Faut-il viser un texte si clair qu’il n’ait qu’un sens ? Mais qu’est-ce qu’un texte limpide au point d’être univoque ? Faut-il vouloir être le maître exclusif du sens de son texte, au point que personne ne puisse y en trouver quelque autre ? Au fond y a-t-il du sens à n’avoir qu’un sens ?
Il m’arrive souvent de voir tel ou tel de mes textes pris en un sens imprévu, par un lecteur soucieux de dire à partir de tel ou tel de ses passages quelque chose qui lui importe, et à quoi je n’aurais jamais pensé. Il me révèle alors un autre sens possible. De quel droit le poser comme un contre sens ? Chacun, au fond, me comprend à sa manière. Parfois, il y a tant de manières que j’ai d’abord l’impression de n’être pas compris du tout. Mais qu’importe, au fond ? Chacun a compris ce qu’il a bien voulu y comprendre, ce dont il avait besoin à cet instant de sa propre réflexion.
Il n’y a pas de sens du texte. Au lecteur de l’inventer, de le produire tout autant que l’auteur. A l’auteur, à partir de là, d’écrire au mieux du tout, au mieux de tous, en maximisant les sens possibles. A nous de faire un texte qui n’ait pas un sens, mais du sens. Une grande masse indistincte de la plus grande quantité possible de sens possibles. Ceci est un petit éloge de la plus lumineuse des obscurités : la liberté.
Pas un sens mais du sens: voilà tout est dit par ces 6 mots !
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Excellent ! C’est important le sens quand on écrit ou quand on lit ! Je vois souvent dans les ateliers d’écriture avec mots imposés beaucoup qui alignent les mots à la suite pour les placer, faire de “belles” phrases mais justement…vides de sens ! Quand il n’y a pas de soi dans l’écriture, où est le sens, les mots peuvent se révéler être des coquilles vides… Tant mieux s’il y a différents sens mais pitié, surtout qu’il y ait DU sens et là c’est la lectrice qui parle ! 🙂
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Je pense que c’est une conclusion très sage. Je pense que à partir du moment que notre extérioriser quelque chose, ce n’est plus notre. Peut-être l’herméneutique pourraient nous guider plus d’informations (Gadamer). Pardonnez moi mons erreurs. J’aime participer. Merci.
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A reblogué ceci sur MariaLDario's Bloget a ajouté:
Hermenêutica? Gadamer? Saudades de Constança Marcondes César!
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Merci beaucoup!
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À vous.
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C’est un beau postulat, pourtant, pas si simple à appliquer…peut-être pas si juste que cela quand on y réfléchit. Il ne s’agit pas d’imposer sa loi, ni son sens, encore moins de refuser la pensée d’autrui mais que fait-on quand votre parole, se détourne ou est détournée de son sens justement, et qu’elle sert à des fins que vous n’auriez pas souhaitées ? Parce qu’enfin, on écrit rarement sans intention…Je pense à Nietzsche notamment ou à Marx ! Quelle richesse de découvrir l’interprétation d’autrui, oui, mais nous restons responsables de ce que nous écrivons, je le crois. Si je transpose à un autre langage, je vous citerais une mésaventure qui m’est arrivée il y a quelques temps. J’avais réalisé une image très particulière d’indiens en mouvement pour illustrer plutôt la spiritualité de leur culture (autant que je pouvais l’interpréter à ma façon). Cette image a été piratée ce qui n‘est pas si grave, une image c’est fait pour voyager, mais je l’ai retrouvée illustrant un site ultra raciste, aux antipodes de mes propres convictions ! Le pari de la clarté parfaite est un vœu impossible à plein d’égards et en partant déjà du fait des nébulosités mentales de l’auteur…mais est-ce qu’essayer d’être clair et compréhensible par le plus grand nombre rejoint la volonté d’imposer le diktat d’une pensée ? N’est-ce pas aussi prendre soin de l’autre ? A ma connaissance d’ailleurs (très petite, je vous l’accorde), le langage de la philosophie lui-même est tout, sauf le lange de l’imprécis et du confus…justement parce qu’il veut apporter du sens…
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Je suis d’accord avec tous vos arguments, sans adhérer pourtant à la conclusion.
Le malentendu diamétral peut toujours s’éviter, se condamner, etc.
A chacun d’être irrécupérable par le pire,
qui est généralement une pensée à sens unique,
qui se refuse obstinément à toute latitude d’interprétation.
Je crois que cette latitude, précisément, est notre plus belle ressource,
notre meilleure défense et illustration…
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L’émetteur d’un écrit ne peut être responsable de la compréhension du recepteur… A la lecture, chacun y va de ses émotions, de l’écho ou non, de sa projection… Comme dans toute expression d’ailleurs non ?
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Je crains fort que nous ne soyons responsables de tout ce que l’autre comprend, même à tort.
Je suis responsable des contres-sens que l’on commet sur moi.
A moi de les prévoir, de les prévenir.
évidemment, c’est impossible.
Mais sommes nous tenus seulement au possible?
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Un texte a toujours d’autres sens que celui que l’on souhaitait lui donner. De même qu’il exprime toujours quelque chose (de nous) qui nous échappe et nous dévoile un peu.
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Quelque chose d’inconscient?
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Exactement.
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Votre texte rejoint quelque part les propos de Roland Barthes sur les Haikus et la liberté que, dans ce genre littéraire japonnais, tant l’auteur et le lecteur peuvent se donner de rebattre les cartes entre les signifiés et les signifiants.
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si complexe est le langage “humain”
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Etre clair, vivre clairement, la clef d’une vie riche Mr Galibert !
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ni clair, ni ambigu, ni insondable.
il faut être vrai.
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Mais comment le savoir?
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mais on le sait quand on est vrai, on se sent, c’est “tripal” et la question ne se pose pas!
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je crois simplement que ce que l’on écrit ne peut être entendu que par ceux qui l’écoutent…
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