Tout homme sait que la pensée est le malheur auquel nul homme ne peut renoncer. Or c’est cela, le temps, cette naissance intérieure des possibles que l’on nomme la pensée. Car aussitôt, tout le reste est possible, depuis le simple refus jusqu’à l’insurrection. C’est la révolte qui révèle l’ordre établi comme politique, c’est-à-dire temporel. Jusque là il se prenait pour l’ordre éternel et immuable qui englobe sans changement le passé, le présent et l’avenir, puisqu’il n’est que la durée sans changement d’un présent perpétué. Le temps ne passe jamais sans quelque provocation. S’il s’obstine, il faut une révolution.
D’un coup d’un seul, le neuf, qu’il soit révolte ou création, révèle le pouvoir comme ce qu’il a toujours été : ce qui capte la durée de nos existences, la thésaurise contre nous. Ce grand prestidigitateur, ce multiplicateur de boites à prodiges, en est à nous vendre notre propre existence. Car nous vivons d’écrans, d’une vie quasiment imaginaire. Or c’est nous qui imaginons, et encore nous qui achetons tout ce qu’il nous fait miroiter. J’imagine en payant l’existence que j’ai perdue en travaillant. La vente de mon existence me rapporte de quoi en acheter l’image. Jamais on n’aura autant voulu perdre sa réalité.
Très intéressant et très pertinent. La pensée : plusieurs vies en quelques instants.
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Le sens commun du temps, cet espèce de défilé d’instants
successifs, sans lien, ni épaisseur, sans infini
est un des plus beaux déni de pensée.
Les paradoxes ici ouvrent
d’autres voies
enfin
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Nous vivons d’écrans, d’une vie quasiment imaginaire, dites-vous, et surtout nous vivons dans un nouvel espace – l’espace virtuel de l’Internet –, qui double, en tout cas multiplie en quelques sortes les zones à parcourir. Or le temps, hélas, lui, n’est pas extensible. Comment dés lors parcourir un espace plus vaste en disposant d’un temps non extensible ? En augmentant sa propre vitesse. C’est à dire en étant plus superficiel (la manie de zapper vient aussi de là). On peut aussi choisir de ne pas augmenter l’espace à parcourir (au moyen du corps ou de la pensée), mais c’est un choix difficile, peu réaliste de nos jours. Cet état de chose modifie sans doute notre rapport au monde, et aux autres.
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tout à fait, à tel point que l’on peut
se demander si le monde lui-même
n’est pas devenu imaginaire
Avons-nous un autre monde?
Y a-t’il encore un monde
en dehors de l’écran?
ou bien n’y voyons-
nous plus déjà
que l’ombre
de notre
écran?
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La clé est peut-être dans le fait de choisir quelques “plans de réalités” et de s’y tenir, de ne pas succomber à l’appel d’autres espaces (imaginés ou non). C’est difficile car les sirènes sont habiles et le large tentant. Dilemme de l’hyperchoix.
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Le labyrinthe pour sortir de l’écran?
J’avoue que l’impossible me tente…
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L’écran est le miroir infidèle d’un monde d’imaginaires.
Aussi un miroir à faces multiples et désunies où nous ne savons plus où nous situer.
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On casse?
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oui on casse…et pourtant je me situe toujours bien ici comme immobile dans le présent.
Mais rien n’est impossible et aussi tout est impossible.
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Cela mérite une élucidation…
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Le piège à temps, c’est au travail, on nous dit qu’il faut se dépêcher, qu’il faut finir tel travail pour telle heure. Ce qui fait que l’on a toujours l’oeil sur la montre… Dans un autre sens, si on se laisse aller à penser à autre chose, on perd une bonne demi-heure. Voici ma vision, mon commentaire pour ce piège à temps. Bonne soirée.
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Et chez soi…?
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“Tout homme sait que la pensée est le malheur auquel nul homme ne peut renoncer.”
Je connais plein de personnes qui ont renoncé à la pensée (et à tout le reste d’ailleurs aussi), c’est cela qui fait le malheur et c’est dans cette durée d’absence à soi-même que le temps pose un piège, non?
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Le moindre souci fait penser
les végétaux sont sans souci
Penser, d’abord, c’est plus
souffrir que concevoir
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Je ne pense pas aux soucis, je n’appelle pas cela penser mais se ronger. Les végétaux ne sont pas sans souci et sans pensée, il suffit de les observer pour s’en rendre compte.
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Mais connaissent-ils le vide?
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Je ne sais pas s’ils (les végétaux) connaissent le vide. Peut-on vraiment connaître ce qu’on ne rencontre pas? Est-ce nécessaire de connaître le vide pour élaborer une pensée? J’ai soulevé dans un article, il y a quelques jours, cette phrase de Hubert Reeves: “Nous choisissons nous-mêmes les critères du palmarès et nous nous plaçons au sommet”. Il parlait des possibilités de l’existence ou non, d’autres formes d’intelligences, de vies au-delà de celles que nous avons observées sur notre planète. Nous avons tendance en effet à nous placer au sommet de la pyramide de l’évolution des espèces….
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une anomalie,
ce n’est pas un sommet
juste une souffrance
une vacuité
Une manière d’être
qui fait que la mort
ne concerne
que nous
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Si l’imaginaire est au rendez-vous sur le net, pourquoi pas, mais ce qui j’y vois et justement un manque flagrant d’imaginaire en général, bien que nous ayons la possibilité de plonger, nous copions en général notre réalité. Copier-Coller. C’est comme le début de la photographie. Les gens étaient si fascinés par le médium, qu’ils ne se contentaient que de fixer le réel. La photo artistique est arrivée après bref, j’observe ce genre de comportement partout et je trouve l’humain vachement fascinant dans son non désir de changer. Cette résistance au mouvement me fascine.
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Voila! C’est cela, le présent:
notre immobilisme
notre routine
L’effort
que nous faisons
pour ne pas créer…
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Nous ne pouvons créer que par la volonté de le faire et surtout de pouvoir le faire. Cherchons l’ombre où est la lumière et découvrons dans l’ombre la lumière.j’avance avec esperance.même si je ne suis rien :Je suis! et, mon petit rien vous parle…Le mot routine m’insupporte.
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le petit rien se rebiffe?
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Non ce petit rien est lucide il garde les pieds sur terre mais,sans regarder les étoiles il s’éteint et il devient ce néant rempli de tant de choses dans ce monstrueux labyrinthe de vos pensées positivement négatives?
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Positivement négatives,
c’est fort bien dit
mais un monstrueux labyrinthe…
Pourquoi pas, au fond?
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Parce-que au fond de ce puits tu y trouveras ou j’y trouverai qu’il y a encore quelque chose.et je le trouverai! un défi oui! 🙂
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Je tiens le pari…
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Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir et pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre un bon dicton Monsieur le labyrinthe Le pari? Je peux dire : défi à un labyrinthe ? Et,bien oui je prends cette liberté. de vous défier..non pas de parier mais de défier j’insiste..il vous faut jouer le jeu..(vous savez comme je suis légère …)
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soit.
Quel est le jeu?
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Sourire. Vos contradictions dans les certitudes et les incertitudes font qu’au fond de votre labyrinthe je vous ferez sortir.Et oui! ce petit rien encore rien et tout.
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au plaisir, donc…
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Bonjour et sourire.Déclarer le rien signale le tout.
En fait c’est vous qui êtes le labyrinthe où rejoignant les autres vous trouvez votre chemin Rassurant n’est-ce pas?Vous êtes le chef d’orchestre mais,prenez garde ..Il y a l’orgueuil qui endurcit et pervertit le scepticisme.Idées éparses semées et,,ce tout qui n’est que fiction…
Chaque époque s’attaque à élucider son moi par des analyses hors,les traits de caractère,les habitudes entrent dans l’image donnée.Finalement ce labyrinthe où vous vous perdez quelques fois vous permet de (un peu) mieux vous comprendre ..Fuir cette desepérante solitude où comme des fantômes d’autres rejoignent votre chemin..je suis une fourmi et sourire beaucoup plus lente.
Bien à vous.
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