LE REEL EST A IMAGINER – – – – – – – – – – – – – – – – – – – -(Lire Balaert)

Voir, percevoir, concevoir : nous pensons trop que le réel ne se donne vraiment qu’à  cette perception « objective » ou « rationnelle » que nous prenons pour scientifique. Mais l’imagination n’est-elle pas un fait intérieur, un don d’altérité, un des rares passages que nous puissions emprunter vers les grains du réel ? J’ai beau croiser tant de gens chaque jour, j’ai beau savoir la dimension de l’univers, celle de l’atome, ou la manière dont on meurt de faim, je n’ai rien compris tant que je n’ai rien imaginé.

Voici pour en juger, un texte d’Ella Balaert, extrait du livre qu’elle vient de publier chez Belin, sur George Sand à Nohant, drames et mimodrames.

« la frontière est poreuse, entre le réel et l’imaginaire… J’ai vu des braves gens, et quand je dis braves, je veux dire pas peureux pour un sou, qui y croyaient, au sens où ils étaient sûrs d’avoir vu un fantôme, une lumière surnaturelle. Ils l’ont vu, c’est donc que le fait existe. Le fantôme n’est peut-être pas dans l’air, il est peut-être seulement dans l’œil qui le perçoit. Mais  le fait existe. Petite, je faisais souvent ces sortes de rêves éveillés. Les objets, même les gens se métamorphosaient sous mes yeux. Un frêne du jardin se faisait forêt, une amie une nymphe, un trait au sol une rivière, et j’y croyais comme le paysan croit au diable  parce qu’il le voit. Je voyais vraiment des choses apparaître, sur un papier, un pare-feu, la lune, n’importe quoi qui pouvait devenir une sorte d’écran. L’illusion se muait en réalité. C’étaient des visions enchanteresses, qui me racontaient des histoires pleines de fantaisie et d’imagination. Attention, je dis bien des visions,  pas des crises d’hallucinations, comme Musset et Chopin ont pu en avoir, et qui les laissaient malades. Moi, je n’étais pas malade.

– Non, bien sûr, mon vieux George, plaisante Balandard. Tu te vois double, dedans et dehors à la fois ; tu vois les dessins quitter leurs feuilles et devenir vivants, mais il n’y a rien là que de très normal.

– Absolument. Et si tu en doutes, c’est à toi qu’il manque une case, mon pauvre: celle de la quatrième dimension, l’imagination ! »

En savoir plus sur ce livre :  http://ellabalaert.wordpress.com/

32 thoughts on “LE REEL EST A IMAGINER – – – – – – – – – – – – – – – – – – – -(Lire Balaert)

  1. Un extrait très intéressant ! Même ceux qui disent ne pas avoir d’imagination, au final, en font preuve. L’imaginaire est le propre de l’être humain non ?

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      1. Si j’ai de l’imagination, je m’en méfie. j’aime explorer l’imaginaire des autres. Objectivité, subjectivité, nous tournons en rond et le monde est elliptique. Je suis poreux et je m’imbibe des visions qui s’imposent à moi, des frottements qui agacent ma peau et mes lèvres… J’imagine que nous sommes tous logés à même enseigne. Peut-être même que l’homme est le propre de l’imagination Peut-être aussi que l’imagination n’est rien, ne pèse rien sans l’amour de soi et des autres

        Gub

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      1. J’aime que la question soit posée. Que nous remettions en cause notre prétendu changement.

        Que nous ayons réussi ou non montre bien que nous aspirons à une évolution de notre condition première.

        L’action d’aller au-delà de la survie (simplement cueillir, chasser pour manger par exemple) est depuis bien longtemps amorcée grâce à notre imagination donc.
        Ainsi nous tendons vers un autre nous –au-delà du soi survivant-, parce que nous imaginons, nous rêvons de quelque chose de supérieur même si nous retombons dans la phase initiale.

        Un vrai « breakthrough » est nécessaire.
        Nous cherchons encore comment faire.
        Je gage sur notre réussite.

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  2. Je crois effectivement que l’imagination est absolument nècessaire au” savoir”….,si l’homme etait incapable d’imaginer,de se faire une image de ce qu’il voudrait être la réalité,il n’y aurait pas eu (entr’autre) ces inventions comme l’avion,le téléphone et d’autres plus simples ….Il a fallu que des personne imaginent celà et veuillent le “réaliser”….
    Sous un autre angle,ce que JE vois comme étant réel n’est peut-être pas ce que TU vois comme étant reel
    F.

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  3. C’est en effet très intéressant et, malheureusement, l’imagination n’est pas mise en valeur dans nos sociétés occidentales rationalisantes. Bien que je n’en ai que peu de connaissance, d’autres traditions culturelles telles que les pensées asiatiques ont bien plus su comprendre l’importance de cette faculté de l’esprit.
    Cependant, je ne pense pas qu’il faille voir en l’imagination une faculté disons mystique, c’est-à-dire que l’imagination est, à l’instar de la vision scientifique, limitée. Limitée en cela qu’elle ne donne à voir qu’une autre part de la réalité, un sens du vécu. L’imagination concoure à concevoir la réalité des choses en mouvement et dans leur vie intérieure (Cf. Bergson). Néanmoins, on ne peut pas vraiment dire qu’elle représente comme une quatrième dimension, car cet exemple de la quatrième dimension est bien une limite de l’imagination. L’imagination ne peut pas ni voir ni concevoir pareille idée. Car cette faculté s’inscrit dans la possibilité qu’a l’homme de connaître. Humain, donc inscrit dans une temporalité. Par là et c’est un autre exemple de limite à l’imagination, de grandes échelles de durée tels que des millénaires, le vivant dans l’intégralité de la durée de son évolution ou même l’âge de l’univers, ne se donne pas à voir par l’imagination. Ici l’imagination aurait bien plus tendance à tronquer ces réalités.
    La question est donc là et consiste à se poser la question des modalités de connaissance de ce genre de choses que sont le vivant, l’univers ou encore la durée, ce sur quoi d’ailleurs je travail.
    C’est en tout cas une mise en perspective très pertinente que tu fais là et qui amène à d’importantes réflexions philosophiques.

    Par ailleurs, cela fait un long moment que je cherche à prendre le temps de te lire sérieusement et c’est un plaisir d’y parvenir. A ce propos je me demande quel est ton parcours pour ce qui de la philosophie ? J’espère pouvoir accentuer davantage cette démarche d’intéressement et d’échange et pourquoi pas “lier” nos deux sites pour proposer à nos lecteurs une plus grandes variété de réflexions encore.

    Je te souhaite bonne continuation et merci pour cette référence à A. Balaert que je ne connaissait pas.

    Loac

    http://loacmateo.wordpress.com/

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  4. Très intéressante réflexion ! je me dis moi même souvent que toute chose pour exister doit d’abord être représenté dans mon cerveaux,”” reproduit à l’intérieur de moi le plus fidèlement possible””, pour que je puisse en jouir à l’extérieur.

    Oui, dans mon cerveau !!, la ou les sens et la chair se mélangent, car mes neurones forment un réseaux dont la forme dépend de mes expériences.

    Et moi même, en tant qu’ esprit impalpable dans ce corps de chair, ne suis je pas simplement un signal électrique , qui se balade comme un amas cohésif ,au milieu de ce réseaux.

    Raison pour laquelle je ferme les yeux, et je me balade partout ou mes sens ont captés un signal clair de l’extérieur, en, fait je me balade dans une représentation.

    Quoique nous fassions, pour tout se que nous manipulons, c’est d’abord sur sa représentation intérieur que nous nous appuyons, laquelle est un mécanisme automatique qui ne dépend pas de la volonté.

    Conclusion: Toute chose est belle et bien imaginaire en nous même pour exister, même en temps-réel (en direct), donc avec toujours une par de subjectivité.

    Mais la réalité Est elle imaginaire de façon intrinsèque ??, à l’évidence nous circulons tous dans un plan commun dont nous ne somme pas à l’origine, et qui est au sens large :
    – soit le début,
    – soit le berceaux de nous même ,
    – c’est se que nos cinéastes ont appelés dernièrement : MATRIX=MATRICE.

    LA VRAI REALITE.

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  5. L’imagination est un dessin animé qui danse dans le champ de la pensée. Dès qu’elle commence à tracer ses sillons, à semer les graines, les germes prennent formes dans l’habit du temps, pour flleurir à son rythme personnel avant de porter les fruits de la création

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  6. l’imagination est certainement l’un des outils de l’appréhension du réel mais elle n’est pas le seul et le réel est et restera, de fait, inaccessible aux sens, à l’entendement, donc… donc faire croire que l’imagination serait une porte de salut à une hypothétique faute originelle, un hypothétique monde meilleur, est une grossière manipulation, pour peu qu’on y réfléchisse tant soit peu. Mais c’est un bel instrument idéologique pour bouger les masses, où l’on voudrait qu’elles se meuvent. Le XXième siècle, et avant tout dans toute son horreur, en est un parfait exemple.

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  7. Votre réel est mon imaginaire, et mon réel est le votre.. nous avons chacun notre réel qui est l’imaginaire de l’autre.
    Rien n’est vraiment réel.. et rien n’est vraiment imaginaire..

    Si quelque chose est vert.. et si je n’aime pas le vert. Si je préfère le voir bleu.. je le verrai bleu. même si le bleu tend un peu vers le vert. c’est mon réel à moi, et je peux, à mon gré en faire ce que je veux… et pour vous, qui le verrez vert, ce ne sera qu’un imaginaire de plus. Vous pourrez toujours vous dire : ça donnerait quoi en bleu ?? et vous l’imaginerez. mais ce ne sera pas réel.
    Quand on voit quelque chose, on ne le voit pas uniquement avec les cônes et les bâtonnets.. le trajet entre l’image et la vue.. (et même la compréhension de la vue est longue.). et sur ce trajet, il y a quelque chose comme la mémoire, l’âme et le coeur.. tout peut être transformé.. et sans que pour cela on soit complètement débile.. simplement un peu rêveur peut être.

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      1. Mais non !!! il existe puisque je viens d’en parler tout au long de l’après midi, et à plusieurs reprises !!
        ça alors !!!

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      2. ne pensez vous pas qu’il est ici, le pourquoi de vos doutes quant-à l’existence de Dieu ?? simplement parce qu’il semblerait que pour vous, le réel doit forcément être palpable..

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