La crise existe-t-elle ?

Y-a-t-il une crise ou un art de faire payer les pauvres ?

La production mondiale baisse-t-elle ? Y-a-t-il une régression mondiale ? Voit-on de fortes dévaluations dans la plupart des pays ?

Soyons plus clairs : les riches sont-ils moins riches ? Voit-on, par centaines, des patrons ruinés ? Voit-on, par dizaines, les banques faire faillite ? Voit-on les plus riches, devenus hâves et faméliques, errer dans les rues en mendiant ?

Et s’il n’y a rien de tout cela, que désigne exactement le mot « crise » dans la bouche de ceux qui nous exploitent, nous divertissent, nous informent et nous gouvernent ?

La « crise » désigne une offensive sans précédent des plus riches contre les plus pauvres, afin d’augmenter leur taux d’exploitation global, à la fois par un allongement de la durée totale  du travail (par le report de l’âge de la retraite) et par une diminution de la masse totale des salaires (par la multiplication des licenciements).

Cessons donc de nous étonner avec les niais et les hypocrites qu’il y ait d’immenses profits à côté de tant de personnes qui se serrent la ceinture : ces profits supplémentaires viennent précisément de ces nouveaux efforts demandés.

Lorsque le pauvre est pauvre, et le riche, c’est normal. Lorsque le pauvre se saigne pour que le riche soit encore plus riche, c’est la crise.

65 thoughts on “La crise existe-t-elle ?

  1. Je dirais que la crise couvait il y a bien longtemps car on pensait qu’il ne pouvait rien arriver de pire que les guerres mondiales. On a eu tort de penser qu’on serait toujours à l’abri.
    Je suis d’accord pour dire que la crise est une nouvelle tendance verbeuse pour justifier la hausse des prix alors que de nombreuses personnes haut placées n’ont pas fait leur boulot. Quel est leur management d’anticipation de phénomènes et d’événements perturbant l’économie de marché et la consommation des foyers ? (je n’aime guère le terme “ménage”). On a trop fait confiance à l’Etat-Providence, on a sans cesse juré que par le progrès, la consommation, la production, le couple rentabilité/productivisme au détriment du bonheur des gens et du progrès vert et social. La crise n’est plus financière/économique, elle est également morale, éthique, environnementale et spirituelle.

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      1. il faut regarder les effets négatifs qui s’enchainent depuis la crise des subprimes. Tout comme un domino qui tombe et qui entraîne les autres.
        Et c’est sans compter sur le risque systémique: le risque de faillite des banques.
        C’est aussi une crise politique avec la montée des partis extrémistes et le plus dangereux le parti d’extrême droite en Grèce.

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  2. La crise est les crises, vibrantes en harmonies et dysharmonies, d’abord psychologiques. Elles concernent chacun, dans un monde aux modes de communications évolutives. Puis elles deviennent sociales, laissant sur le flan tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent plus résonner, pilotés par les chants de ceux qui peuvent ou souhaitent raisonner, bien ou mal. Les symétries rendues floues complexifient enfin l’économie, qui doit revoir ses axes de chiffrage des valeurs, en tenant compte de la vie de chacun. Un espoir est que la pensée puisse la panser.

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      1. Oui je ne vois la même que parce qu’elle découle de l’autre, la crise des consciences et de la transcendance.

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  3. Hay una foto fija en la que se ve una población mundial repartida entre los poderes económicos; tal es así que ya han escogido quienes van a realizar un trabajo u otro, quienes van a ser la fuente de energía, los guardianes del dinero… en fin crisis motivada por un cambio hacía una globalidad conceptual y económica antes inimaginable. ¿Y el ser humano con su conciencia donde queda? En el más profundo de los oceános muerto de frio y sin ver. ¿Crisis? Ayuno de ideas renovadora, quizás.

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  4. Bien sûr qu’il y a crise, chamboulement des mentalités, individualisme outrancier, division programmée de la société… Ouvrons donc les yeux!

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  5. Crise?! Comme s’il avait exister un âge d’or du bonheur
    quand le monde était heureux, béat… jouissant dans la nature a qui mieux mieux.

    Répondre à votre question c’est un peu comme chercher l’âge du capitaine.
    Nous sommes passer en un siècle de un milliard à six milliards d’être humains
    et depuis les dix dernières années l’on dénombre un milliard de plus d’habitants sur la Terre.

    L’espèce humaine n’a jamais autant prospérer.

    Il n’y a aucun pilote dans l’avion. Simplement des jours et des nuits qui défilent.
    Et quand nous rêvons en sommeil la nuit de l’autre côté de la terre il fait jour.
    Dans le fracas de l’industrie, des naissances des morts, des mariages, des joies des pleurs…

    Personne ne peut stopper la machine, c’est à peine s’il on peut la contrôler en appuyant sur un bouton ou deux…
    un petit curseur par-ci un autre par-là. C’est vivant ça Madame…. Ca crie, ça pète, ça chie….
    Tout ces déchets, ça déborde jusque dans la banlieue de notre espace proche au-dessus des nuages.

    Malgré tout, il faut rester optimiste parce que le contraire est insuportable.

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      1. Les riches?

        Parlez-vous de cette gérontocratie assise sur les fonds de pensions qui n’ont de cesse d’acheter, de rationaliser puis d’externaliser les outils de productions d’économies florissantes adoptant une politique de la terre brûlée pour enfin exploiter encore et encore le moindre petit sou de rentabilité?

        C’est vrai quoi à qui profite la crise?

        Le contraire?

        Si crise il y a c’est bien celle de l’abondance et du superflu dans nos pays dits civilisés tandis que le reste du monde crève de faim.

        Les exploités font légion. Hors de question de les montrer sur nos écrans.
        Manquerait plus que la boulimie matérialiste cesse. Que deviendrait nos pauvres commerçants et autre banquiers?

        Et puis a quoi servirait toute cette production industrielle s’il n’y a plus le désir de consommer à outrance?

        Non content d’ignorer les masses laborieuses des pays dit en voie de développement, que deviendrait le consommateur lambda q’il n’avait plus le loisir d’errer dans les centres commerciaux?

        Non c’est vraiment la crise. Non pas pour les riches bien entendu, ni pour les pauvres d’ailleurs qui ne connaissent que la survie mais bien pour la classe moyenne… Oh lala!!! Quelle misère!

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      2. La crise pour qui?
        Et puis quelle crise?

        Tous les indicateurs économiques signalent qu’il existe une baisse de la demande au niveau mondiale ce qui équivaut à dire que nous sommes entrés dans une spirale récessioniste. Cela est une évidence. Nous sommes donc en crise “économique”.

        Au quotidien autour de nous cela se traduit par une raréfaction de l’argent qui devient cher en partie à cause de l’inflation et la stagnation du SMIC horaire mais cela se vérifie dans la baisse de la demande, des stocks qui restent à écouler, donc un intérêt moindre pour la production ce qui a pour conséquence des faillites d’entreprises en pagaille pour les PME et des plans sociaux pour les groupes industriels. De moins en moins d’offres de travail; de moins en moins d’argent; de moins en moins de consommation…
        La crise économique est bien réelle et ce depuis la crise financière (subprimes) de 2007, c’est plutôt clair.
        Et à défaut de volonté politique ce n’est pas près de s’arrêter.

        Mais cette crise d’un point de vue franco-nombriliste existe tout de même depuis les deux chox pétroliers de 1974 et 1979. L’ANPE créé en 1967, depuis ne fait que du traitement social du chômage après un record du nombre de chômeur en 1993 nous voici avec 3,2 millions de chômeurs sans compter que 6 millions de salariés vivotent avec 750 euros par mois plus tous les minimas sociaux.
        Bonjour le tableau de la population active. Et pourquoi cela ne grogne-t-il pas?

        Tant qu’il y a aura à manger dans les grandes surfaces. “A hungry man is an angry man”.

        La crise titille un peu plus à présent parce qu’elle touche la classe moyenne. La norme éprouvée par la peur de devenir pauvre comme ce que l’on voit partout… Bouhhh!

        Comment cela va-t-il se traduire dans les urnes? Quoi une autre crise? Politique cette fois.
        Non, la 21 avril 2002 n’a jamais existé et ne traduit pas une crise politique latente.

        La crise morale avec des Cahuzac, des Guéants… j’en passe.

        Et puis la crise écologique… par exemple, les immenses plauqes de déchets qui dérivent sur les océnas n’existent pas non plus.
        Les inondations que nous vivons actuellement, du jamais vu, tout est normal.

        La crise ceci, la crise cela, la crise quoi…. Ah oui les crises sanitaires, c’est fictif aussi.

        Bon on contrôle tout ça à coup d’anxiolitiques, on continue à faire fructifier le CAC 40 tant qu’on peut. Et puis on attend que cela se passe. Il faut dire que la France reste encore une société privilégiée. Nous avons pas mal d’atout dans notre jeu.

        Bon, évidemment si l’on met en perspective ce présent sur l’échelle de notre histoire, il semble que le progrès social est toujours d’actualité, l’espérance de vie s’améliore, l’espoir d’une égalité réelle entre homme et femme aussi, l’éducation, la lutte contre l’illetrisme… Plus de guerres avec nos voisins proches. Je trouve cela plutôt positif.

        La crise tel que nous la connaissons aujourd’hui est un véritable paradoxe. Elle existe sans exister.

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        1. J’aime votre formule finale; Il se trouve que c’est ma définition du rien: “ce qui existe sans exister”. Que la crise soit un rien,
          un rien particulièrement pertinent pour perpétuer notre domination, je n’en doute pas.
          En ce sens, elle est réelle mais elle est tout autre chose que ce que l’on croit:
          sa fatalité, sa naturalité et sa gravité sont des illusions
          savamment entretenues en ce sens elle n’existe pas,
          ou alors elle existe sans changement
          depuis près de cinquante ans,
          ce qui revient au même.

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  6. Warren Buffett (3e fortune du monde) a dit qu’il existe “bel et bien une guerre des classes mais c’est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et c’est nous qui gagnons”.

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    1. Et qu’eût dit Tartuffe ? Probablement pas : je souhaite que les très riches, dont je suis, soient taxés davantage, et que le produit de cette taxation aille à la réduction du taux d’imposition des entreprises… Même dans notre manière de critiquer l’accumulation indécente de capital, certains milliardaires semblent jouer aujourd’hui un rôle de référent…

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      1. Voilà la symbolique revanche, en fait ! Merci, Madame, pour cette lumière. Tout milliardaire est lui aussi un numéro, une case, dans un ordre dont il n’est pas l’architecte. Tout milliardaire est rangé, noté, classifié. Tout milliardaire est donc périssable…

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      1. Vous avez raison, les deux le sont également; je ne crois pas à la crise, et pas du tout; Il y a un système en marche depuis longtemps, et que nous laissons faire. Pourquoi ? et pour qui ?, Je côtoie ces deux mondes inversés, également étrangers l’un à l’autre. J’ai l’impression à chaque fois d’être sur des planètes différentes. Et l’humain dans tout ça disparaît derrière des chiffres et des appellations : le chômeur, le SDF, le travailleur, la classe moyenne, l’élite….

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    1. Une crise économique tout simplement. En économie financière j’ai appris à l’école qu’il existait des coubes descendantes et ascendantes. Nous sommes dans la courbe descendante et il semblerait que cette courbe ne soit pas encore arrivée à son stade le plus bas. En cas de courbe descendantes il y a crise en reprenant ce que chaque intervenant avec ses mots à dit exactement ce qui se passe. Je répondrais que le monde à une belle crise de foie, sans compter tous les autres maux que nous pourrions attribuer à cet individu appelé monde et qui dépend de tellement d’autres paramètres tel que par exemple l’importance dicta rivale dans nos vies du monde financier dont nous faisons partie en tant que consommateur. Qu’est-ce qui vous fait énoncer que le monde entier n’est pas en crise ? Votre avis m’intéresse.

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        1. Vous me répondez : les riches sont de plus en plus riches, n’est- ce pas suffisant ?
          Je vous demande : quels sont les riches dont vous parlez ? Une notion bien trop vague pour moi.
          Tient je vous renvoie en parlant de crise que la France était rentrée en récession. Et cela ne fait que commencer.
          J’aimerais savoir qui sont les riches pour vous afin que nous échangions sur les mêmes choses ?

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          1. ceux qui disposent, chaque jour, de mille fois plus qu’un pauvre sont riches

            selon la définition actuelle du pauvre (fmi banque mondiale)
            -soit 1 dollar par jour pour vivre-
            cela nous fait 1000 dollars par jour de revenu

            Il y a des exemples à cent fois plus

            ceux là connaissent-ils une récession?

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  7. La crise est une très mauvaise gestion de nos dirigeants cela depuis plus de 38 ans. Nous avons vécu toute ses années au dessus de nos moyens.
    Pourquoi la nommée “crise”, certainement par hypocrisie de nos politiques .
    Hélas, elle est bien réelle !
    Si vous avez un doute Mr Galibert, questionnez les Espagnols, Italiens, Grecques.
    Je suis en accord avec vous lorsque vous notez que le monde ouvrier paie la facture, n’est-ce-pas ainsi depuis la nuit des temps ? !
    Pourquoi donc ces messieurs se priveraient-ils ? ! Voyons !! Ils se protègent tous mutuellement !!!
    Nous vivons dans un monde où l’argent est roi, ou les termes productivité et rentabilité sont essentiels, bien évidemment nous ne pouvons repousser les limites éternellement, nous arrivons au terme de cette quête, la création de l’Europe ayant précipité les choses. En voulant combattre les Etats-Unis, nous nous sommes mis à mort…
    Paradoxe, nous savons que le modèle Américain est négatif, pourtant nous y allons.
    Je suis en accord avec vous lorsque vous dites qu’il y a de plus en plus de riches plus riche encore. Lorsqu’on y regarde de plus près souvent sur le dos du monde ouvrier, avec des conditions de travail honteuses.
    Mais plus aussi de pauvres, il est inconcevable de voir des travailleurs, ne pouvant se loger et se nourrir correctement.
    En définitif, je dirais qu’il entre beaucoup d’éléments dans cette crise, l’ouvrier lui-même y étant acteur, en voulant toujours plus.
    Notre mode de consommation n’y est pas non plus étranger, bien vivre à moindre coût, cela a bien évidemment des répercutions.
    Je dirais donc que nous sommes tous responsables !!

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      1. Los ricos solo piensan en el desarrollo sostenible de sus beneficios. Y esa es la crisis. O esa es la guerra. ¿Hay guerra? ¿Hay crisis? La autentica crisis es la del hombre que ha delegado todas sus decisiones y ya no sabe (?) decidir.

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      2. Non, effectivement Mr Galibert !
        C’est le petit peuple qui paie, avec cette fois-ci en plus du monde ouvrier, les cadres et le fonctionnariat.
        Le fond de l’histoire, il me semble, étant le profit toujours et encore.
        Comment en sortir ? Avez-vous une solution ? Sachant que ces gens là nous gouvernent…

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  8. Je pense que la crise est bien réelle. Si je prends le cas de la constrution en bâtiment, il y a un sérieux ralentissement. Et comme chacun le sait, quand le bâtiment va, tout va. Quand le bâtiment va mal, le reste suit. J’ajouterai toutefois, que l’on se sert de cette pseudo crise, pour nous “RINCER” encore davantage, et que cette dernière touche encore les plus démunis.
    Nos gouvernements nous prennent vraiment pour “des rigolos”.

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  9. Je vous perçois particulièrement révolté aujourd’hui, Monsieur Galibert. Hors de vos gonds, oserais-je même écrire. L’ascension, peut-être ? Soit, jouons le jeu…

    Si tant est que le concept de croissance soit pertinent en soi comme horizon social, est-il scientifiquement convaincant d’en faire l’étalon exclusif à l’aune duquel mesurer l’état d’une société ? Que sa sacralisation résulte de l’incompétence ou du sophisme revendiqué de ceux qui l’instrumentalisent, l’utilisation de ce concept n’est judicieuse qu’en rapport avec la satisfaction des besoins réels (càd fondamentaux) d’une société et de chacun de ses membres. Que sert de comparer, sans plus de détails, une croissance « généreuse » dans un pays où la majorité vit dans des cases en tôle et une croissance quasi nulle dans un pays hautement industrialisé où les i-ceci et les i-cela se succèdent à la vitesse de l’éclair ? La propagande médiatique est quotidienne, car une idéologie a survécu à toutes les autres. Le positionnement politique ne dépend plus que du cercle concentrique dans lequel se situer par rapport à cette idéologie. On pourrait appeler ça, par allégorie, un degré de gravité choisi : c’est la seule latitude que les personnages publics s’autorisent encore, étant entendu que personne n’échappe à la gravité. La gravité, c’est naturel, autant que le libéral-capitalisme se veut naturaliste…

    « Ce que l’on nomme la crise n’est que la longue et difficile réécriture qui sépare deux formes provisoires du monde », écrivait Madame Irma, charlatane de format, dans l’un de ses livres. Oui, il y a crise; non, il n’y a pas crise ! Il y a crise psychosociologique dès lors qu’il y a déni massif de la trame qui gouverne les sociétés, ainsi que des forces de changement (de quelque nature qu’elles soient) qui exercent sur elles leur emprise, donc des alternatives : « je crois que cette crise est singulièrement différente des crises précédentes. […] Pour la production de la totalité des biens de consommation nécessaires à la vie, seule une fraction de la main d’œuvre disponible devient indispensable. Or, dans ce type d’économie libérale, ce genre d’évidence détermine forcément un chômage », écrivait, quant à lui, Einstein, dont il est toujours bon de relire aussi les méditations sociales, même le lendemain du discours à la nation d’une momie britannique surannée au masque s’effritant, qu’un zeste de mauvaise foi personnelle sans doute mésipide a entendue proclamer peu ou prou, et avec faste s’il-vous-plaît : « produktive rechts, unproduktive links » !

    Il y a crise, donc, ou peut-être faudrait-il préférer à ce vocable celui de tension, une tension largement entretenue par des médias complaisants à la cause des forts, des journalistes vendus, entre le réel tel qu’ils nous le présentent, incontournable, implacable, totalitaire (en puissance), et tous les autres possibles donc nous percevons tous diffusément la « présence », mais qui apparaissent simultanément inaccessibles. Dans « 1984 », Orwell mettait explicitement en lumière (notamment par l’entremise des « deux minutes de la haine », mais aussi de manière plus générale) l’impact de la propagande (nous dirions la com’) sur la réalisation d’objectifs uniformes. Il évoquait d’ailleurs le « bon usage » de la propagande de crise : n’est-ce pas lorsque le fruit est pressé qu’il délivre le plus de jus ? Certes, au bout du compte, il est juste bon à jeter. Mais qu’importe : d’autres déjà, dans la nature morte, attendent. Mais soit, disons, pour la facilité, qu’il y a crise.

    Il y a crise dès lors que l’Etat ne se sent pas en mesure de dissocier son sort de celui du patronat, dans le discours et la stratégie duquel il se fond. Il y a crise dès lors que le politique est désemparé et s’interdit de penser. Or, en Europe et aux Etats-Unis, c’est bel et bien le cas : les scénarios répétés de blocage prolongé des institutions, ces deux dernières années, l’attestent. Il y a crise dès lors que le choix, en démocratie, est devenu un luxe : le louvoiement d’un certain président français, qui voudrait bien mais ne peut point, l’illustre à la perfection. Son regard hagard, sa voix hésitante, ses mouvements gauches et incertains, en constituent les manifestations extérieures. Il y a crise dans la mesure où la finance a été construite sur la base d’un château de cartes monolithique : la spéculation dépend de l’addition des petites épargnes et des crédits (ce dont le peuple ne prend pas suffisamment la mesure), mais l’inverse est vrai aussi, et c’est précisément cet inverse qui est inquiétant. Il y a crise dès lors qu’apparaissent liés le destin des petits (des moyens surtout) à celui des grands, et qu’il apparaît impossible de trier le bon grain de l’ivraie : employé et employeur, même combat ! PME et multinationales, même combat ! Epargnant modeste et fonds de pension, même combat ! Il y a crise, enfin, dès lors que l’individu est appelé tout entier à se laisser happer par un scénario systémique, en « vertu » duquel la notion de vie privée perd son sens : « je veux que vous sentiez l’Etat jusque dans vos couilles et vos ovaires », avait dit Chavez lors de l’un de ses fameux discours…

    Mais, à la fois, il n’y a pas crise. Il n’y a pas crise car des continents entiers, à des lieues du défaitisme qui caractérise à présent l’Occident, prospèrent au moyen de solutions mises au service de la satisfaction des besoins fondamentaux des humains, même si leur destin final est inextricablement lié au nôtre. Il n’y a pas crise si l’on interprète celle-ci comme une interruption du cours normal des choses sur laquelle l’homme n’a aucune prise car, contrairement à ce que des hypocrites affirment ici ou là, il y a coordination de mouvement. « Nous sommes au bord d’une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin, c’est d’une bonne crise majeure… et les nations accepteront le nouvel ordre mondial », fait-on dire à D. Rockefeller, qui aurait prononcé cette phrase en 1994, lors d’un dîner aux Nations-Unies. Que tel soit ou non la cas et quel que soit le détournement auquel celle-ci peut se prêter dans le chef de la seule frange extrémiste véritable de la société, il est un prisme fondamental à travers lequel la crise ou ce qui est supposé en faire office permet une lecture très objective : la tectonique virtuelle des plaques occidentales, dont le rapprochement toujours plus intime, qu’ambitionne, après la défaite patente de l’AMI, de concrétiser davantage encore le traité de libre-échange transatlantique, tout d’opacité et de prédominance consacrée du droit entrepreneurial sur toute considération sociale ou environnementale, devrait amener chacun à s’interroger sur la nécessité, pour les maîtres des deux bords, d’harmoniser leurs visions respectives de l’Etat… et de la Providence !

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      1. Nous sommes, sommes-nous. N’est-ce pas périlleux ?
        _____________________________________
        crise
        nom féminin (latin crisis, du grec krisis)

        – Brusque accès, forte manifestation d’un sentiment, d’un état d’esprit : une crise de larmes, de jalousie.
        – Familier. Enthousiasme soudain pour une action, brusque mouvement d’ardeur : il est pris d’une crise de rangement.
        – Moment très difficile dans la vie de quelqu’un, d’un groupe, dans le déroulement d’une activité, etc. ; période, situation marquée par un trouble profond : crise de conscience.
        – Rupture d’équilibre entre la production et la consommation, caractérisée par un affaiblissement de la demande, des faillites et le chômage.
        – Manifestation violente d’un état morbide, survenant en pleine santé apparente (crise d’appendicite, crise de goutte, crise d’épilepsie, crise de colique néphrétique, etc.).
        – Grave pénurie de quelque chose : crise du logement.
        – Familier. Hilarité générale, fou rire : quelle crise on s’est payée !

        http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/crise/20526?q=crise#20415

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  10. oui. mais pas pour tout le monde et pas avec le même degré de privation
    c’est d’ailleurs assez schizophrénique de passer du 10 E au 6 ou 7 E par exemple
    ou de Stella Plage au Touquet
    mais elle existe.

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      1. oui, mais ça n’est pas non plus la découverte de l’année
        ça a toujours été comme cela et pas qu’en France
        la vie est injuste (en positif ou négatif) en tout, c’est un fait.

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  11. Ne pourrait-on pas s’accorder? Si ces échanges existent, c’est qu’il y a crise.

    Imaginons que la crise économique soit un mensonge, alors la crise se définit par la découverte de ce mensonge. Les indicateurs sont au rouge : mais qui a dit, qui a la légitimité d’affirmer que les indicateurs sont les bons? S’ils sont là pour justifier une vision du monde, et non pour donner des faits que l’on analyse afin d’améliorer une situation, il y a crise. S’ils sont “justes”, il y a crise dans le sens où les politiques actuelles ne parviennent pas à les améliorer. Dans tous les cas, il y a crise. Pourrait-on dire qu’il y a crise car : un nombre d’agents représentant une majorité des agents considèrent que les moments sont difficiles à cause d’un déséquilibre profond? Je veux dire, que sans s’accorder sur la ‘nature’ de la crise, le fait que tout un chacun voit ‘une crise’ ne veut-il pas dire qu’il y a une crise de ‘confiance’? D’ailleurs, crise devrait peut-être toujours être associé à un qualificatif.

    Quoi qu’il en soit, la crise, pour moi, réside dans l’absence d’un projet commun, ou encore d’adhésion à un projet commun. Par exemple, il semble que le mouvement de fond qui anime les sociétés occidentales (Europe et Etats-Unis) soit de consacrer l’idéologie libérale (au sans libertaire). Je ne sais pas si c’est bon ou pas pour l’avenir de l’humanité. On pourrait en débattre des heures sans parvenir à s’accorder. Ce que je sais en revanche, c’est que je n’ai pas le choix. Que mon vote a perdu sa valeur. Qu’un ministre des finances issu d’une élection doit se soumettre aux exigences d’un commissaire ‘nommé’.
    Je ne me sens pas participer à un projet commun. Il me semble que la “crise” principale réside dans cet abandon du peuple par les entités qui règnent sur lui, mais aussi par lui-même.

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  12. Et quand bien même il y aurait “crise”, ça n’en serait pas une. Une crise induit une rupture, une poussée aiguë, puis une dissipation… Une difficulté durable ou une dégradation chronique (sur 30 à 40 ans) sont autre chose qu’une “crise”. Ensuite, bien sûr, tout dépend de l’échelle de temps ; la durée d’une vie n’est peut-être qu’un instant.

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  13. La crise existe parce que voulue et nous les gens du peuple nous nous sommes laisser embarquer dans le jeu des banques et des prêts pour avoir tout ce qu’il y a de nouveau ; Sauf que les banques maintenant nous tiennent et font de nous de marionnettes entre leurs mains ; Une loi imbécile nous oblige à avoir des comptes bancaires , mais ce n’est pas le peuple qui a choisi , c’est les politiques . Aujourd’hui , les banquiers
    sont devenus des apothicaires , ils nous vendent tout et n’importe quoi , téléphones , voitures , assurances etc etc . Ils ne font plus leur métier de banquier et quand nous voulons rencontrer un financier il nous faut attendre des jours voir des semaines ; Les banques aujourd’hui ferment les petits bureaux sous le prétexte fallacieux qu’ils ne sont pas rentables , ce qui, est faux , car c’est avec nous les petites gens qu’ils s’enrichissent en nous prenant un maximum de frais . c’est aussi la grosse erreur des dirigeants de la banque Postale qui n’est plus au plus près de ses clients , ni une banque familiale comme elle le prétend aujourd’hui dans son spot publicitaire . Que les banques fassent leur métier de banquier et financent les entreprises ce qu’elles ne font plus aujourd’hui , les assureurs les assurances , chacun son métier et il y aura des embauches et du travail pour beaucoup de monde , et surtout que l’on arr^te de payer grassement ces gens qui aujourd’hui par leurs pouvoirs disproportionnés font crever les économies des pays . Un bon coup de balais s’impose et que le peuple reprenne les pouvoirs qui lui sont dus sur les banques . Encore une chose , les banques n’ont pas besoin de sièges sociaux qui coutent des milliards pris sur nos comptes donc a la consommation cela ne fait pas avancer la société , mais la met encore plus dans la pauvreté .

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    1. Dommage que Mr Galibert ne réponde pas à votre brillante intervention. J’aurais tellement voulu lire sa réponse suite à votre commentaire.

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  14. Je découvre votre site, une réussite dans l’art de l’expression et de la réflexion
    Bravo – Christian Didier – Société des Amis de JJ Rousseau

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  15. Et si la “crise”, ou doit-on dire “les crises” était un signe avant-coureur d’un changement fondamental ? La fin du monde égonomique ? J’ai assisté samedi à Paris à un colloque durant les scientifiques présents (en majorité des physiciens) lancer un plaidoyer pour sortir du monde matérialiste…
    Il y a par ailleurs d’autre signes avant-coureurs qui vont dans un autre sens…
    Se pourrait-il que le sens de la “crise” serait plutôt le sens “Familier” de la définition ci-dessus :
    Le monde est)il pris d’une crise de “rangement” ?

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    1. C’est intéressant ce que vous écrivez. Sortir du monde matérialiste. Oui. Mais comment ? Crise de “rangement” rangement par le vide, ordonné, désordonné ou autre dont je ne connaîtrais pas encore le système D.

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  16. The crisis is real for poor people and how you wrote is against ordinary people. Rich guys feel nothing about it. Yes, crisis is alive and growing feed by milionaires. Sorry for my bad english,, but my french is worse 🙂

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    1. Your first sentence reminds me of a recent debate on TV between a former union representative within a tire company whose French subsidiary had been declared bankrupt despite the huge profit said company had made on a worldwide scale (Xavier Mathieu) and a modern day Machiavelli who was one of the many advisors of the liberal-conservative president of France at that time (Alain Minc). The latter prompted the former’s ire when he stated that the so-called crisis was actually “grotesquely psychological”. What we witnessed during that exchange of views was an utter opposition between the cynicism only an initiate in world affairs can allow himself and the legitimate feelings of one of the many modern day rejects of big business. Both angles, conditioned by the respective social statuses of the debaters, should actually give us a clearer picture of what is really going on…

      The irony of it all is that the extreme variant of liberalism that has submerged Europe after the fall of the Berlin wall was made possible to a large extent by the exploitation of Eastern Europe’s gullibility towards capitalism, after it had been freed from the Soviet demons. The “New Europe”, as the Empire’s former War Secretary Rumsfeld defined it since then (as opposed to the “old one”, of course) was used as a Trojan horse to shape Europe into a US compliant continent, minus the political might. The financial crisis of 2008 had the beneficial effect of demonstrating to all new EU member states (including Romania, and lately Slovenia), especially to their poor as well as to part of their middle class, boundless capitalism was anything but the new found heaven they had hoped for.

      There are two keys to making Europe as a whole a viable project (for its citizens) : one is solidarity between all poor, whether they live in Madrid, Paris, Berlin, Bucharest, Ljubljana or Vilnius. The other is solidarity between the lower and the middle class. To those who think the present “crisis” isn’t coming out of the blue, it seems clear it is precisely those (potential) solidarities the crisis strategy is trying to break…

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      1. Oui il y a Bouddha et nos croyances …
        Pour ma part , je pense qu’il voulait dire bien des choses y compris celles qui dépassent nos croyances bien souvent limitées 🙂

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  17. Oui et alors ? 30.000 euros par mois contre le smic, contre les familles à petits budgets etc…. Contre les banquiers qui ont le monopole ainsi que les bourses et qui au moindre dérapage vous bloque un pays et font du chantage. Voir l’exemple récent de Chypre. La crise se situe là dans ce déséquilibre évident de la gestion de tout un ensemble orchestré par les grandes richesses mondiales dont nous sommes devenus les ôtages. Avec l’euro + l’Europe + la dictature des banques, ne croyez- vous pas que lorsque vous faites vos courses, il n’y a pas comme un problème ? La dictature du gros patronat, la dictature des banques sur les PME afin de les étrangler dans leur expansion. La fermeture unilatérale et sans préavis des industries françaises, la mise sous cloche des agriculteurs. Et vous trouvez qu’il n’y a pas de crise ? L’avez-vous signalé chez Florange ou dans la sidérurgie des hauts fourneaux ? Et tout cela au nom toujours de la course effrénée vers le profit. Ne croyez-vous pas que de cette manière de fonctionner le monde va droit dans le mur ? Je ne suis pas devin. Pour moi oui il y a une crise qui me semble irréversible.
    Pourquoi dites-vous qu’il n’y a pas de crise ? Au niveau philosophique là sincèrement le budget est criant de vérité et ne fait pas de philosophie. Il pratique les 4 règles essentielles de la mathématique. Qu’en pense-vous ?
    Ps désolée je ne me suis pas relue

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    1. Vous parlez fort bien , et plusieurs fois de “dictature”, et vous avez raison.
      il n’y a pas de crise, au sens d’une fatalité économique impersonnelle
      qui s’imposerait à tous et ruinerait tout le monde.
      Il y a une pression, une série de décisions,
      prises par ceux qui ont le pouvoir
      à l’encontre de ceux qui travaillent,
      et doivent travailler plus, ou gagner moins,
      et tout accepter de peur de perdre leur emploi.
      Alors que la crise signifie “nul n’y est pour rien”,
      la dictature a un tyran, des chefs, et des commanditaires.
      Et personne ne peut penser qu’une dictature est une fatalité

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  18. Ben, comme il devient compliquer de payer la dette et de garder l’Euro tout en conservant le standard de vie de la population, j’appelle cela une crise (ou plutôt un conflit potentiel). Mais nos nouveaux maîtres s’emploient activement à baisser notre standard de vie pour ne pas altérer la valeur de leurs créances en Euros. Doit-on résister à la volonté de nos maîtres ou applaudir à tous les efforts qu’ils déploient ardemment sous nos yeux ?
    Si on joue au jeu du plus “greedy”, il est clair que le conflit va dégénérer. Ne serait-ce pas dommage de balayer ainsi les désirs de nos maîtres qui, eux, sont persuadés d’agir pour le maintien du statu quo (enfin juste un peu plus favorable pour eux) ?

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  19. La crise existe depuis que le pouvoir est corrompu, hummm… Il y a belle lurette de cela.
    En réalité, la clique qui tire les ficelles en arrière plan suit son plan initial, le nouvel ordre mondial en douce en créant diverses diversions aux peuples. Pendant ce temps, Monsanto par exemple, que ce dernier qui s’accapare nos droits, ils nous en ont passé une grosse rapide en hypocrites………
    Un peuple occupé et/ou apeuré se manipule facilement, quelques magouilles, de la télé-réalité de partout, censure dans les médias, déclenchement d’une simili crise sur un sujet visé et une division se crée à la satisfaction de l’expéditeur. Cela facilite la domination en laissant croire une démocratie, une justice et des services adéquats qui endorment même un mouton 😉
    S’il se réveille le mouton? Une Simili-crise et hop, on continue……
    Quand je parle de simili-crise, c’est sarcastique mais vue du tenancier des ficelles, cela doit sembler un simple dommage collatéral. Le jour où une vraie crise sera, à mon avis, les camps FEMA aux États-Unis, nous saurons si ce n’est que de la conspiration d’un esprit tordu ou de la vérité…
    Cela m’étonnerais presque…

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