’il veut l’ambroisie
    L’avion en univers volage
    Et vivre en fantaisie sous l’empire du breuvage.

    Je prierai la lune,
    Le soleil et l’éternel…
    Afin de trouver fortune dans le sens du ciel

    Ce don qu’est l’Amour
    Que secrètement je trafique
    En rêvant, la nuit, le jour… la prose séraphique

    L’art est une épreuve
    Un trésor, l’ombre d’un secret
    Dont l’origine est sans preuve et ne tarira jamais.

    Pense en vagabond
    Joue, danse, peint, écrit… chemine
    Car tous les médiums sont bons pour ressentir le sublime.

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  3. Arte, questo elevato intermediario dell’intimo umano…
    Troppe persone si spacciano per veri artisti, pensando che basti dichiarsi tali per essere considerati degni di considerazione. Credo che soltanto ciò che scaturisce dal profondo dell’anima e che viene esternato con tecniche di alto livello possa essere considerato artistico.
    Purtroppo c’è chi, per mero interesse economico o per favorire il conformismo, fa credere a questi presunti artisti di avere un talento che in reltà non posseggono, alterando il meccanismo fondamentale per l’evoluzione dell’arte: la competizione verso l’alto, e non l’appiattimento verso il basso. Ci vuole tanta umiltà per riconoscere un vero artista, quell’umiltà che manca a chi spera di fare strada con espedienti e non con lo studio, con uno straccio di talento e senza genio. Avere talento è condizione necessaria ma non sufficiente per potersi ritenere artisti.

    “I talenti appartengono all’industria molto tempo prima che questa li presenti: altrimenti non si adatterebbero con tanto zelo.” (Cit.)

    Leggendo il Tuo articolo, le Tue domande, ho pensato a questo lettera di Van Gogh:

    “Mi è venuta una nuova idea ed ecco l’abbozzo che ne ho fatto… Questa volta si tratta semplocemente della mia camera da letto, solo che qui il colore deve fare tutto, e accentuando, così semplificato, lo stile dgli oggetti, dovrà suggerire il riposo, o il sonno in generale. In una parola, guardare il quadro dovrebbe riposare la mente, o meglio la fantasia.
    Le pareti sono viola pallido. Il pavimento è di mattonelle rosse. Il legno del letto e delle sedie ha il tono giallo del burro fresco, le lenzuola e i guanciali sono di un verde limone molto chiaro. La coperta è scarlatta. La finestra verde. La toeletta arancione, la bacinella azzurra. Le porte lilla.
    Ecco tutto. Non c’è niente nella camera dalle imposte chiuse. Le ampie linee dei mobili devono anch’esse esprimere un riposo inviolabile. Ritrattialle pareti, uno specchio, un asciugamano e qualche vestito.
    La cornice, non essendovi del bianco nel quadro, sarà bianca. Questo per compensarmi del forzato riposo.
    Ci lavorerò attorno ancora tutto il giorno, ma vedi come la concezione è semplice. Le ombre e i riflessi eliminati, tutto è dipinto a tratti liberi e piatti, come le stampe giapponesi…”

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  4. J’aurais voulu dire : dès que l’homme a l’intention de créer quelque chose, mais il peut y avoir des exceptions. On peut créer de l’art sans l’avoir prémédité aussi

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  5. Soit vous vous apercevez que vous n’aimez pas le “sublime” et encore moins ce qui est en lien avec un “médium”. Nous avons tous cinq sens et ce n’est pas pour autant que nous sommes tous des artistes. Ne pensez-vous pas qu’il existe une autre dimension en ce qui concerne l’art? Une faculté supplémentaire, un sixième sens? Et pourquoi pas d’une dimension spirituelle? Cette part d’invisibilité exprimée dans tous les arts est bien issue d’une chose indéfinie sinon à quoi servirait-il de se poser la question “qu’est-ce que l’art?” sans y répondre.

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    1. pour moi, le sixième sens est le sens commun:
      celui d’Aristote, Descartes et Nancy.
      Quant à la question de l’art,
      je croyais y répondre en le définissant comme
      ce à propose de quoi l’on pose la question “est-ce de l’art?”.
      Il y a bien des choses pour lesquelles nous ne posons pas la question

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  6. J’entends par sublime un chemin de traverse qui repousse les limites, transforme la norme… C’est une forme d’anticonformisme.
    Est ce que l’anticonformisme est de l’art? Pour le sixième sens, j’entends une forme intuitive qui est aux antipodes de la rhétorique et du cartésianisme… sens qui permet au récepteur sensible d’émettre des oeuvres artistiques sans qu’il y est une logique ou une recette.

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  7. Je ne saurais dire quand il y a de l’art, mais je sais intuitivement que je suis en présence d’une œuvre d’art (plastique, littéraire, musicale…) quand celle-ci m’inspire des sentiments nobles et forts – joie, paix, aspiration au don de soi, conscience de la sublimité de ma vocation d’être humain, désir d’aimer, désir de vivre en plénitude – sans que cela soit nécessairement lié à une beauté formelle. 🙂

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  8. Bien d’accord avec vous. L’art est bien là où l’on se demande si c’est de l’art. L’important est de se poser la question. Mais l’art n’est pas nécessairement le beau, n’est-ce pas ?

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      1. L’art n’est pas nécessairement pas le beau me semble suffisant. Choisir le laid pour l’art revient au même. Cela conduirait à envisager des catégories objectives qui, me semble-t-il, n’ont pas leur place ici. Je voulais dire que l’art n’existe, pour moi, que par une relation entre soi et quelque chose. Cette relation s’établit dans un milieu humain, donc avec des échanges, et comme le résultat d’une histoire — “de l’art”, mais pas seulement. Cela relève ni d’une relation complètement subjective, ni complètement objective, bien sûr. Merci en tous cas de votre réaction.

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        1. Tout comme le laid n’exclut en rien le beau, y compris à leur stade extrême
          Ce fut pour moi la très dure leçon du “carré noir sur fond blanc”
          que j’admirais avant de le voir, et que j’admire toujours,
          mais que j’ai vu affreux,
          et qui m’a appris,
          pour ainsi dire,
          l’horreur
          du beau.

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      2. Pourquoi donc ce serait le laid ? Pas plus que nécessairement le beau, bien sûr. L’important, et c’est mon expérience, c’est la relation qui se noue entre chacun et l’œuvre ou ce qui en tient lieu. Cette relation est soumise à un milieu, à une histoire, et pas uniquement celle de l’art… La réponse est donc au minimum contingente. Merci de votre réponse en tous cas.

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        1. Mais parce que ce qui est assez neuf
          pour ne cadrer avec aucune de mes habitudes
          me semble nécessairement laid:
          On posa des bombes contre le chantier de la tour Eiffel,
          tout comme il fallut protéger celui des colonnes de Buren…

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