pourquoi ce besoin de silence?

Il est des lieux de silences majeurs: certains ont un silence bien à eux, tout bruissant de ces choses qui ne s’y produisent jamais. Les bruits n’y peuvent rien: aucun ne les remplit.

Et puis il y a des lieux universels, où le silence est en quelque sorte générique. En ces lieux s’accumule le silence de tous les autres lieux. Des chevauchées de silences, des nappes des plans étagés. De fugaces paysages de silence. Appelons-les nuages, algues ou déserts, qu’importe? tous les riens se propagent dans l’espace et résonnent au point qu’on en pressent l’inaudible mélodie. Les mille et unes couleurs du blanc disposent un ciel sans fin. Toutes les saveurs de l’absence donnent leur ton. il n’y  plus qu’à profiter de tous les riens ambiants.

Vif, aigu, seul au morne, le toit luit: c’est le soleil d’après la pluie, L’herbe est grasse et le goudron brille. La pluie a laissé sur ses choses mille rubans de lumière. On nomme cela la paix, alors qu’il n’y a personne. Paisible est le nom chaste du désert. Chaque paix est le son d’un silence.

Le silence est ce moment où le rien s’étage en paysage. Ce moment où l’on sent qu’il ne nous manque rien. Ce moment délicat où tout est là donné dans son absence même.

40 thoughts on “pourquoi ce besoin de silence?

  1. Un des plus beaux silences que j’ai entendus: celui de la cathédrale Notre-Dame-la-Grande de Poitiers, déserte, tandis que j’en faisais le tour traversant les rayons de couleur pure, émeraude, rouge ou violette qui flottaient dans l’air, projetés par les vitraux.

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      1. Est-ce que le silence me violente de sa violence inversée par rapport au grabuge perpétuel de la création?
        Comme quand Roland Barthes écrit: “On dit du sucre qu’il est doux. Mais moi je le trouve violent le sucre…” (cit. de mémoire)

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  2. Très intéressant. C’est parfois dans le plus pur des silences, et dans le vide de la pensée, qu’émerge une présence plus forte que toutes les présences ordinaires, la puissance même de l’être.

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      1. Je dirais l’Être, car l’évidence est si forte, et c’est notre propre être qui est alors convoqué, qui est rejoint dans cette joie qui nous transporte, et qui crée en nous. C’est alors la conscience d’être dans toute sa puissance et sa perfection.

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  3. Le silence permet de se retrouver soi ! Etre seul avec soi-même est plus que bon, il devrait être remboursé par la sécu.
    C’est un temps de grand calme, de méditation, à l’heure de l’extrême communication ou nous nous imposons d’être toujours en relation, c’est un besoin naturel que rien ni personne ne peut nier.

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  4. El silencio , la tranquilidad de doble filo, lo mismo preside la paz y la tranquilidad, que es testigo de la impotencia de la falta de comunicación o de la incapacidad y la frustración al ser incapaz de articular palabras coherentes y conciliadoras. Silencio es también arma de los cobardes y a la vez de los muy osados, unos no son capaces de romperlo y otros no sienten el mínimo respeto al profanarlo.
    Saludos
    Mechas

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  5. “Ce moment où l’ont sent qu’il ne nous manque rien”, c’est beau et vrai. Merci pour ce texte.

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      1. Beau et vrai à mes yeux. Après, vous savez, je ne suis pas philosophe 🙂 Vous le faites mieux que moi !

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  6. Il y a les silences qui permettent de pouvoir s’écouter enfin. De voir en face les peurs et les conditionnements qui nous hantent et nous empêchent d’avancer, pour enfin les régler, les dépasser, et s’en libérer.
    Il y a les silences complets, où le mental est apaisé et se tait. Alors dans cet état d’écoute sereine, libre et sans attente, ce que nos oreilles n’entendent plus, tout notre être peut le ressentir. C’est dans ces moments que l’on peut toucher la plénitude, que l’on peut ressentir l’infini et se fondre en lui, en étant plus présent que jamais.
    Du moins, c’est ainsi que je le ressens.

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  7. Et vous retenez votre souffle pour mieux créer le silence ? (car on fait souvent beaucoup plus de bruit qu’on ne le croit)
    Je ne sais pas… le silence est en général assourdissant si on se concentre pour l’apprécier… Le battement du sang semble infernal au tympan dans ces moments.

    Je crois que le silence est surtout pour beaucoup de gens “beau” car ils s’entendent enfin “vivants”… non ?

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  8. je partage aussi, de l’intérieur simplement, cette vibration singulière. Et je crois que chacun se crée ou réinvente cette île-là. Le bruit noie les interrogations gênantes, le silence me permet une rencontre avec soi, et une communion intense avec le reste. Alors, en effet ,il devient une voix. Je partage aussi votre très beau texte.

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  9. Ils sont de plus en plus nombreux les insensés terrifiés par le bruit qui survivrait à tous les bruits grace auxquels nous nous bouchons les oreilles.
    Mon plus beau silence c’est sur l’Île d’Aix que je l’ai vécu. Vous allez jusqu’au Fort Liédot, une sorte de grande casemate à la Vauban. Et là, splendide !
    Un précision Jean Paul s’il vous plait, je ne comprend pas : “Vif, aigue, seul au morne, le toit luit:”

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  10. Le silence est la porte d’entrée dans l’Au-Delà.Le silence permet la concentration de sa pensée vers un point fixe.Ce point fixe peut être un esprit,une vie humaine ,…même une autre forme de vie.Le silence est le début de la méditation qui permet de se situer dans l’univers et de dépasser son état présent.L’enseignement de la méditation est la base de la science tibétaine ancienne qui est la source de la puissance de la Société du Vril ,en Allemagne et des Théosophes.

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