Je suis un jeu

Suis-je un “je” qui joue des rôles, ou bien suis le jeu même de ces rôles? Que suis-je d’autre, au fond, que ce glissement perpétuel, ce profilé, ce défilé, ce jeu de mutations? Suis-je changeant, ou suis-je le changement lui-même? Le moi n’est pas un sujet, un support, une substance stable et immuable, sur laquelle défilerait mes rôles, mes états et mes humeurs: je ne suis rien d’autre que leur changement même, celui qui, n’étant rien en soi, peut les être tous, un à un, ou tous ensemble.

Que gagnons-nous à nous penser de lasorte, comme des essences fuyantes? La liberté, l’avenir, tout l’intérêt du jeu. Si j’ai pour je un jeu, rien n’est joué.
Jamais rien n’est gagné ni perdu d’avance. Même pas moi-même.
Je suis le moi-non-même, qui n’a pour moi qu’un jeu de mois.
L’unicité du sujet est celle d’un jeu unifiant le multiple. On devrait dire : « jeu pense ».
(Extraits Invitations philosophiques à la pensée du rien, Léo Scheer, 2004, pour le 2ème paragraphe, texte nouveau pour le 1er).

4 thoughts on “Je suis un jeu

  1. Votre “suis-je un jeu” m’emballe, “le moi n’est pas un sujet”…
    alors, j’ai viens de commander vos “Invitations philosophiques à la pensée du rien”.
    Bonne soirée.

    Like

  2. Merci pour votre “je” car il est est toute la réalité du “je”. Chaque “je” est un monde en soi, et quand le “je” passe au degré du “nous”, nous sommes “un”…

    Like

  3. “Je: cette apparition mince et floue, qui figure en tête de la plupart de nos phrases. ”
    Francis Ponge
    C’est pour ça que nous sommes là, ici, dans nos blogues, pour nous, moi, je….
    Merci pour votre visite, je suis riche d’un site intelligent de plus, le votre.
    Cordialement François

    Like

votre réponse: