Pour marcher hors du monde, il y a la pluie

Voyez comme, dans la pluie, tout est nuage.

La brume estompe tout contour.

Chaque goutte en sa chute

fait trembler la lumière

et floute mon regard.

On y longe le flou.

Le ciel est effacé,

Rien n’est à

distance.

L’eau,

qui git au sol,

qui ruisselle parfois,

est sans rapport avec la pluie.

La pluie est un tremblé de la lumière.

Un bougé tout léger sur le masque des choses.

Comment pourrait-on marcher sans penser lorsque la pluie,

inlassable en sa grisure, efface une à une toutes les choses du monde ?

 

 

 

36 thoughts on “Pour marcher hors du monde, il y a la pluie

  1. Vous savez ici ce sont les éléments qui nous commande et non, l’histoire que l’Europe porte en son sol, son sein, dans ses entrailles. Les guerres qui résonnent encore jusqu’aux plus petits villages. Aucun monument au mort ici. Des cimetières bien ordinaires.

    Ici, ce qui nous aspirent ce sont le ciel et la terre, écartelés nous sommes. Des forces très violentes, brutes, une forme primitive de vie. Les québécois sont obsédés par la météo, nous avons même un poste de télé, dédié à cela.

    Quand je lis ce texte, je m’y retrouve beaucoup plus que si vous me causiez d’histoires, de politiques internationales. Je m’y retrouve car vous causez musique à ma cervelle, vous causez mouvements. La pluie c’est un rythme qui endort, qui engloutie la réalité. C’est une forme de sommeil paradoxale qui favorise le rêve.

    C’est un peu cela la rencontre. Pas vraiment entre les gens mêmes mais à travers les idées et les choses.

    Magnifique texte. Merci.

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  2. Quelle classe !
    Là où ton poème est fort, c’est sa musicalité. On ne comprendrait pas un traitre mot de français que la magie resterait intacte.
    Je suis admiratif 😉

    Stéph.

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  3. elle les efface ou elle les nettoie ??
    superbe diptyque.. qu’y a-t-il de l’autre côté, quand tout est nettoyé ?… ou masqué.. ou effacé ??
    les yeux sont peut être trop pleins d’eau légèrement salée, et ont du mal à distinguer..
    il faut simplement essayer d’ôter le masque.. pour découvrir ce qu’il y a derrière le miroir……

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      1. Je suis intimement convaincue qu’il y a derrière le miroir.. simplement on a du mal à voir. Parce que le flou vient du tremblé de lumière, parce qu’il n’efface pas les choses, mais les masque en les nettoyant, et parce que toutes les gouttes se rassemblent sur le sol.. en flaque, en ruisseau..et qu’elles ont toujours un contact avec les cieux.. parce que le ciel n’est pas effacé.. il est juste embrumé.. parce que les nuages se retrouvent dans les eaux et que l’écume finit par se retrouver dans les cieux..
        Il y a toujours quelque chose derrière le miroir. simplement nos yeux ne parviennent pas à voir.

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  4. Si la lluvia borra el contorno de las cosas, solo queda la intuición del poeta para descubrir la esencia de lo que nos rodea, los árboles, las calles y el contorno de la amada que la bruma que emerge del agua no podrá borrar jamás.
    Mi estimado Jean Paul Galibert, aunque el obstáculo del idioma hace difícil la comprensión, los sentimientos que la palabra impresa conlleva es clara y acorta distancias en este mundo del ciberg. Mis saludos y Felicitaciones por tu página y mis agradecimientos por tu visita a mi casa en http://www.poesiasur.cl

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  5. J’ADORE
    [Je vais essayer en français, avec des erreurs et de l’aide automatique]

    Une véritable frontière
    relie le ciel et la terre.
    Une frontière emphatique et claire
    entre l’eau et de lumière diffuse,
    cache sous nos yeux
    que rien ne nous sépare.

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  6. C’est superbe et la présentation du poême et sa dynamique renforce l’idée. C’est à se demander si la forme n’est pas parfois aussi utile que le fond.

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