Etes-vous nul ?

Quoi de plus banal que de se sentir nul ?

Pourtant, c’est un sentiment désagréable dont l’issue est fort simple : il suffit de l’étendre, il suffit de tout trouver nul. La nullité devient alors un point commun, un trait d’union : c’est le sentiment rassurant de ce qui m’unit à tout le reste. Car, au fond,  être nul, c’est ne pas exister, et ce sentiment d’inexistence suffit, pour peu que je le généralise, à dissoudre mon angoisse dans le rien universel.

La nullité devient un passage à l’infini où l’on sent se dissoudre aussi bien soi que tout le reste. Non qu’il s’y passe quoique ce soit d’autre que partout ailleurs, mais parce qu’elle est un de ces moments où l’on sent le mieux qu’il n’y a rien à sentir. La vérité de la vie est qu’il n’y a jamais eu de vérité, ni de vie. Que rien n’est à vivre, ni ne l’a jamais été.

Oui mais voilà : rien ne console mieux que le rien.

Tous les problèmes ayant disparus avec tout le reste, on se sent beaucoup mieux.

31 thoughts on “Etes-vous nul ?

  1. Plus qu’être nul, je me sens nullité, hélas sans aucune preuve que je le sois. Si vraiment j’étais nul, perdrais-je mon temps, d’ailleurs sans importance, à griffonner ces âneries que me dicte un cerveau à l’électroencéphalogramme plat ? Dieu, dans son immense mansuétude aura-t-il la bonne idée, un jour, de me nullifier pour qu’enfin je connaisse, durant le bref instant du passage du pas grand chose au rien du tout, le sentiment du pêcheur à la ligne au regard vide ou celui de la graine qu’un souffle de vent aléatoire a déposée sur une paroi rocheuse.

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      1. par l’individualité le désert est ce qui nous entoure au quotidien, le soi n’est plus dans l’autre, le desert c’est les autres et par ce fait moi même

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  2. ” tous les problèmes ayant disparus avec tout le reste, on se sent beaucoup mieux ” conclusion qui me plait bien, accepter d’aller au bout de sa nullité pour en ressortir neuf, débarrassé, et plus positif , quoi de plus séduisant ! ( cela me rappelle l’heureuse vacuité du bouddhiste …)

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  3. Pourquoi serait-ce si désagréable…?
    Vous oubliez de qualifier le sentiment de nullité… Se sentir :
    -extraordinairement nul
    permet au moins de se sentir extraordinaire !
    -ordinairement nul
    permet au moins de se sentir normal !
    -pleinement nul
    permet au moins de se savoir plein de sentiments ! (négatifs… mais plein!)
    -joliment nul
    etc…
    évidemment, quand vous arrivez à vous sentir “minablement nul”… là, il n’y a plus grand chose à faire qu’à repenser à la nullité et à la vacuité de ces pensées et s’oublier dans leur infinité.

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              1. Moui… Je ne me suis pas rendu compte que j’impliquais que je l’avais bêtement écrit…

                La nullité ressentie n’est pas forcément intelligente puisqu’elle peut aussi n’être que la déformation émotionnelle à un instant t, liée à un formatage, société etc

                J’ai juste oublié de préciser que je l’avais écrit “avec sincérité”, sans chercher plus avant… il n’est ni question d’intelligence ou de bêtise, une simple spontanéité.

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      1. Ce ne serait donc pas “rien”, mais “tout” 😉 Ce sentiment de “nullité” ne serait-ce pas plutôt un sentiment de “vertige” devant l’immensité….de cette totalité…. Et c’est là que viendraient deux façons (au moins) de l’appréhender, la panique ou la joie totale….de faire partie de cette totalité…..

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  4. Pourquoi ce mot existe t-il ?
    Comment peut-on l’utiliser ?
    Pour moi, il ne peut-être, réfléchissons…
    La personne la moins douée a malgré tout un ou plusieurs point fort, je n’ai encore jamais rencontré une personne dont je puisse affubler d’un tel mot. Même au plus fort du handicap, il y a point fort, pour preuve les personnes handicapés sont capable de donner un amour puissant et cela sans jugement 😉
    Qu’en a se juger “nul”, il faut à mon sens qu’il y est eu un sérieux souci de construction lors de l’enfance et donc un sacré manque de confiance en soi.
    Je trouve que ce mot est bien trop facilement utiliser, ceci, pas à sa juste valeur.
    Je trouve votre publication bien négative Mr Galibert, votre vision de la vie bien triste, s’en est interpellant…

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      1. Hé bien même en partageant avec vous Mr Galibert, je ne trouve pas de place pour ce terme dans notre langage.
        Voici comment je vois les choses : J’ai un manque de réflexion, de maturité, un manque d’information, de savoir, une erreur d’interprétation ou de jugement, mais jamais au grand jamais je suis “nul”.
        Je ne me cherche pas d’excuse mais j’analyse le pourquoi d’une situation et je mets toute en oeuvre pour la gérer. Lorsqu’il y a ouverture d’esprit et facilité de remise en question ce mot n’a rien à faire dans notre vocabulaire, nous n’avons pas pas à nous infliger une telle pensée.

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  5. Bonjour,
    Vu qu’il est question du SENTIMENT d’être nul, l’impression d’être nul, je trouvais deux choses intéressantes :

    – la première chez Sicaliennespenses qui évoque la déformation émotionnelle dans notre jugement ou plutôt notre ressenti de nullité. Je veux trouve que tu touches juste à parlant de déformation, ou tout simplement en proposant l’hypothèse que c’est le monde extérieur qui donne du relief aux différences qui composent chaque être (je suis nul par rapport à untel, par rapport à telle réaction que je voudrais avoir, etc…)

    – deuxième lieu intéressant, qui est une “découlante” de la première : la proposition de PAIX de Jean-Paul lui-même. L’interprétation que j’en fais est rudimentaire mais je trouve que c’est dans sa “simplicité” qu’elle transmet sa force.
    En effet, quelle meilleure façon de ne pas se laisser aller dans de fausses interprétation (ou déformation émotionnelle) que de relativiser, ou de s’éloigner de l’émission d’émotions. D’aller vers la paix, en somme ?

    Alors je me pose cette question : malgré le besoin de contact au monde, malgré la bonification personnelle que je ressens à l’apprentissage transmis par mes pairs, ce monde extérieur est-il plutôt source de parasite ou plutôt vecteur d’amélioration ?

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  6. Simplement à lire tous ces commentaires, je ressens ce sentiment désagréable qui m’envahit, la nulilté… en fait, pas si désagréable que ça! 😉

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  7. Tout dépend s’il s’agit d’une nullité positive ou négative 😉

    Je trouve complètement libératoire d’avoir accepté ma propre nullité.
    D’après mon expérience, personnalité (ce que je suis) et ego (ce que je pense être) ne sont pas liés.
    Personnellement, je travaille sur la nullification de mon ego, et par effet de transvasement, ma personnalité augmente.

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