Connaissez-vous le bonheur absolu?

Pour savoir si on est heureux, il suffit de poser cette question : à supposer qu’on ait le choix intégral du lieu, du temps, de la compagnie, de l’action et du contexte, préférerions-nous demeurer là où nous sommes, à faire exactement ce que nous sommes en train de faire ? Répondre oui, c’est être heureux. Car on ne peut concevoir de bonheur plus grand que de préférer son présent à tous les plaisirs imaginables.

Tel est donc le bonheur absolu : l’état dans lequel rien de ce que nous pouvons désirer ne nous semble préférable à ce que nous vivons.

Et paradoxalement, le bonheur absolu est ce que nous connaissons toujours, notre état permanent. Il ne nous semble imaginaire que parce qu’il est réel, toujours réel. Réel en permanence. Car si nous étions si malheureux de ce que nous sommes, de ce que nous vivons, n’aurions nous pas depuis longtemps choisi d’être et de vivre autre chose? J’ai choisi tout ce que je vis, et, que je m’en réjouisse ou que je le déplore, j’en suis heureux. J’ai toujours la possibilité de partir, un pied devant l’autre sans explication ni adieu. Et toujours cette liberté majeure, indestructible, de me détruire. La simple possibilité du suicide me force à admettre que je suis toujours heureux, quoi que je vive, du simple fait que j’ai préféré vivre cela que mourir. Le bonheur absolu se réfugie parfois dans le moindre mal, mais il est permanent: nous sommes toujours très heureux.

La question du bonheur se simplifie encore: il suffit de demander au malheureux s’il s’est déjà donné la mort. S’il dit non , il est heureux. Que chacun fasse l’expérience, autant qu’il voudra: elle prouvera toujours que notre bonheur est absolu.

37 thoughts on “Connaissez-vous le bonheur absolu?

  1. Nos désirs c’est là que réside le bonheur absolu, donc à fortiori étrangers au présent. Dans le présent de ce bonheur absolu se demander quel désir nous “manque” le plus – de nouvelles réalisations, rencontres, projets … un bonheur dans le mouvement, pas l’inertie du présent.

    Le bonheur ne serait-il pas d’être l’éternel insatisfait?

    Une très belle année 2012 à vous, toute en mouvement et en bonheurs 😉

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    1. Qu’avoir, si le bonheur est un manque?
      Définissez le par la souffrance,
      et vous souffrirez
      toujours

      à
      moins
      que souffrir,
      précisément, soit ici
      le thème, comme le but que l’on vise…
      Mais alors reconnaissez que vous êtes déjà heureux…

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  2. Tout ça pour moi!(Extrait de mon livre “Rêveries des cabanons et des vignes” Tous droits réservés.)

    Des vignes d’été éclatantes de soleil
    une plage d’hiver au calme sans pareil
    l’enfant de septembre qui me tend les bras
    des bleuets de printemps qui se dressent pour moi.
    Tout ça pour moi? Tout ça pour moi!

    Un nuage accroché au sommet du Coudon
    une serre remplie de légumes si bon
    ton sourire le soir qui m’accueille
    une rose de velours née pour que je la cueille.
    Tout ça pour moi? Tout ça pour moi!

    Et tant pis pour mon corps et sa douleur
    pour la perte des aimés et les pleurs
    si j’ai su à temps profiter de leurs cœurs
    si j’ai su cultiver les instants de bonheur.
    Je connais la vie et sa vraie valeur.

    Un lézard qui dore son corps au soleil
    une soirée entre amis sans pareille
    un bébé tout rose dans mes bras
    et de l’amour, de l’amour! Tout ça pour moi.
    Tout ça pour moi? Tout ça pour moi!

    Un chemin qui mène aux rêves comme un don
    une voile, un bateau qui partent pour de bon
    une terre sauvage où je me recueille
    une mer si lisse, douce et sans écueil.
    Tout ça pour moi? Tout ça pour moi!

    Et pour goûter ton sel j’accepte de tout cœur
    les chagrins qui nous plient de douleur
    tout, ton bien, ton mal, tout sans rancœur
    et même la mort qui nous fait si peur!
    Toi, la vie, je te connais et je sais ta valeur.

    Arlette Béal. http://www.arlettebeal.wordpress.com
    Et BONNE ANNEE pour tous.

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              1. chemin de la vie Demain, puis demain, puis demain
                Les jours à petit pas glissent de l’un à l’autre
                Jusqu’à la dernière syllabe du registre du temps;
                Et tous nos hiers ont éclairé pour des fous
                Le chemin de la mort poudreuse.
                Eteins-toi courte flamme!

                La vie n’est qu’une ombre en marche, un pauvre acteur
                Qui se pavane et se démène une heure durant sur la scène.
                Et puis qu’on n’entend plus: c’est un récit
                Dit par un idiot, plein de bruit et de fureur.
                Et qui ne signifie rien.
                :
                (William Shakespeare)

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  3. Il existe bien des états intermédiaires à ceux du bonheur absolu, tous ceux qui nous autorisent le désir d’un meilleur, tous ceux qui nous poussent vers l’avenir, tous ceux qui nous incitent à regarder en arrière, tous ceux qui nous offrent ces états suspendus, indéfinis et qui n’aspirent à aucun mot, à aucune science. Rien ne goûte mieux que le présent certes, mais cela n’a rien d’absolu.

    Il arrive que la seconde se ferme, que le monde s’éteigne. Il arrive que vous ne l’ayez pas vraiment choisi ce présent et qu’il vous dévore en dévorant toutes vos perspectives de fuites ou vos aspirations à un réel bonheur. Il arrive que le présent soit d’une horreur absolue et qu’on ne puisse même plus le balayer d’un geste de la pensée.

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  4. Je dirais pour ma part que le bonheur absolu est une quête utopique et bien heureusement, car c’est justement le fait qu’il soit inaccessible qui le rend si désirable. Atteindre le bonheur absolu doit rester une recherche de chaque instant de la vie. Il y a des petits bonheurs comme de grands bonheurs. L’échelle est très personnelle. Mais surtout chacun à son propre secret du bonheur…
    Chaque jour j’essaye de me trouver des petits bonheurs qui me rendent la vie plus belle et douce, et lorsqu’en plus ils sont partagés cela les rendent encore plus magiques.

    Bonne fêtes de fins d’années…. Je vous souhaite beaucoup de bonheurs….

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  5. Oui, pour répondre au titre .
    J’aime bien cet article mais pourquoi se poser la question si on sait qu’on est heureux ? Ça veut dire que les gens ne savent pas qu’ils le sont, et en effet ils ne le sont pas puisqu’ils ignorent qu’ils le sont.
    Feliz año 🙂

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  6. C’est si vrai ! C’est nous, nous qui avons (un jour, une fois …) voulu (et accepter de) vivre ce que nous allions vivre. Ce qui ne détermine par ailleurs en rien la manière dont nous allons vivre cela dans l'”expérience”. Être heureux, malheureux, vivre toutes ces émotions différentes, se reconnaître dans les miroirs de toutes ces facettes dans l’infini des possibles : c’est vraiment cela que nous voulions (et avons accepter) et voulons aujourd’hui mener à bien. Au prix de notre vie, en effet !

    Aimons et vivons notre vie comme le héros des contes qui est prêt à tout endurer et à qui rien n’est impossible.

    Bonne année, mes meilleurs voeux à vous et à tous les lecteurs

    Merci pour cette belle expression d’une riche et fertile pensée si incisive, nous renvoyant sans cesse au rien, le vrai fondement du monde et de nous-mêmes.

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  7. Le bonheur, n’est ce pas de regarder et d’apprécier l’instant, au lieu d’envier un futur?
    Combien le cherche alors qu’il est là?
    Je me pose une question à cet instant. Si l’on me demandait ce que j’aimerai ajouter à ma vie, mais qu’il faille que je retire une chose de mon existence, je ne vois pas qu’elle pourrait être la chose qui vaille ce troc. Ca doit vouloir dire que ce que j’ai vaut plus que ce que je n’ai pas ou que ce que je n’ai pas ne vaut pas plus que ce que j’ai…
    J’ai le sourire au réveil, en me couchant, et ça, je veux le garder.

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  8. Il faut aussi reconnaître qu’il n’y a pas de différence entre le bonheur, et se sentir heureux ce que les humains ont tendance á ne pas comprendre…
    Le bonheur, si nous l’acceptons est dans toutes nos vies, á portée de notre volonté tout simplement…

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  9. Très belle réflexion sur le bonheur. J’ajouterais que le bonheur est un choix et qu’il se cultive. Pour moi, il passe aussi par la liberté.

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  10. Très belle réflexion sur le bonheur !
    Que l’homme soit fait pour le bonheur nous le savons tous. Le bonheur est l’état naturel de l’homme, la preuve quand il est heureux il ne se pose pas de questions, alors que lorsqu’il est malheureux il se demande pourquoi.
    Ton texte me fait penser à cette citation soufi ” Lorsque le cœur pleure sur ce qu’il a perdu, L’esprit s’émerveille de ce qu’il a trouvé.”
    Nos conditions actuelles si mauvaises soient-elles nous rendent inconsciemment heureux car elles sont exactement celles qui nous font grandir, progresser, nous enrichir spirituellement et l’âme y trouve toujours son bonheur.
    N’envions pas le bonheur d’autrui, il ne nous serait d’aucune utilité.

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  11. J’avais écrit ce truc ironique en guise de vœux de nouvelle année (qu’au passage, je vous souhaite très bonne !) :

    “Qu’une pluie d’innombrables malheurs s’abatte sur vous
    Et vous aide à goûter véritablement
    d’intenses phases de bonheur”

    Tout ça pour dire que le bonheur le plus absolu est très relatif : sans l’expérience d’un grand malheur, il nous est inaccessible. Enfin, je crois : bon an, mal an – et vice versa.

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  12. Je ne me suis jamais demandée si je souhaitais un bonheur ou même quoique ce soit d'”absolu”. J’ai toujours le sentiment que l’absolu n’est pas une donnée humainement accessible car il suppose une forme d’accomplissement ou de perfection que notre humanité ne nous permettra jamais d’atteindre. Le mot absolument finit immanquablement par m’évoquer une forme de perfection qui ne peut s’établir que dans le vide et le silence, hors de l’humanité…

    Je préfère un million de bonheurs bien réels à un seul absolu qui ne me satisfera jamais.

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      1. Initialement je pensais à un paysage glacé immense et magnifique. Mais ce n’est pas le vide absolu.

        A la réflexion, le vide et le silence absolus m’évoquent plutôt la mort ou la séparation de la conscience et du corps…je trouve la perspective plutôt effrayante en fait.

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  13. Il est en effet plus positif de considérer le vide comme un commencement plutôt qu’un aboutissement. C’est un peu comme le verre à moitié vide ou à moitié plein finalement 🙂

    Voilà en tout cas une pensée réconfortante pour démarrer la nouvelle année merci !

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