Les riches existent-ils ?

Qu’importe au cadre supérieur de gagner bien sa vie, s’il perd le temps d’en profiter ? Cette course si vaine est-elle une existence ? Existent-ils a fortiori, ceux dont la fortune est encore plus vaste ? Quel est le prix réel de cette liberté d’acheter à leur guise, sinon l’indifférence, et donc la vanité ? A quoi bon préférer ceci à cela, lorsqu’on peut acheter les deux, ainsi que tout le reste ? Un ennui infini s’ensuit, où toute raison s’évanouit de se procurer quoi que ce soit. J’ai lu qu’un émir, retardé par des grèves, proposait de racheter sur le champ l’aéroport de Londres, et s’étonnait qu’il ne soit point à vendre. Les riches rêvent d’acheter une once d’existence, comme si la richesse pouvait tirer de la richesse. Car comment exister, quand la fortune vous en dispense ? Je crois donc volontiers, pour reprendre l’exemple qui faisait la stupeur des gazettes et l’amusement de Barthes dans Mythologies, que le roi d’Espagne se rase parfois lui-même. C’est précisément parce que tout homme qui existe, par ailleurs n’existe pas, qu’il ne peut en aucun cas renoncer à exister.

Le débat en cours sur ce texte étant fort vif,

il faudrait verser au dossier une réflexion précédente

sur tout peut-il être gratuit?

42 thoughts on “Les riches existent-ils ?

  1. Does shaving yourself really provide proof of existence? So many live their lives vicariously in a digital world, touching tiny screens on phones or pads. It seems to be enough for some who cannot tolerate the absence of these devices.

    Like

  2. déjà, peut on mettre ceux qui sont riches dans la même catégorie ?
    c’est aussi parler du pouvoir et du rapport à l’argent.
    la plupart se sentent exister et le montre tous les jours, est ce une façade ? se posent ils la question ? la plupart n’ont pas le temps.
    mais l’argent n’apporte pas l’apaisement, au contraire, du moins pour une catégorie. et cette catégorie ne pratique pas l’humilité et l’amour pour eux même, comment feraient ils avec et pour les autres ? la plupart se sentent exister par le biais du mouvement et de la circulation des biens, mais eux, en eux même ? et dans ce cas pourrait on dire pareillement du pauvre ? il n’y a pas non plus une espèce de pauvre avec une espèce de problème à résoudre pour exister … mais il a peut être plus de chance de trouver l’humilité et de s’accepter entièrement. pour le riche , ses possessions ne lui aveuglent ils pas l’esprit ? on ne peut pas être trop catégorique et les fortunes se sont construite différemment , du millionnaire industriel au bourgeois aristocrate depuis des générations , les cultures diffèrent …
    c’est donc dans un cas précis qu’il faut se pencher sur un moment dans la vie de … ou un comportement identique pendant des années sans que cette personne sorte de sa vision enfermante … c’est plutot dans un huis-clos que ça se passe et le pouvoir d’être ou n’être pas …

    Like

  3. Bonne question. Dans presque tous les articles, études sociologiques ou économiques, il n’est jamais fait mention du caractère névrotique de l’accumulation de richesse. En d’autres termes plus triviaux, il n’est pas possible de manger plusieurs fois par jour dans un restaurant de luxe, de bien profiter, au sens commun, de plusieurs résidences opulentes, d’accumuler avec bonheur des dizaines de gadgets et prothèses technologiques ou de voyager sans cesse au 4 coins de la planète. La finalité de l’accumulation des richesses n’existe pas.
    Outre le fait que cette accumulation absurde de richesses est prélevée sur le bien commun, ce mode de vie prédateur devient un idéal pour toutes les franges de la société.

    Like

    1. L’accumulation de l’argent et des biens est une chose que je n’arrive pas à comprendre. La szule explication valable est le vide intérieur et la peur profonde du manque.

      Like

  4. Je suis bien d’accord avec ce que tu écris. L’argent tend peut être à nous donner une impression de liberté et de pouvoir. Le problème de l’argent et de la richesse est qu’à mon sens on en a jamais assez. Quand on a pu acheter sa première barque, il faut ensuite un voilier quand on a ce voilier il semble petit et fade comparativement au yacht du voisin …….Et si on a la sensation d’avoir accumulé assez d’argent, vient éventuellement le syndrome de l’accomplissement total et là, quelle déception, quelle tristesse, on a tout foiré et la vie est plate et sans saveur !!

    Like

  5. Peut-être peut-on dépasser le dilemme entre être et avoir. On est bien obligé d’avoir un peu pour subsister, mais on peut choisir de n’être pas prisonnier de l’avoir, et d’avoir, peu ou davantage, mais dans la liberté d’un certain dessaisissement, cette liberté où émerge l’être, qui est liberté par excellence, et quoi de plus libre que le don pur, car la vie est don et peut-être que l’on ne reçoit que pour donner, là où réside la vraie joie, le mouvement même de la vie et ce qui lui donne sens.

    Like

      1. La richesse est possession et si la vie est don, nous ne possédons fondamentalement rien, puisque même notre vie ne nous appartient pas, nous sommes un jour dessaisi de notre propre vie et de tous nos biens qui vont à d’autres. La vie, on la reçoit, mais si on veut jalousement la posséder, on la perd, et c’est en donnant que l’on reçoit, pour donner à nouveau. Et les biens les plus précieux sont communs, aussi commence-t-on à comprendre qu’il faut en prendre soin. La quête de la richesse est un mirage, souvent une plaie dans nos sociétés. On ne pourrait que souhaiter une meilleure organisation des sociétés humaines qui favoriserait la vraie liberté, qui suppose de ne pas être esclave de ses convoitises ou de son égoïsme. C’est dans le lien, la relation à l’autre que l’on se sent sans doute le plus exister, et n’est-ce pas cette forme supérieure de l’amour qui est vivante au coeur de l’acte de créer, dans l’inspiration ?

        Like

  6. José “Pepe” Mujica, presidente uruguaiano. Ha rinunciato al 90% dello stipendio. Vive in 50 metri quadri. E, dopo 14 anni di galera, dice:
    “Chi non è felice con poco, non sarà felice con niente!”

    Like

  7. Je pense que la question devrait être celle-ci, notre société pourrait-elle faire sans les riches ? Y répondre c’est répondre à votre question Mr Galibert. Puis il faudrait alors, répondre à cette question, qu’est-ce-que la richesse ?
    Bien évidemment que la richesse existe et heureusement, car c’est grâce à elle qu’une multitude de personnes travaillent. Chaque couche sociale donnant du travail à plus petit que lui-même, en sommes nous riche pour autant ?
    Sans les gens aisées, l’équilibre de la société ne pourrait-être. Ce qui est idiot, c’est bien d’oublier de vivre le plus simplement ou du moins il faudrait ne pas se déconnecter de la réalité. Y réfléchissant plus amplement, je pense que face à une richesse pécuniaire, il est certainement bien difficile de rester humble.
    Etre riche n’est pas une tare, ni incorrecte. Mais là, c’est un tout autre sujet ou il y aurai beaucoup à débattre…

    Like

      1. Ah…Je n’adhère pas avec vos dires Mr Galibert, que de négatif dans vos écrits. Bien évidemment qu’il y a toujours des situations extrêmes mais de là a mettre la majorité dans le même panier…
        Mais alors Mr Galibert, seriez-vous de ces personnes qui pensent que nous devrions avoir tous le même niveau de vie, le même salaire ? !

        Like

  8. Il s’agit de savoir à partir de quel moment on est riche ? Pour moi ceux qui n”existent pas parmi les riches sont ceux qui accumulent de façon psychotique car ils ne sont pas libres et il y en a beaucoup. Il y a aussi les riches qui sont esclaves de leurs richesses. Mais il y a aussi beaucoup de pauvres qui n’existent pas car ils sont esclaves à un degré plus ou moins grand : esclaves dans leur travail, esclaves dans leur dépendance à la société ou esclaves de leur insuffisance cruelle de moyens. On ne peut exister qu’en étant libre. 🙂

    Like

  9. L’argent des riches les rend pauvres…la misère des riches est donc leur richesse je crois. Ils ne savent être sans avoir et ce qu’ils ont ne les fait pas être. Quelle est la vraie richesse sinon celle de l’être? Et tous ceux qui ne sont pas ne peuvent exister, puisqu’ils ne sont pas. Merci de cette bonne réflexion et bon jeudi.

    Like

  10. Non Mr Galibert, ne me faites pas dire ce que je ne pense pas. Simplement, il est à mon sens purement utopique de penser que cela soit possible.
    Il suffit de revoir un peu de l’histoire pour constater que cela n’a jamais été, ceci même dans les régimes prônant l’égalité et revendiquant un monde meilleur pour les ouvriers. Que cela n’en déplaise, il faut bel et bien des personnes riches afin que notre société avance positivement.
    Ce qui ne va pas en ces temps quelques peu difficile, c’est l’appât du gain excessif, ceci à n’importe quel prix…la bêtise humaine prenant le dessus, hélas… A un moment il faudra bien que cela s’arrête, nous ne pouvons continuer de faire du gain, produire et donc consommer ainsi…
    Voici donc ma pensée Mr Galibert, je respecte la votre, bien que n’adhérant pas à celle-ci et vous remercie pour ce partage d’opinion très intéressant.

    Like

    1. Je suis d’accord, cette fois.
      Le tout est de ne pas renoncer à l’utopie,
      en particulier lorsqu’elle concerne
      comme c’est de plus en plus clairement le cas aujourd’hui,
      la pure et simple existence,
      qui n’est pas négociable

      Like

  11. Et le roi d’Espagne se coupe parfois lui-même. Il se paye le luxe de s’engueuler, et pas seulement son barbier. Ca lui fait du bien de changer de rôle.
    La différence entre un trou de riche et un trou de pauvre, c’est que le premier revient plutôt sans qu’on s’y attende (mais peut s’installer), alors que le second vous convie plus constamment à vous entretenir avec lui (à condition de ne pas le bourrer de pelures fantasmatiques).
    Etre plein aux as manie du néant (soit le flouze soi-même), mais tirer la langue à la fin du mois ne garantit d’atteindre aucun sol. Disons qu’arborer son trou d’être à la boutonnière (notamment celle qui a des lèvres) peut promettre quelque chose de mieux que le dandy du coin gauche de la télé.

    Like

votre réponse: