INEXISTENCE 2 : Il n’y aurait plus d’objet.

La chose est livrée par segment : ce sont ces doses à jamais incomplètes que nous nommons des objets. Ce sont des doses de choses.

Il n’y aurait que des doses par unité de temps, des parts-temps, des partants. Notre âge serait celui de la partance. Nos objets seraient des partants.

Car lorsque tout est temps, tout s’échange en permanence, mais sous la loi d’airain d’une ponction perpétuelle. Ma vie perd ses instants. Tout tend à se réduire au plus spectaculaire, qui est en même temps le plus rentable : le temps que je passe à imaginer devant mes écrans.

Nous nous abonnons aux choses. L’objet devient le numéro d’une série, à jamais incomplète, puisque sa seule fonction est, comme ferait une armée, d’occuper mon temps. Comme Atlas, je porte sur mon dos le monde imaginaire. Mais je dois aussi le payer de mon temps. Payer les objets et les objets de mes objets. Payer plusieurs fois l’appareil par achats de piles plus coûteuses que l’appareil. Miracles des consommables : rendre la marchandise consommatrice d’autres marchandises. L’homme pourrait travailler pour que les marchandises consomment.

Et si le monde était déjà parti ?

48 thoughts on “INEXISTENCE 2 : Il n’y aurait plus d’objet.

  1. Les marchandises nous consomment-elles nature, ou en sauce? piquante ou non? froide (comme la viande que nous devenons sous leurs crocs) ou chaude? pardon de ce trait d’humour noir, mais qui ne cesse de prendre au sérieux votre si suggestif (comme toujours) article…

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    1. Il n’a pas de nom
      cet engloutissement
      par lequel les choses
      nous consommeraient.

      Nul ne sait si les choses
      nous trouvent à leur goût.
      Et d’ailleurs qui sait
      le goût des choses?

      Tout ce que je sais,
      c’est qu’il n’y a rien
      à perdre
      à leur donner
      la parole,
      à les supposer
      pensantes
      Comme une perspective de gargouille
      sur le reste du monde

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      1. Pourquoi faudrait il que l’objet soir forcément “réel” ?? et si l’objet même était virtuel ??
        et là, ça devient : on fait abstraction totale de tout ce qui est matériel et on arrive à l’objet.. j’entends objet virtuel..

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  2. Bonjour Jean-Paul

    ‘Et si le monde était déjà parti?’
    et nous avec le monde puisque nous sommes le monde, indivisible, et infini à l’infini comme le temps

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      1. on peut passer sa vie à chercher qui on est.. sans ne jamais vraiment trouver. l’important est la recherche.. elle n’est pas simple.. et la solution de facilité, c’est simplement de ne pas chercher, afin de ne pas être déçu…….

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  3. bien sur que le monde est déjà parti…le monde s’achète lui aussi, se consomme, et la consommation du monde entraîne d’autres consommations…Aujourd’hui, nous voyageons dans tous les pays du monde, on achète des îles, des terres, puis on consomme, pour meubler les maisons, pour rapporter en souvenir une part du monde…

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      1. c’est ça le plus drôle, c’est qu’on ne sait pas, et qu’on le cherche! qu’on courent après toute notre vie, sans jamais le trouver, parce qu’il n’est pas…il est dans l’idée que l’on s’en fait, dans nos pensées, dans l’utopie d’un grand tout qui serrait au-delà de la consommation, au delà des choses, justement.

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  4. ” Miracles des consommables : rendre la marchandise consommatrice d’autres marchandises “. En effet… une des clés de la réussite de divers marchands…

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  5. et si le “plus” devenait le “pas” alors ce serait le néant.. le vide absolu.. que cependant on peut faire exister virtuellement.. par simple manipulation de masse…….
    pire encore.. on peut utiliser ce vide ce néant ce “du rien” pour s’enrichir..
    on vend on achète
    Ce n’est pas que la chose ne soit plus !! c’est qu’elle n’a jamais été et ne sera sans doute jamais, mais cet d’objet on vient juste de le faire exister par son absence : on est bien en train de parler d’une chose qui n’a pas existé qui n’existera jamais, mais à qui on a quand même donné un nom !! il faut le faire quand même non ?? et de plus, on peut, le cas échéant le négocier..
    ici, on n’est plus dans la non existence on a fait exister le néant.. et ainsi, le “du rien” est devenu “du quelque chose”…..

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      1. je ne sais pas où chercher ces “tags”.. puis-je avoir un lien vers le néant ?? ou vers le “rien” d’ailleurs ?? ou encore vers “ces choses”.. ??

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          1. Je n’ai pas trouvé le néant, ni le rien.. par contre, j’aperçois : “le temps ne passe pas”.. “le piège à temps”.. “savez vous faire du temps?” rhoooo!!!! j’aime.. je reviendrai en fin de tournée.. faut du temps pour lire tout cela..
            une notion qui me tient à coeur.. je n’avais lu que les billets.. pas tout ce qu’il y a autour !!!

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  6. Au Fil du Temps , l’Esprit est Clair ,
    Plus d’une Foi se perd en ce Temple ,
    L’Objet en Cour fait nul Miracle ,
    L’Idée de Génie réside en Lampes ,
    Vendeurs de Vents , Masques Ephémères ,
    On Espère une Lumière , sans être Bon Réceptacle.
    ~
    NéO~

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  7. J’ai un peu divagué en repensant à vos derniers articles :

    Nous consommons le jour
    Nous consommons l’air
    Nous consommons l’eau
    Nous consommons le blé
    Nous consommons la nuit
    Nous consommons l’amour
    Nous consommons le bien
    Nous consommons le mal
    Nous consommons le beau
    Nous consommons le vrai

    Dans quel sens consommons-nous le sens de ce monde ?

    Nous consommons les cons
    Nous consommons les sots
    Nous consommons les monts

    (et aimons)

    Que ne consommons-nous pas ?

    Nous consommons le verbe-même
    Et nous nous consommons nous-mêmes
    Consommons le reflet de notre propre fuite
    Pareils au jeune chiot qui se divertit en
    Cherchant à consommer son propre terme

    Le temps est long et nous consomme lentement
    Nous fils du temps qui nous nous effilons
    Et consommons l’espace pour passer le temps

    Le Christ lui-même est un sacré consommateur
    N’a-t-il pas dit que « tout est consommé »
    Dans l’immense fast-food de notre monde moderne
    C’est à ce moment-là
    que tout a commencé

    Et c’est très bien comme ça

    Consommons
    et aimons :

    « Consommons-nous les uns les autres »

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