Un choix, est-ce une liberté qui meurt, en passant de trois ou quatre possibles, à un seul, celui qu’elle aura choisi ? Ou bien y a-t-il dans tout choix une autre solution que les possibles entre lesquels on laisse le choix, et qui permettrait de refuser le principe même du choix, l’exclusivité des possibles, qui est mortifère pour la liberté ? Est-il toujours possible de faire le choix de ne pas choisir ? Faut-il rêver d’une sorte d’hésitation perpétuelle ? Faut-il privilégier des choix qui laissent ensuite un maximum de choix ? Faut-il choisir de différer le choix, le remettre à plus tard ? Ou bien y a-t-il à sortir du cadre du choix ?
La ludique soutient qu’il est toujours possible d’avoir une Idée, d’inventer une solution non prévue, qui bouscule les positions mêmes des scénarios, et qui permet de conserver intacte la liberté que l’on a tenté de capturer, de scinder et de convaincre de s’automutiler. Il y a toujours une autre possibilité. Une possibilité toute autre que celles entre lesquelles on hésite, à laquelle il suffit de penser. Il y a toujours mieux à faire que choisir: il faut faire une Idée.
Car est toujours possible de choisir tout; c’est cela une Idée. Au pied de l’arbre, la fourmi tente l’escalade, quitte à se fatiguer, et à n’être jamais que sur l’une des branches. L’araignée préfère tendre sa toile, en attendant qu’un insecte passe entre les branches de l’arbre. Mais il y a toujours une troisième solution, une solution tout autre: celle qui résout tout et qu’on n’envisage même pas, parce qu’elle est impossible. C’est une Idée, et on la reconnaît immédiatement, puisqu’elle est aussi absurde que parfaite. Ici l’Idée n’est pas de monter à l’arbre, ni d’attendre en bas, mais de devenir l’arbre.
Une Idée, cela ne s’invente pas, cela se trouve. Car c’est toujours déjà réel : il y a longtemps que, tout ailleurs, chacun des problèmes est déjà résolu. Il suffit de trouver, quelque part dans le réel, l’Impossible que l’on cherche. En fait le sentiment d’impossibilité est tel que chacun renonce aussitôt à chercher dans le réel ce qui est impossible. Or, pour peu que l’on suspende cet interdit, ce découragement ou cette paresse, on trouve vite et sans peine ce que l’on cherche.
Vite et sans peine, je ne crois pas (ou je suis une mauvaise pratiquante :), mais cela vaut absolument …la peine qu’on se donne pour cela !
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Sincèrement, avez-vous déjà essayé de mesurer la vitesse d’une idée?
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Sincèrement,je pensais plutôt au préalable même à l’idée…cela va de la fulgurance à la maturation lente,…en tout cas chez moi ,qui ne suis pas philosophe 🙂 🙂 🙂
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Je ne sais pas si c’est du philosophe
qu’il faut attendre le plus d’idées:
s’il les fait lui-même, il est comme l’artiste;
mais s’il se contente d’expliquer celles des autres…
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oui suspendons les interdits….se liberer des conditionements…
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Je ne suis pas sûr d’avoir dit celà…
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Il y a une différence?
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Celle entre avoir rien et être tout
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Avoir une idée est peut-être hardi, certains se targuent d’en avoir plusieurs et parfois même beaucoup…Il est difficile de ne pas le reconnaitre lorsqu’on les croise au détour d’une contradiction virulente…ou pas.
Bien entendu le postulat “idée” s’oppose à l’acte de penser supposant l’articulation de tout mouvement; l’idée est un moment de la pétrification ou de la chosification de “ce qui vient”, sa mise aux arrêts sine die. Les idées sont parfois éblouissantes, se déclinent en produits réifiés plus ou moins interchangeables plus ou moins neufs….
Il nous est venu à l’esprit de relayer cette réflexion sur nos pages avec comme perspectives celles d’un débat sur la question ainsi posée.
Bien cordialement,
Steph.
http://nosotros.incontrolados.over-blog.com
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Ton idée statue me pétrifie.
l’idée n’est pas sa propre prison, mais sa propre naissance.
L’idée n’est idée qu’à l’état naissant, comme l’idée en cinéma de Deleuze,
très proche au fond de l’image poétique chère aux surréalistes,
que Lorca définit comme “un saut équestre de l’imagination.
Une idée, c’est un pont, une connexion, un trait d’esprit.
C’est bien plus proche du vent que de la pierre,
sauf peut-être la statue… du danseur!
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Il nétait question dans mon commentaire que d’opposer une “forme arrêtée” à celle du “mouvement” que suppose l’acte de “penser” en rageant aussi les idées, comme les pensées inertes et maigres au sens de Prévert au rang des entraves que nous rencontrons partout…
Ce point de vue au départ aura été mal compris et perdu …dans le vent de la matinée .
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Mais n’était-ce pas là le texte perdu, puis retrouvé et publié? Je m’y perds un peu…
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Oupssss!!!j’avais oublié de joindre le “link”:
http://nosotros.incontrolados.over-blog.com/article-preferez-vous-etre-enferme-dans-un-choix-ou-avoir-une-idee-j-p-galibert-92055411.html
Steph.
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Un grand merci pour le lien, et aussi pour tout le reste, en un mot, d’exister.
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N’y a-t-il pas dans la posture le moyen de persévérer dans l’élection, et ce en intégrant à soi la contrainte? En tant que l’arbre est son principe, ne peut-on dire de lui qu’il tire sa génération d’une manière d’être de la contrainte, que sa manière d’être spécifique lui est inaliénable en ce qu’elle est une réponse: un engagement tiré de la nature pour sa propre nature?
En ce sens, l’idée ne pourrait être détachée de toute contrainte, même si la contrainte était factice comme on provoque la rencontre: en vue d’autre chose. Car c’est seulement en tant que l’altérité nous dévoile une finalité non congruente de la nôtre, comme la prédiction d’une annihilation, que les idées prennent leur nécessité.
Si les idées sont toujours déjà réelles, au creux de l’évidence, alors la disjonction a son sens, car elle permet de véhiculer le scandale. Si les idées s’élaborent comme le déploiement d’une casuistique toujours personnelle, sans cesse renouvelée, alors la disjonction a de même son sens, en tant qu’elle est le symptôme et la génération d’un manque.
C’est cela même que nous appelons, d’opinion commune, devenir adulte.
..
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Je suis d’accord avec tout ce que je comprends;
J’aime beaucoup votre sens des mots
et votre première phrase.
<si nous étions sur Interlude,
je vous proposerais presque
de faire le même texte
avec deux fois
moins de mots;
les pépites de votre texte ne demandent qu'à briller:
par exemple
"persévérer dans l'élection en intêgrant la contrainte: telle est la posture"
ou bien à la Spinoza:
"J'entends par posture ce qui persévére dans l'élection en intêgrant la contrainte"
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Bonsoir J.P
Tu dois avoir dans ta boite un autre commentaire assez fourni que j’ai posté sous ce billet, juste avant mon “Oupppsssss”…
Lequel commentaire bien que confirmé en souscription n’apparait pas…Dommage….Une contrib’ passée à la trappe????
Il n’y a pas mort d’homme ou de quoique ce soit….
Je réfléchirai peut-être seulement peu avant de me faire “attraper” de nouveau….
Cordialement.
Steph
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Je n’ai reçu que le oups!
Pourrais-tu me renvoyer le billet perdu?
Merci et à bientôt
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Hélas non: je n’en avais pas fait de copie….De plus il était je l’avoue peut-être un peu long…
Dès que j’aurai un moment, dans la journée peut-être, j’en ferai un résumé…
Ah oui, au fait:
Bonjour.
Steph
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C’est bon: j’ai retrouvé le billet:
le voici publié; désolé!
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finalement rien n’apparaît! je n’y comprends rien ,
je croyais pourtant l’avoir publié, mais j’ai fait ça trop vite ce matin.
Si tu l’as encore, peux-tu me le renvoyer? Désolé pour ce bugg:
il n’y aura jamais de censure entre nous
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Naturellement(?) je te retourne avec sincérité l’amabilité.
Steph.
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Mourir pour des idées, l’idée est excellente
Moi j’ai failli mourir de ne l’avoir pas eu
Car tous ceux qui l’avaient, multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus
Ils ont su me convaincre et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois
Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente,
D’accord, mais de mort lente
[…]
Des idées réclamant le fameux sacrifice
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
Et la question se pose aux victimes novices
Mourir pour des idées, c’est bien beau mais lesquelles ?
Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau
Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau
Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente
D’accord, mais de mort lente
[…]
O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!
La vie est à peu près leur seul luxe ici bas
Car, enfin, la Camarde est assez vigilante
Elle n’a pas besoin qu’on lui tienne la faux
Plus de danse macabre autour des échafauds!
Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente
D’accord, mais de mort lente
G.Brassens
“Mourir pour des idées”,
Ouvrir son choix à la fermeté de leurs
Idéaux
Est-ce idiot ?
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Mais qu’avez-vous contre les idées, Brassens et vous?
Comme si les idées envoyaient à la mort!
(C’est trop gentil pour les chefs)
et l’idée de désobéir, alors?
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Peut-être avons-nous quelques difficultés et mésententes concernant l’angle d’attaque…Ce qui resterait à préciser si je ne m’amuse…?
Héhéhéhé
S
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Moi qui vous croyais d’accord
sur les idées mortes
et mortifères…
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Bonsoir monsieur Galibert,
pourriez-vous, plutôt oseriez-vous – cela semble équivalent-
nous donner un exemple?
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tout choix comporte
ou cache
d’autres, de tout autres solutions.
Un simple exemple ici, ne prouverait rien.
il faut en faire l’expérience.
Mais si vous en doutez,
essayez de trouver un choix
sans autre possible…
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J’ai traduit votre article, presque tout (j’ai coupé l’ allégorie de la fourmie et l’araignée). Si vous voulez, je vous en prie de le prendre.
http://miradadepat.wordpress.com/2013/06/19/prefieres-estar-encerrado-en-una-eleccion-o-tener-una-idea/
Un abrazo,
Patricia
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Grand merci! C’est en ligne…
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Impossible de ne pas choisir ?! Chaque acte nous impose un choix mécanique et inconscient : se lever, marcher, manger, parler ou pas… Comment sortir de la mécanique si on n’en fait pas le choix et s’il ne nous vient jamais l’idée d’agir autrement. Un exemple étonnant comme cette femme qui a d’ailleurs écrit un livre : elle a décidé de passer un an de sa vie au lit au grand dam de son mari et de ses enfants. Et c’est étonnant comme toute la vie de cette famille s’est ré-organiser face à ce choix imposé et personnel ! Comme quoi rien n’est impossible il suffit d’avoir une idée et d’être assez déterminé ou convaincu pour en faire un choix. Le reste s’articule autour.
évidemment chaque application d’une idée implique des choix mais si nous n’avons pas d’idée nous agissons quand même par des choix que je nommerai mécaniques inconscients. Réflexe, éducation, habitude, flemme ? Le terme de choix est inhérent à notre condition d’humain. Même dans ce qui nous est imposé malheureusement dans les cas extrêmes…
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j’aimerais être une algue…
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ça tombe très bien, en un sens, vous en êtes une.
Et même surement une algue d’algues…
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