Pourquoi y a-t-il toujours quelqu’un face à la mer ? Pourquoi partout ces chemins, ces jetées, ces digues, où les passants se croisent et longent, ou se contentent de s’asseoir ? Pourquoi tant de ferveur pour ces passages au bord de l’eau ?
C’est un appel de l’infini, sans doute, mais qui se contente du bord et de sa douce protection. Car le bord est plein de tact : il nous dispense la vue en nous dispensant de tout départ. La tempête elle-même se fait bonheur. Il offre les infinis comme un spectacle sans autre danger qu’imaginaire. On peut choisir le bord pour exister, car il est le plus sûr des infinis, le seul que nous sentons capable de survivre à tous les autres, comme un pur tracé qui nous exempterait de tout le reste.
Tout l’art du bord est d’être une extrémité qui s’exempte des deux mondes qu’il sépare. Le bord de l’eau n’est ni tout à fait la terre, ni tout à fait la mer. Il est le lieu par excellence du passant, ou mieux du promeneur : celui qui a compris que l’existence est un jeu, un pas de deux, un art de ne croire ni au monde ni à soi.
Exister : la tache est vaine, et proprement sans lieu, à moins de se faire passage, comme un flâneur sur une grève. Passons, soyons le temps au bord de l’eau, la trajectoire plus que lente, puissante, qui met tout en trajectoire. Soyons ce lent passé du temps, qui scinde les espaces. L’homme est le seul vivant capable de promenade, de figurer, sans intérêt, comme un temps pur. Soyons ce temps qui inspire tout autant qu’il expire. Suivons la sente qui s’absente de toutes les absences.
La suite de ce texte est à lire sur Remue.net:
…………………………………………….ou le funambule sur son fil………………………………………………………..
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La «réflexion» que vous avez entreprise à propos du bord me fait beaucoup de bien. Merci.
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C’est un texte très riche en questionnements….
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Merci pour le choix de cet extrait que j’ai beaucoup appréciée. Je ne c’est pas ou vous habitez , je suis à 20 km de la mer et j’aime beaucoup m’y balader, marcher les pieds dans l’eau , me laisser bercer par le flot des vagues … Ce que j’apprécie beaucoup marcher sur le remblai des Sables d’Olonne mais j’y vais rarement , le Port de la Rochelle … 🙂
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Pas le moment de s’y baigner ….
bonne soirée à tout le monde 😉
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El sol es una fogata
La luna un dólar de plata
La vida es un ruiseñor
La muerte un sueño profundo
El mar el llanto del mundo
Y Cristo el rey del amor
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Reblogged this on Escale de Trobodec and commented:
Un jour j’userai de ce texte pour une de mes pages ! Bonne route sur les sentiers littoraux et les rives, bon voyage sur la mer et ses vagues ML
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Si belles réflexions mais j’y ressens comme un non engagement… rester au bord, demeurer spectateur, ne pas participer….
Et si nous quittions le rivage, nous lancions au loin, là où il n’y a que l’horizon comme limite et il n’en est pas vraiment une.
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Magnifique texte.
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Texte magnifique, avec votre permission je vous cite sur mon blog !
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J’adore, la coulée des phrases de ce texte !
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Magnifique, je trouve dans vos mots un écho , une résonance…
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Bonjour Jean Paul et bonne année à tous .
Être au bord de la mer ou au bord de n’importe quoi est fait pour indiquer que plus loin il existe autre chose et donc nous oblige a traverser de l’autre coté pour découvrir ce qui est caché . En un mot c’est pour éveiller la curiosité et voir ce qu’il y à plus loin . Ainsi est l’homme toujours plus toujours plus loin
Bonne journée
Cordialement
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Bonjour.Superbe texte que je relirai avec ce regard rêveur du passant..cet infini vers l’horizon ..vers cet inconnu où chacun se cherche,chacun croit se trouver ce fil invisible qui relie quoi à qui? Un remous où tout s’enfuit et revient comme le ressac de la mer en faisant pétiller nos pensées comme du champagne lames de fond qui nous emporte vers l’infini déja fini…merci à vous 🙂
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Belle réflexion, très agréable à lire. Cela m’a surprise car j’ai travaillée récemment sur une exposition à la location qui s’intitule “Rivages Réinventés” et qui part en tournée à partir d’avril. Il y est question de rivages, de bord de mer, de berge de fleuve à travers des photos et des textes qui l’accompagnent. Votre texte illustre magnifiquement notre propos. Peut-être la croiserez-vous si vous fréquentez certains rivages …
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Merci Jean Paul de ce beau texte, je partage sur FB
Le bord est plein de tact : il nous dispense la vue en nous dispensant de tout départ me plonge dans une rêverie ouatée et moelleuse 🙂
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Somos tiempo finito que aspira al infinito… Sigo pensando que usted es un poeta, además de filósofo.El texto es precioso y ayuda a la reflexión.
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This piece reminded me of my poem:
http://tankawanka.wordpress.com/2013/01/12/after-reading-out-of-the-cradle-endlessly-rocking-by-walt-whitman/
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Les sentiers sont des limites, les limites sont abstraite, l’existence est-elle abstraite?
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L’abstraction cesse d’être une limite , si elle est tout ce que nous avons
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Vous êtes non seulement un philosophe mais aussi un poète.
Celui qui se dirige vers le bord fait preuve de curiosité. Celui qui y reste fait preuve de prudence et celui qui franchit le bord ? Quelle expérience de l’existence fait-il ?
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Je ne suis pas sûr
c’est une de mes questions
disons en suspens
qu’il y ait quoi que ce soit d’autre que le bord
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c’est de la musique ça “Suivons la sente qui s’absente de toutes les absences.”
Merci!
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After reading a few of your posts I am honored that it was you who “liked” my very first posting. There is a wealth of knowledge to be discovered in your philosophies. I am curious, are you a fellow fan of The Doors and their poet/philosopher frontman Jim Morrison?
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L’existence est- elle un sentier au bord de ma peau?
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Je découvre ce texte après clin d’oeil de votre part
Curieux de découvrir qui se cache dans le gravatar
Quelle heureuse découverte!
Je vous suivrai, sur Remue.net!
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Clin d’oeil aux chemins sur lesquels on marche, sur lesquels on existe, toujours entre deux frontières…
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Là où deux sentiers étrangers
Se rencontrent :
Un col
Massif du Toubkal, juin 2012
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