Quand existez-vous ?

L’existence n’est pas un fait, mais une volonté. Elle sera volontaire ou ne sera pas, car l’existence est une décision. C’est ce que Descartes découvre dans le cogito. « Je pense donc je suis » ne signifie pas que je prends conscience de mon existence comme d’un fait indubitable, mais que je sens, dans ma simple pensée, assez de force pour produire à chaque fois mon existence. Autrement dit, j’existe chaque fois que je le décide, parce qu’il y a dans la pensée la force de la volonté, seule capable, pour peu que je m’y tienne, de rendre vrai ce qui ne l’est pas encore, du simple fait que je le décide.

La décision, ici, se manifeste et s’impose par un jeu utopique du temps. Le présent de la décision porte sur un fait futur, car c’est précisément de propre de la décision de proclamer comme un fait présent mon existence à venir. La volonté est ce jeu de la constance dans le temps, qui permet d’exister désormais, c’est à dire à la fois dès à présent et pour la suite des temps. La stabilité, ici est entièrement volontaire : elle est le jeu d’un présent qui se sait à venir par la force propre de sa décision.

26 thoughts on “Quand existez-vous ?

  1. J’ai toujours pensé qu’il y avait une forme d’erreur dans le ‘cogito’, à supposer de l’ “être” là où je ne vois que du devenir. J’apprécie l’apport de votre point de vue, à considérer la permanence, illusion nécessaire, fonctionnelle, comme le fruit d’une décision “volontaire”. Quelque chose comme une lecture nietzschéenne de Descartes?, où est-ce moi qui projette mes propres affinités de pensée?

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      1. oui
        c’est bien cela qui est fou
        je crois que Descartes se lit à l’envers : “je suis donc je pense”

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  2. faut il partir du bon vieux cogito ?
    si je dis “j’existe”, je me réfère à quoi ?
    au fait que “moi” je satisfait à une énumération de conditions dans mon système de valeurs ?
    “je” = “moi” ?
    ou “je”, dérive de ce que la société décrit comme “exister” ? existence bien remplie, être occuper à …etc,
    “je” est existant quand j’ai un sentiment, une émotion ? un faux “moi”
    ou j’existe par le fait de m’opposer ? la contestation ? pour avoir été trop longtemps le “je” social imposé dans le temps ? le “je” de la masse qui doit s’individualiser dans le commun ou les communs de l’individualité qui fait que je suis l’autre sans être moi …
    j’existe quand j’ai conscience de l’intervalle entre la volonté et l’immobilité , la friction qui dénote le mouvement contre la passivité

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      1. plutot le jouet du rouage ou du bull-dozer social, être conforme ou pas à l’existence ? l’image de l’exister qui pourrait sortir du cogito est déjà pré-imprimé à mon intention, je n’ai plus qu’à me conformer … ? oui, un jeu des jeux, mais la somme ne garantit pas la qualité, à plusieurs on amalgame les possibles et le médiocre, en somme le jeu humain depuis et avant les singeries du temps, quoique le temps est humain, le jeu humain des jeux-tables possibles …? être là à l’existence du jeu entre les jeux, le je du mot dit, et de l’ecrit mais ce jeu social existe t il vraiment? un écrit ce “je”, un dit ? à qui ? quelqu’un pour repondre à ce je(u), jouer est apprendre, apprendre à être ensemble et “s’individualiser” , voir l’autre, le “je” que je suis, le personnage qui existe, le miroir , le masque du jeu des jeux, et ce jeu entre les jeux n’est il pas vide ? …

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      1. C’est le jeu des pseudo-je comme prérequis, par opposition à la confusion harmonieuse de tous les autres je, qui fonde l’inexistence. Dans ce jeu, ni Schopenhauer ni le cogito n’ont leur place, ou s’ils en ont une, elle est très ténue.

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      2. Par pseudo-je, je veux dire les je qui me sont imposés nolens volens par la nécessité de fonctionner, mais dans lesquels je ne me reconnais en aucune manière, les “sales peaux” en somme. Il ne faut rien, mais quant à moi, je les oppose, en effet…

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  3. Mon prof de qi conq me demandait de “maîtriser mon singe fou”. De ne vivre qu’au présent, car il n’y a que ça qui existe vraiment. Le passé est passé et on ne peut plus le changer, et le futur ne se passe jamais comme on aime tant à se l’imaginer.
    Vivre le temps présent est une véritable prouesse, et lorsqu’on y arrive plus ou moins, on est beaucoup plus relax….

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      1. Le mot est lâché. Qui “existait” à Greystoke ? Dans qui Burroughs s’est-il projeté ? Le projet est-il sensé d’ailleurs ? Le carpe diem, une délivrance ou une imposture qui permet le monopole des clés du futur ? Je pense donc je serai ? Mais si ce que je pense a déjà été écrit, que pensé-je au juste ? Les avenirs restent-ils à écrire ?…

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      2. Le singe fou représentant les nuées de pensées que forment le cerveau, comme un exercice pour tester l’électricité entre neurones, “que vais-je faire à manger”, “merde, j’ai encore une lessive”, “etc….” toutes ces pensées qui parasitent notre perception du monde qui nous entoure….sans compter les heures au téléphone, ou les échanges sur Fesses-bouc sur iPhone, dans les bus bondés…
        Qui vraiment peut dire tout ce qu’il a vu une fois le jour fini? Preuve d’une inexistence ou d’existence dans le travail, ou sur le mur FB qui donnent tant de plaisir car les gens peuvent y laisser leurs traces d’une existence au moins virtuelle…
        Oui, le singe fou est partout…presque…

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  4. Il en restera bien quelque chose ?
    Je n’en serais pas si sûre … enfin disons qu’il n’en restera pas ce que l’on pouvait imaginer
    mais je ne parle que pour … MOI

    🙂

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  5. L’existence n’est pas un fait, mais une volonté. Elle sera volontaire ou ne sera pas, car l’existence est une décision. C’est ce que Descartes découvre dans le cogito. « Je pense donc je suis ….
    L’existence est aussi une volonté qui lutte contre l’inéducable :la mort.

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  6. Le sujet me tente, même si je me trouve bien piètre philosophe. Je me dis qu’il me faudrait lire un minimum de Descartes pour pouvoir répondre à la question… Mais je n’en ai pas la possibilité et j’ai envie de répondre à la question. En somme, il y a des moments, où je prends certaines décisions, qui pourraient être des moments d’existence (où je décide d’orienter mon existence dans un certain sens). Et si je me fracasse? Et si les circonstances font que… J’abandonne? Alternatives où j’existe, un temps (même si ce n’est que dans le désir d’exister), et puis, où je me laisse porter par les événements, parce qu’il me semble impossible de lutter contre eux. Alors, que reste-t-il ? Chercher. Ah! Voilà! Au moment même où je me laisse porter par les événements en espérant arriver à un port, il me reste cette unique préoccupation: chercher. Et comme d’instinct, comme ça (en n’y connaissant pas grand-chose), sans avoir beaucoup creusé, je me sens plus proche d’Epicure et de Lucrèce (pour prendre un exemple) que de Descartes… Je cherche le bonheur. Et vu mon âge, j’aspire au bonheur intérieur plus qu’au bonheur -sentimental par exemple.

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  7. “Autrement dit, j’existe chaque fois que je le décide, parce qu’il y a dans la pensée la force de la volonté, seule capable, pour peu que je m’y tienne, de rendre vrai ce qui ne l’est pas encore, du simple fait que je le décide.”
    Pour être nietzschéen jusqu’au bout les forces SONT (pardon il n’y a pas d’italique) la volonté. Par conséquent on ne peut pas parler de décision au sens où tel sujet serait même en capacité de faire un choix (sans anthropomorphiser). Dans le Tout du devenir, ça n’est jamais que des forces qui agissent les unes sur les autres : je ne décide donc jamais que j’existe ; mais c’est à la suite de ce commencement manqué, qui s’est toujours-déjà produit car c’est lui que le JE met en forme, enferme dans l’étroitesse de notre entendement – c’est à la suite de ce commencement manqué que nous existons, c.à.d que le présent de notre conscience rate la durée du temps.
    Partant de là je dirais que l’existence est plus proche du fait (sous-entendu, concret, réel, dépassant les cadres de l’entendement) que de la volonté (sous-entendu “volonté” étant anthropomorphiser).

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