La mer est-elle la mort ou bien l’éternité?

La forme de la mer, cette caresse absolue, est aussi compliquée que la totalité des roches, des parties immergées des coques de bateaux,  des plongeurs, animaux et algues qu’elle contient. Négativement, la forme de la mer est exactement aussi complexe que tout ce qui y  baigne. Seul l’air est aussi admirable par son art sans défaut d’épouser toute forme.

La mer enlace toute chose. On peut s’y plaire et si complaire, mais non y demeurer. Car y rester serait y rester.

La mer est la mort de tout bruit. Non qu’elle les couvre. Elle les absorberait plutôt, après les avoir dissuadés. La plage est comme un temple, où chacun comprend aussitôt qu’il doit se taire. Pourquoi l’expérience de l’infini comporte-t-elle aussi clairement un tel devoir de silence ? Peut-être parce que la mer serait la mort. Le bord de la mer, ce bord de l’infini, serait le bord de la mort.

Mais une mort toute douce, et choisie comme telle. Une mort apaisée, qui se sait tellement naturelle qu’elle est presque sereine.

Car où irions-nous pour mourir, si nous en avions le temps et le choix ? Au lieu peut-être où nous aurions dû vivre, en ce lieu où les infinis résument à grands traits notre condition. Au milieu des horizons infinis, me sentir une dernière fois cette anomalie minuscule mais verticale, et m’allonger, m’alanguir, en acceptant sereinement la grande règle de l’horizon.

La mer est la mort, mais la mort est l’infini, tout simplement, parce que rien ne s’isole durablement du rien. Tout finit par revenir au même. La mer m’apprend que la mort n’est rien que l’infini.

15 thoughts on “La mer est-elle la mort ou bien l’éternité?

  1. ERECTUS c’était beau mais SAPIENS SAPIENS pense trop qu’il pense. Il oublie d’oublier. Comme un poisson il oublie ce qu’il devait oublier. Se rappeler que “la mer sans arrêt roule ses galets” c’est grave c’est mortel Pour un poisson volant c’est vital d’oublier le fou chantant. Cette ritournelle de Charles nous laisse un espoir infini qui traine. Trenet trainera au delà de la mort car le fou ne meurt pas, il s’en va.

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  2. La mort ne peut être l’infini car elle n’est qu’un événement ponctuel qui survient donc à un moment donné… ce qui suit cet événement est peut-être l’infini mais s’interroger quant à la nature de ce qui suit la mort revient à s’interroger sur la nature d’un hypothétique Dieu qui reste inaccessible à toute confrontation raisonnable.

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  3. Pourquoi tout emmener à la mort ?
    La vie se vit, s’apprécie sur l’instant ! La vie est espoir !
    Sans vous juger, loin de là mon intention, je vous trouve bien noir Mr Galibert, s’en est interpellant. Je m’en questionne sur votre vision de la vie et comment vous pouvez avancer dans celle-ci en pensant de cette façon.

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  4. Il faut se méfier de la poétique. Certes, on peut s’y laisser prendre le temps d’une rêverie, s’y laisser dériver au gré des vents et courants, mais à la fin, il faut revenir sur la rive de l’existence. Autrement, on finit par chercher des îles mythiques qui n’existent que dans notre imaginaire. Or la mer est un désert. D’ailleurs, elle ne désaltère jamais ; qui boit de son eau, meurt.

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  5. Venimos de una placenta , si tenemos encuenta esto , no seria vulgar decir que el agua forma parte de nuestro Ser , nuestro cuerpo casi todo esta compuesto por agua , , nuestro er forma parte de un inmenso MAR.

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  6. Aah, l’homme et la mer… ta, ta, ta ! Est-il donné dans la même de se baigner deux fois ? Prude ou coriace, toujours elle se retire pour mieux revenir de sa caresse vous titiller. Elle invite, l’amante furtive, à se perdre en ses flots, mais à ne s’y perdre point trop. La dompter, dites-vous ? Elle a des sentiments subtils; ce n’est pas sans péril d’entreprendre le défi. Santiago a essayé, lui, s’enfonçant sur sa surface aussi loin qu’il le put. Il avait à l’esprit de percer son mystère, celui d’une certaine éternité sans doute. Rescapé de l’aventure, digne, droit, au moins autant que n’ont pu l’être les premiers conquérants des terres arides et des rudes paysages, c’est pourtant métamorphosé que le vieil homme, luttant contre lui-même, a vu voguer vers d’autres horizons la baleine blanche, sa proie. C’est que les flots ne se domestiquent pas, pas plus que la tempête, pour qui n’y est pas né. A intervalles réguliers bien plus que binaires, elle se répète, sincère, comme le son divin d’autant de vagues languissantes à la puissance décuplée dont seule la symbiose apporte la délivrance. Etre apaisé, est-ce être mort, Monsieur ?…

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  7. Pour l’être humain (peut-être pas dans le premier monde) la mer est terrible, l’obscurité, la tempête, la mort.

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  8. Pourquoi la mer serait-elle la mort ?
    C’est un sentiment primitif comme pour ceux qui ne savent pas nager.
    La mer, c’est plutôt la vie puisqu’elle est son origine. Il ne faut pas tout voir en noir sinon tout peut être mort… La montagne, la terre, etc… mais il vaut mieux pour apprécier la vie, considérer son coté positif et tenter de maitriser les risques de mort.
    Moi qui suis plongeur, s’immerger dans la mer c’est aller au-devant de la vie et la découvrir sous toutes ses formes !

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  9. Comme disait un sage:
    ayant bu des mers entières, nous restons tout étonnés que nos lèvres soient encore aussi sèches que des plages, et toujours cherchons la mer pour les y tremper sans voir que nos lèvres sont les plages et que nous sommes la mer.

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  10. Un autre sage a dit aussi
    « Celui qui recherche le monde est comme celui qui boit l’eau de mer. Plus il en boit et plus il est en proie à une soif qui mène à la mort » à votre choix très belle journée

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