L’image est un double néant

Nul ne peut boire d’eau d’Evian. Point de doute pourtant que la bouteille ne soit pleine d’eau, et qu’elle ne soit toute d’Evian. Hélas, tant qu’il demeure intact, ce bloc de pure transparence ne s’impose comme une évidence qu’en se dérobant à l’expérience. Certes, je peux fort bien jouir de l’image, et demeurer à jamais hébété dans la contemplation de la marchandise inentamée, mais non pas boire sans retirer l’eau de la bouteille. Fatale séparation : l’eau bénie n’est jamais qu’un peu d’eau, tandis que la bouteille vide ne forme plus qu’un déchet. La simple ouverture de l’emballage tue la chose : d’un côté la matière et de l’autre le nom. Je ne puis consommer heureux qu’en fantasmant leur lien, quitte à digérer la matière au milieu des déchets.

One thought on “L’image est un double néant

  1. Je consomme heureux l’eau d’Evian car elle est bonne pour ma santé et me fait du bien. C’est un fait indéniable. Quand à la matière plastique, ce n’est que de la matière transformée et retransformable et réutilisable. Encore une nouvelle porte ouverte enfoncée Mr Galibert. Je m’excuse de vous le faire remarquer.

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